Masashi Kishimoto et Mikio Ikemoto : conférence de presse Boruto

Ce sont les 24 et 25 septembre que Masashi Kishimoto, auteur de Naruto, et Mikio Ikemoto, auteur de Boruto, nous ont fait l’honneur de leur présence pour un week-end 100% Naruto à l’occasion de la sortie du premier volume de Boruto Two Blue Vortex.

Nous avons eu la chance de participer à la conférence de presse qui se tenait le samedi 24 en compagnie de journalistes, d’influenceurs et des deux auteurs.

Bien que timides sur le début de la conférence, Masashi Kishimoto et Mikio Ikemoto développent au fur et à mesure une certaine complicité dans les réponses aux questions.

 

 

 

Naruto a éduqué la vie de jeunes enfants français et est l’un des mangas les plus vendus depuis longtemps. Vous rendez-vous compte de l’Amour que porte la France à votre œuvre ?

Masashi Kishimoto – Je ne le sais pas moi-même. Je ne m’en rends pas bien compte. J’ai écrit ce que j’avais au fond de moi et j’ai la sensation que le public m’a compris.

Monsieur Ikemoto, à l’origine vous étiez assistant sur Naruto et maintenant vous travaillez sur le manga Boruto. Messieurs, comment avez-vous vécu cette transition entre les œuvres ?

Mikio Ikemoto – En effet, j’ai été l’assistant de Monsieur Kishimoto sur Naruto. Je dessinais principalement les arrière-plans. Pour Boruto, il s’agit de mon propre manga donc le travail est tout autre.

Lors d’une interview se déroulant lors de l’évènement KONOHA EXPERIENCE au Grand Rex le dimanche 25 Août, Mikio Ikemoto avouera avoir dessiné pas loin de 1200 clones pour la série Naruto.

Masashi Kishimoto – Pour Boruto je trouve que je me suis amélioré en dessin.

De quel personnage de l’univers de Naruto vous sentez-vous le plus proche et pourquoi ?

Masashi Kishimoto – Personnellement, je me sens proche de Naruto. En premier, j’ai sans doute l’air un peu otaku et fragile, mais au fond de moi je suis espiègle et turbulent.

Mikio Ikemoto – De mon côté, je me sens proche de Boruto de par sa situation. Il a un super père. J’avance comme ce personnage, même au travers de mon dessin.

 

 

Le manga Boruto s’ouvre sur une scène avancée avant de passer sur un très long flashback. Pouvez-vous nous raconter pourquoi ce choix de teaser, ce duel fratricide ?

Mikio Ikemoto – C’est une idée de Monsieur Kishimoto. Initialement, nous devions commencer le manga comme dans le film, mais monsieur Kishimoto a demandé de commencer le manga avec des personnages plus adultes.

Masashi Kishimoto – Fondamentalement, je n’ai pas beaucoup réfléchi. J’ai réalisé ce choix pour augmenter l’accroche du titre. Je n’avais aucune idée précise de la suite de l’histoire. Lorsque j’écrivais Naruto, j’avais un rythme hebdomadaire donc dès que j’avais une idée, je l’appliquais.

Vos protagonistes sont rarement totalement mauvais finalement. Ils ont très souvent un passif qui explique le résultat. Pensez-vous que l’on puisse être mauvais sans raison ?

Masashi Kishimoto – One Piece faisait déjà des méchants super-méchants. Je voulais faire apparaitre des méchants avec une histoire. Cela explique leurs actes. Il faut savoir que le manga est une industrie où il faut perpétuellement faire des choses différentes.

Mikio Ikemoto – Pour Boruto, il fallait éviter de faire comme Naruto d’où la présence des méchants purement méchants.

Monsieur Ikemoto, Dans Two Blue Vortex, vos protagonistes ont mûri. Comment avez-vous travaillé cela dans votre dessin ?

Mikio Ikemoto – Par rapport à la partie enfance, il n’y a pas de différence notable sur ma manière de travailler.

En dehors de Naruto et Boruto, existe-t-il des livres, des films qui ont changé votre façon de voir le monde ?

