Amazing Grace #1

Pêle-mêle, vos yeux s’illuminent lorsque vous sont évoqués Edgar A. Poe, Tarantino, Sin City, The Walking Dead, Mad Max ou autres Kill Bill, Georges Andrew Romero, Mad Movies et Doggybags ? Vous adorez le genre Série B, Pop Culture, Fantastique, Horreur ou Polar ? Alors Grindhouse Stories, collection fraîchement lancée par les éditions Glénat, est faite pour vous ! À la tête  de Glénat Comics, c’est à Olivier Jalabert que l’on doit ce nouveau label inauguré avec ce titre qui en appelleront d’autres : Amazing Grace. Et c’est Aurélien Ducoudray qui s’y colle en imaginant une partie du monde terrassée par une catastrophe nucléaire. Avec Bruno Bessadi, un amoureux du Fantastique, au dessin et le beau rendu du coloriste Fabien Alquier, ce premier tome augure un triptyque de haute volée. Pour l’heure, faisons connaissance avec John qui n’a d’autre but que de mettre sa petite fille à l’abri. Mais Grace n’est pas une enfant comme les autres. Du moins physiquement.

LA VIE AVANT L’APOCALYPSE

John le confesse. Quand il s’agit d’événements marquants de sa vie, il ne saura jamais dire la date à laquelle ils se sont déroulés. Alors comment pourrait-il se souvenir de celle où sa fille est née ? Parce que le plus beau moment de sa vie sera à jamais associé à ce grand souffle blanc qui décimera les trois quarts des États-Unis. Quand on entre dans une maternité en laissant derrière soi une ville noire de monde, et qu’on en ressort par un mur complètement détruit avec un constat effroyable devant nos yeux, on ne peut oublier.

Huit ans plus tard John erre sur son cheval dans une forêt où les arbres ont perdu tout leur feuillage. Ce décor hostile s’amplifie quand deux hommes armés surgissent de nulle part pour le piller. Mais cachée sous une cape rouge derrière son père, Grace attend le moment propice pour se montrer. Les deux voleurs vont vite comprendre que l’enfant possède un physique et des facultés particuliers.

Grace fait partie de celles et ceux nés après l’extinction d’une vaste partie de l’Amérique. Qu’ils soient appelés, enfants de la bombe ou préhistos. Qu’ils soient vénérés, bannis ou traqués, ces mutants développent des facultés incroyables et une croissance ultra-rapide. John s’est ainsi vite aperçu que Grace, avec qui il pouvait parler dès ses neuf mois, deviendrait exceptionnelle. Mais celui qui la considère avant tout comme sa fille, devra s’adapter en lui inculquant des valeurs appropriées à son comportement quasi surhumain.

AMAZING GRACE : UNE ENFANT AVANT TOUT

Dans un parcours semé d’embûches suivi par tous les survivants, John et Grace tentent d’échapper à l’hiver nucléaire en se dirigeant vers le sud. De cette situation oppressante, John devra la surmonter pour que sa fille et lui puissent atteindre un endroit clément et y construire une nouvelle vie. En père de famille aimant, John veut que Grace grandisse sans qu’elle ne se compare à un monstre. Difficile lorsque les yeux d’autrui renvoient le contraire. Difficile lorsqu’on est capable de tuer un ours à mains nues et que son visage se grime en celui d’un loup-garou au moindre danger.

John tempère sa petite fille de huit ans. Mais pour combien de temps ?

DUCOUDRAY EN CONNAIT UN RAYON

Dans la préface de ce premier tome d’Amazing Grace, Aurélien Ducoudray s’en délecte : son adolescence s’est nourrie de films de science-fiction, de séries B et autres mondes horrifiques. Grâce au fameux support VHS, que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, le scénariste avale tout ce que les vidéoclubs de l’époque lui proposent dans le rayon attitré.

