Akissi et Fofana débarquent à Paris. Quels changements pour les deux petits héros ivoiriens de Marguerite Abouet et Mathieu Sapin ! Comment se faire des amis et comprendre la vie parisienne quand on arrive d’Abidjan ? Akissi de Paris est la nouvelle série de l’autrice de Aya de Yopougon. Et c’est drôle !
Le grand débarquement
Après des tergiversations, Akissi est enfin à Paris ! Elle partage alors la vie de Papi, l’oncle de sa maman et celle de Fofana, son frère. Parce que oui : les parents de la jeune fille n’ont pas voulu la laisser partir seule. Et le pauvre garçon n’a pas eu d’autre choix que de suivre sa sœur dans sa nouvelle vie parisienne.
Akissi a donc laissé ses parents, sa sœur Victorine, Boubou son singe et ses amis à Abidjan. Des milliers de kilomètres les séparent. Et ce n’est pas toujours simple pour la petite fille.
Pas facile la vie de néo-parisienne
La vie est tellement différente entre celle de Paris et celle d’ Abidjan ! Akissi ne comprend pas pourquoi les gens ne répondent pas à ses bonjours, pourquoi beaucoup se murent dans le silence. Heureusement, il y a Émile le SDF ou la dame de la cantine. Des exceptions à la règle ?
Chez Papi, c’est toujours les chamailleries avec Fofana. A l’école, ce n’est pas simple non plus. Moqueries et isolement sont le lot de la petite fille.
Se faire des amis
Akissi avait l’habitude de parler avec tout le monde. Parfois avec beaucoup de franchise. Mais tout le monde lui répondait en Côte-d’Ivoire. Il faut dire que tout le monde se connaît, tel un village-monde.
Alors, elle tente de se faire des amis. Dictionnaire, le boloss-intello de la classe. Pas facile. April, la belle des Branchées. Pas simple. Les Beaux-Gosses. Pas simple.
Alors, il reste ceux à la marge comme Nina la punk ou Marie la ronde. Entre exclus, on se comprend…
Akissi de Paris : la nouvelle géniale série de Marguerite Abouet et Mathieu Sapin
Quoi ? Une nouvelle série avec Akissi ! S’il y a maintenant Akissi de Paris, est-ce que cela veut dire que la série-phare Akissi n’existera plus ? Non. Akissi de Paris ne marque pas la fin d’Akissi. “L’engouement est tel en Côte-d’Ivoire, que je me dois de continuer !”, explique Marguerite Abouet. Il y aura donc les aventures abidjanaises et les aventures parisiennes de la petite fille intrépide. Nous voilà rassurés.
En effet, l’autrice poursuit Aya de Yopougon, sa série-mère, avec Clément Oubrerie et donc Akissi avec Mathieu Sapin. Il semblait donc logique que le même dessinateur mette en image les péripéties de la petite fille à Paris.
Akissi de Paris : de l’adaptation et de l’intégration
Si Akissi se développe par petites histoires courtes de 6 planches, Akissi de Paris se dévoile sur un récit de 80 pages. Il en fallait autant pour raconter ce changement important dans la vie de la petite fille.
Finies les bêtises avec Boubou et ses amis, bienvenue dans une capitale occidentale très grande. Akissi a maintenant 12 ans et entre en sixième. Le début du collège avec ses nouveautés et les nombreux profs et élèves. Si on ajoute à cela le déracinement et les difficultés d’adaptation et d’intégration, on obtient des situations pas toujours simples à gérer pour l’ivoirienne.
Akissi de Paris : une jolie autofiction
Comme pour Aya de Yopougon, Marguerite Abouet s’est fondée sur ses souvenirs d’enfance pour raconter les aventures d’Akissi.
Comme sa petite héroïne de papier, l’autrice de Commissaire Kouamé a quitté la Côte-d’Ivoire à 12 ans pour Paris.
“J’étais tellement angoissée de quitter mes parents, mes amis, mon quartier, que je ne mangeais plus… Alors mes parents ont décidé de faire partir mon frère avec moi… à son grand désespoir, car il pensait être enfin débarrassé de sa petite soeur !”, poursuit Marguerite Abouet. Ainsi Fofana quitte sa maison pour suivre Akissi à son corps défendant.
Il a néanmoins fallu faire un gros travail de réadaptation et de réinvention comme l’explique Mathieu Sapin. Cette autofiction – qui se nourrit de scènes vraies – est d’une belle modernité, notamment pour la portée universelle de ses sujets.
“C’est toute la force de l’écriture de Marguerite : rendre ses récits universels, même s’ils sont autobiographiques. Chacun peut s’identifier à ses histoires et les ados d’aujourd’hui se retrouveront aussi dans Akissi de Paris”
L’humour comme arme pour se raconter
Comme dans les autres séries de Marguerite Abouet, Akissi de Paris bénéficie de l’humour de l’écrivaine née en 1971.
Un humour de situations et verbal qui fonctionne à merveille. Il est d’ailleurs dans la même veine que l’univers d’Aya de Yopougon. Les dialogues sont extrêmement bien écrits et font mouche à chaque fois.
Quant au dessin de Mathieu Sapin, il est toujours autant accrocheur. Moderne et très lisible, il est idéal pour les jeunes lecteurs. En plus de décors – nouveaux pour la jeune fille – l’auteur de Pas de baiser pour maman a créé de nombreux personnages. Il a surtout appris à dessiner Akissi préado.
Une belle plongée dans le Paris récent d’une petite ivoirienne qui doit s’adapter et se faire des amis. Bonne humeur au programme !
- Akissi de Paris, tome 1
- Scénariste : Marguerite Abouet
- Dessinateur : Mathieu Sapin
- Coloriste : Clémence
- Editeur : Gallimard BD
- Prix : 16,50 €
- Parution : 21 août 2024
- Pagination : 80 pages
- ISBN : 9782075196291
- A partir de 8 ans
Résumé de l’éditeur : Akissi vient de quitter la Côte d’Ivoire et fait sa rentrée dans un collège parisien. Mais l’intégration n’est pas facile : nouveau pays, nouveaux codes, nouveaux amis… À peine arrivée, Akissi est déjà « au bout de sa vie » !
À propos de l'auteur de cet article
Damien Canteau
Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.
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