Masashi Kishimoto – Je vais surtout citer des films que j’ai vus lorsque j’étais enfant. Il y a Star Wars de George Lucas, L’Histoire sans fin de Wolfgang Petersen ou encore Retour vers le futur de Robert Zemeckis. En livre, il y a Cours, Melos ! d’Osamu Dazai qui m’a beaucoup inspiré pour Naruto. En animé, il y a Akira de Katsuhiro Otomo, Ghost in the Shell de Masamune Shirow et Dragon Ball d’Akira Toriyama. Les auteurs qui m’influencent sont Moebius, Taiyo Matsumoto et Katsuhiro Otomo.

Mikio Ikemoto – J’ai été influencé par la saga des Matrix dans ma manière de dessiner. J’ai beaucoup puisé sur le premier film de la saga pour la partie enfance de Boruto. En manga, c’est évidemment Dragon Ball qui m’a le plus influencé.

Quels sont les designs de personnage que vous préférez de l’autre ?

Masashi Kishimoto – Sarada en jeune femme. Elle est sexy et je ne pourrais jamais la dessiner.

Mikio Ikemoto – En tant que personnage, je suis très fan de Jiraya. Pour le design, il s’agit de Madara ou de Kakashi. Rien qu’en les voyant, on remarque qu’il ne s’agit pas de personnages ordinaires.

 

 

La relation maître-élève est très présente dans Naruto et Boruto, même lorsque l’on sort du système éducatif shinobi. Pensez-vous que l’on doit forcément passer par ce système de tutorat ?

Masashi Kishimoto – Je pense que c’est très important. Aujourd’hui, je pense que l’élève (il évoque ici Mikio Ikemoto- NDLR) a dépassé le maître.

Mikio Ikemoto – Je trouve cela important car de vieilles générations transmettent aux nouvelles. C’est un thème universel qui dépasse même le manga.

Quel est le meilleur conseil que vous avez pu avoir durant votre carrière ?

Masashi Kishimoto – Dans mon cas, j’en ai deux en tête. Le premier est de mon éditeur attitré de l’époque qui m’a envoyé une lettre car je manquais de confiance en moi. Il m’a écrit : « Tu as du talent. ». Ses paroles ont été fortes en moi. Le second vient de mon père. Je me plaignais beaucoup auprès de lui et il m’a dit : « Si tu fais ce que tu aimes, ne te plains pas. ».

Mikio Ikemoto – Pour ma part, il s’agit de monsieur Kishimoto. Ce ne sont pas des paroles, mais bel et bien le fait de voir le maître en action pendant les 15 années de publication de Naruto. Il y a aussi l’éditeur de Dragon Ball qui m’a dit qu’il fallait attirer le lectorat à n’importe quel moment avec mon dessin.

Monsieur Ikemoto, il y a une véritable volonté d’utiliser du noir plutôt que des nuances de gris dans vos travaux. Parlez-nous en.

Mikio Ikemoto – Peut-être que mon caractère joue car j’aime bien que les choses soient noires et blanches. J’ai aussi la flemme de faire des trames.

 

Pensez-vous davantage aux mangas à l’international et à ce que cela suscite ?

Masashi Kishimoto – Fondamentalement, je ne fais pas attention à l’international. Cependant, pour l’adaptation animée, je conseille des animateurs particuliers.

Mikio Ikemoto – J’ai conscience qu’il y a des fans à l’international. J’ai l’information bien en tête quand je dessine.

Selon vous, qu’est-ce qu’un bon manga ?

Masashi Kishimoto – Un manga intéressant.

Mikio Ikemoto – Difficile de répondre… un manga intéressant ?

Monsieur Kishimoto, auriez-vous aimé creuser davantage un personnage ?

Masashi Kishimoto – J’aurais aimé creuser le personnage de Sakura. Comme je suis un homme, il m’est difficile d’imaginer le cœur d’une femme.

Comment avez-vous imaginé cette méthode d’entraînement dans laquelle Naruto récupère l’expérience de ses clones pour augmenter sa puissance ?

Masashi Kishimoto – Tout a commencé car je trouvais l’idée bonne. En fait, en tant que mangaka, si je me démultipliais cela serait beaucoup plus simple pour travailler. Tout vient de là.

