Beneath the trees where nobody sees

L’horreur peut se cacher partout, même là où l’on s’y attend le moins. C’est tout le propos de Patrick Horvath dans l’album Beneath the trees where nobody sees, qu’Ankama publie en français en ce mois de janvier. Entre dessins trop choupi, et histoire trop gore, préparez-vous à un thriller « grand écart ».

Beneath the trees where nobody sees : laissez le malaise vous envahir

Beneath the trees where nobody sees page 1Sam Strong est une ourse sans histoire. Elle travaille au magasin de bricolage de sa petite ville et entretient de bonnes relations avec toute sa communauté. Mais de temps en temps, Sam part dans la grande ville voisine faire quelques emplettes et tuer un parfait inconnu qu’elle découpera dans la forêt. Et tout se passe bien depuis des années. Jusqu’à ce qu’un autre tueur ne vienne faire des siennes dans la petite ville de Sam. Et ne lui fasse courir le risque que la police ne trouve le mauvais tueur. Alors Sam va enquêter.

Patrick Horvath et son dessin trop mignon !

Commençons par là : l’auteur cultive volontairement un dessin digne d’une BD pour enfant. Un trait comme celui-ci, de telles couleurs, vous avez déjà vu tout cela en BD jeunesse. Le trait est fin, souple, délicat. Les couleurs pastel se fondent en douceur avec le noir léger de l’encrage. On se sent bien à Woodbrock. Et c’est absolument volontaire puisque Horvath veut cultiver le décalage qui donne une vraie personnalité à son album. Dans le dessin comme dans le texte, il prend son temps, il nous cajole, avant de nous offrir une bonne scène tranchante et malsaine.

Tueur contre tueur dans Beneath the trees where nobody sees

Horvath dresse deux portraits de serial killer. À travers Sam, il met en scène le plus flippant des deux, à savoir le méthodique. Celui qui ne commet pas de faute. C’est un agent de l’ordre, tout perverti qu’il soit. Son adversaire au contraire (vous découvrirez de qui il s’agit à la lecture), est un agent du chaos. C’est un égocentrique en mal d’attention. Ce portrait de série télé du tueur qui veut qu’on l’attrape.

Et donc, ces deux folies vont s’affronter dans le théâtre de Woodbrock. Sam veut défendre son monde bien ordonné, quand l’antagoniste ne supporte pas qu’elle ne réponde pas comme il l’entend à ses hommages. Ils ne se comprennent pas, ne le pourront jamais et donc, ils se confrontent. Dommage pour les victimes.

Une fin qui fait grincer des dentsBeneath the trees where nobody sees page 2

L’art de la chute, c’est important. À la fin de cette histoire, on envisage une suite possible. Tout n’est pas réglé. Du moins, un des deux méchants n’est-il pas puni. Alors que souhaite faire l’auteur ? Laissera-t-il l’injustice et le crime vivre leur vie en toute tranquillité ? Nous ne manquerons pas de lui demander en interview pendant le FIBD d’Angoulême où il sera présent sur le stand d’Ankama. Mais la fin qu’il choisit n’est pas frustrante. Elle trouble, mais elle fait sens. Elle nourrit quelque chose en nous malgré tout. Une satisfaction malgré l’horreur du protagoniste vainqueur.

Beneath the trees where nobody sees : on en veut encore !

Sauf si une suite était prévue, ce qui apporterait un plaisir encore différent. Le plaisir de retrouver une histoire bien racontée, bien dessinée, perturbante mais attirante.  Beneath the trees where nobody sees, c’est tout cela. Alors si vous aimez ce genre d’histoire, venez vous glisser dans le monde des petits malins et découvrez comment tout peut partir en vrille !

Article posté le jeudi 16 janvier 2025 par Yaneck Chareyre

Beneath the trees where nobody sees
  • Beneath the trees where nobody sees
  • Auteur : Patrick Horvath
  • Traductrice : Margot Negroni
  • Éditeur USA : IDW
  • Éditeur VF : Ankama
  • Date de publication France : 10 janvier 2025
  • Nombre de pages : 160
  • Prix : 19€95
  • ISBN : 9791033530435

Résumé éditeur : Dans la paisible petite ville de Woodbrook, tout le monde se connaît. Mais connaît-on vraiment ses voisins ? Que font-ils quand ils pensent que personne ne les voit ? C’est ce que va tenter de découvrir Samantha Strong, avant que le tueur qui sévit en ville ne mette en péril sa parfaite petite vie…

À propos de l'auteur de cet article

Yaneck Chareyre

Journaliste , critique et essayiste BD depuis 2006.

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