Et voici donc ce qu’il en sort quelques années plus tard : une histoire post-apocalyptique où l’intérêt n’est pas de connaitre la cause de la catastrophe nucléaire mais plutôt comment peut-on s’en remettre. L’aspect horrifique se manifeste par ces gamins au physique et agissements anormaux. Et nul doute que d’autres scènes gores accompagneront les deux opus suivants. Mais au-delà de cet ingrédient inéluctable, l’intérêt d’Amazing Grace réside dans la psychologie des personnages face à un événement où tout est à reconstruire. L’Homme, dans une telle situation, a t-il les facultés nécessaires pour s’adapter ?

DU GORE ET DE L’HUMAIN

Et pour illustrer pareille intrigue, le crayon de Bruno Bessadi est celui qu’il fallait. À l’instar de Ducoudray qui peut imaginer des scénarios bien plus trash (pour preuve, l’Anthologie de Doggybags), le dessinateur a également adouci quelque peu son univers violent à la sauce Bad Ass ou ses combats très gores de Zorn & Dirna. Place aux moments apaisants et aux visages attendrissants. Avec des cases qui restent malgré tout difficilement soutenables, Bessadi a trouvé l’équilibre parfait pour mettre les relations humaines en exergue dans ce contexte obscur. Celles et ceux qui connaissent sa patte graphique y verront un changement tout autant réussi que son trait habituel.

Il ne faut pas oublier le rendu parfait de Fabien Alquier à la couleur. Les ambiances nocturnes, rigoureuses de l’hiver ou chaudes de la Floride permettent de s’imprégner un peu plus de l’aspect suffocant de ce premier tome d’Amazing Grace.

Pour être complet sur le ressenti de cette série prometteuse, nous avons aimé ces deux jolis clins d’œil. Le premier concerne Aurélien D. qui offre lui-même le cheval aux deux protagonistes lorsque nous les voyons pour la première fois. Le deuxième évoquant les contes pour enfants et qui ont leur importance dans Amazing Grace. Quelque chose nous dit que le choix de celui lu par John à sa petite fille n’était pas un hasard pour B. Bessadi

Article posté le mercredi 26 juin 2019 par Mikey Martin

1er tome de Amazing Grace de Ducoudray & Bessadi (Glénat) décrypté par Comixtrip, le site BD de référence
  • Amazing Grace #1
  • Scénario : Aurélien Ducoudray
  • Dessin : Bruno Bessadi
  • Coloriste : Fabien Alquier
  • Éditeur : Glénat (Grindhouse Stories)
  • Prix : 19,95 €
  • Parution : 22 mai 2019
  • ISBN : 978-2344024584

Résumé de l’éditeur : USA, 2035. Huit ans après l’apocalypse nucléaire. Personne ne sait qui, pourquoi ou comment les trois quarts des États-Unis ont été ravagés. Seule une bande transversale allant de New York à la Californie a été préservée de l’hiver nucléaire. Dans cette Amérique dévastée, comme des milliers d’autres survivants, John et sa fille Grace errent sur les routes essayant de descendre vers le sud pour y trouver nourriture, travail et un climat plus clément. Sauf que Grace n’est pas une petite fille comme les autres. Elle est ce que l’on appelle une enfant de la bombe : un mutant, un monstre recouvert de poils, muni de crocs et de griffes acérées. Mais un monstre qui aime les poupées, les bonbons et les histoires avant d’aller se coucher. Alors qu’ils entendent parler d’un centre accueillant les enfants comme elle, John et Grace décident de mettre tout en œuvre pour s’y rendre… et découvrir la réalité qui se cache derrière cette légende.

À propos de l'auteur de cet article

Mikey Martin

Mikey, dont les géniteurs ont tout de suite compris qu'il était sensé (!) a toujours été bercé par la bande dessinée. Passionné par le talent de ces scénaristes, dessinateur.ice.s ou coloristes, il n'a qu'une envie, vous parler de leurs créations. Et quand il a la chance de les rencontrer, il vous dit tout !

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