Pourquoi Naruto est un héros si attachant qu’il plaît 25 ans après sa création et 10 ans après la fin de sa série ?

Masashi Kishimoto – Beaucoup de personnes peuvent s’identifier au personnage. C’est parce qu’on a de l’empathie pour lui qu’il marque autant.

Mikio Ikemoto – Moi je pense que c’est parce qu’il est imparfait.

 

 

La série Boruto par rapport à Naruto est bimensuelle. Quelles sont les différences sur le travail et la narration ?

Masashi Kishimoto – Je n’ai que l’expérience de l’hebdomadaire donc cela me paraît bien plus cool en mensuel.

Mikio Ikemoto – Cela reste très difficile même en mensuel. Je réalise que la publication hebdomadaire me serait impossible.

Comment travaillez-vous ensemble ?

Masashi Kishimoto – Dans le cas de Boruto, je n’ai écrit que légèrement les grandes lignes de l’histoire. C’est monsieur Ikemoto qui s’occupe de tout le reste.

Mikio Ikemoto – C’est vrai qu’au début monsieur Kishimoto travaillait dessus. Maintenant, l’histoire est à un stade tellement avancé que je concerte mon éditeur chaque mois pour réaliser le chapitre qui va sortir. Monsieur Kishimoto ne se doute jamais de ce qu’il y aura dans le prochain chapitre.

La série est entrée dans une phase plus sérieuse avec Two Blue Vortex, comment est venue cette idée de faire de Boruto un renégat ?

Mikio Ikemoto – Boruto n’est pas vraiment un traitre. Au début, il vivait une situation opposée à celle de Naruto. Il avait des amis, une situation. Ce qui lui faisait défaut était l’absence de son père. Il n’avait pas spécifiquement de raisons de se dépasser. Mais comme c’est le personnage principal, il fallait le faire entrer en action. Kawaki était un personnage bien plus proche de Naruto, de par sa situation. C’est son lien avec Boruto qui permet à l’histoire d’avancer.

Masashi Kishimoto – Dans Naruto, il y avait la dualité entre Naruto Uzumaki et Sasuke Uchiwa. Je me suis toujours demandé ce que cela donnerait si les rôles avaient été inversés. Je retrouve cela dans la relation qu’entretiennent Kawaki et Boruto.*

 

Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Masashi Kishimoto – Le monde du manga japonais est dur, mais plein de jeunes auteurs arrivent. Je pense que le manga va encore se développer. Les auteurs et le Jump ont encore beaucoup à offrir.

Mikio Ikemoto – Même si le manga est un milieu dur, je vais continuer de réaliser des œuvres car j’aime cela et j’espère que vous serez au rendez-vous.

 

 

 

*Lors de leur passage à la KONOHA EXPRIENCE, Masashi Kishimoto, qui n’était pas sorti du Japon depuis 2015, et Mikio Ikemoto ont été touchés par l’énergie avec laquelle le public français les as reçus comme des légendes.

 

Un grand merci à Takahashi Shoko et Raillard Misato pour la traduction des auteurs et à Kana pour nous avoir donné la chance de participer à cette conférence de presse.

Article posté le vendredi 13 septembre 2024 par Noissape

Boruto Two Blue Vortex tome 1 de Mikio Ikemoto et Masashi Kishimoto (éditions Kana)
  • Boruto – Two Blue Vortex, tome 1
  • Scénariste : Masashi Kishimoto
  • Dessinateur : Mikio Ikemoto
  • Traduction : Misato Raillard
  • Éditeur original : Shûeisha
  • Éditeur francophone : Kana
  • Prix : 7,30€
  • Parution : 23 août 2024
  • Pagination : 184 pages
  • ISBN : 9782505123347

Résumé de l’éditeur : Boruto et Kawaki voient leur situation inversée. Boruto est considéré comme un traître qui a assassiné Naruto et il est recherché depuis trois ans. Code et les sbires de crasses attaquent le village caché de Konoha et, pendant que Sarada et les autres tentent de réagir, Boruto, qui a bien grandi, fait son apparition ?! Le tourbillon du destin se met de nouveau en action !!

À propos de l'auteur de cet article

Noissape

Très fan de Kotteri. "La passion guide ceux qui jouissent de la vie."

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