Le co-créateur d’Ikar et Steve Severin, René Follet est décédé. Le dessinateur belge était un très grand nom du 9e art et un immense illustrateur. Ses albums et ses superbes peintures resteront dans nos mémoires.
Avant Tintin et Spirou
Né le 10 avril 1931 à Bruxelles, René Follet fut un pilier des journaux de Spirou et de Tintin. Avant cette carrière riche et longue de plus de soixante ans, il suit des études dans un collège de jésuites de Saint-Michel de la capitale belge. Il rencontre Hergé, le créateur du reporter à la houppette, par l’entremise de l’un des enseignants de cet établissement.
Son tout premier travail d’illustrateur, René Follet l’effectue à 15 ans pour une agence de publicité. Il réalise une soixantaine de chromos pour illustrer le roman de Stevenson, L’île au trésor. Il poursuit par des dessins pour le magazine OK ou Plein jeu, une revue des scouts belges.
Les belles histoires de l’Oncle Paul et Les Zingari
Juste après guerre, en 1949, René Follet entre chez Spirou et Tintin. Il découvre ce monde de la bande dessinée. Il signe ses premiers travaux du pseudo Ref, puis utilise son véritable nom.
Pour le journal Spirou et Dupuis, il illustre plusieurs Histoires vraies de l’Oncle Paul et met en image SOS bagarreur avec Maurice Tillieux (1968). Plus tard, il débute la série Les Zingari avec Yvan Delporte en 1987 dans le Journal de Mickey.
René Follet : un travailleur de l’ombre
René Follet est appelé à l’aide par Mitacq pour l’aider sur les crayonnés de Jacques Le Gall à partir de 1963. Pour William Vance, il réalise des recherches, des croquis et des crayonnés pour ses séries Bruno Brazil, Bruce J. Walker et Marshall Blueberry.
Méconnu du grand public, René Follet était pourtant un très grand dessinateur et un immense illustrateur. Il peut laisser éclater son talent à partir des années 1970.
Ikar, le petit prince barbare
En plus de nombreuses illustrations de couverture pour des romans, notamment celles de Bob Morane et de Jean Ray, René Follet met en image Ivan Zourine sur un scénario de Jacques Stoquart (à aprtir de 1979), Steve Severin avec Yvan Delporte (1981-1982), deux volumes de Jean Valhardi (1984), Edmund Bell avec Jacques Stoquart ou Daddy avec Loup Durand.
Il est enfin reconnu (Prix Tournesol) avec Ikar, la série scénarisée par Pierre Makyo, éditée par Glénat. Cette histoire de science-fiction aux accents écologistes mettait en scène le fils d’un empereur, véritable espoir dans un monde en guerre.
Des dernières années intenses
Les années 2000-2010 signent le retour en force de René Follet. Il multiplie les projets pour lesquels il met son talent au service de grands auteurs.
Christophe de Ponfilly lui propose L’étoile du soldat en 2007, André-Paul Duchâteau Terreur aux éditions Le Lombard et Rodolphe Le pirate intérieur en 2013.
Ses deux derniers albums sont bouleversants : Plus fort que la haine avec Pascal Bresson et Les voyages d’Ulysse, un superbe hommage d’Emmanuel Lepage au maître en 2016 (Grand prix de la critique ACBD).
On notera aussi ses nombreux clins d’œils illustrés pour les grands auteurs et séries. Ces peintures sont merveilleuses (Spirou, Broussaille ou Blake et Mortimer, voir ci-contre).
Âgé de 88 ans, René Follet laisse une trace importante dans l’univers de la bande dessinée mondiale. Une carrière discrète mais ô combien riche et passionnante.