Black-Out

Maximus Wyld est une véritable star du cinéma américain. Adulé, ce comédien noir charismatique fut aussi victime de ségrégation et ne pu pas tout jouer. Portrait flamboyant de cette vedette dans Black-Out un album signé Loo Hui Phang et Hugues Micol. Passionnant et militant !

Maximus Wyld, héros talentueux et admiré

Hollywood dans les années 1940. Véritable star des plateaux de cinéma, Maximus Ohanzee Wildhorse dit Maximus Wyld, eut une carrière longue et riche. A l’affiche des plus grands films, ce comédien noir américain est aujourd’hui un fantôme du 7e art. Vertigo, Duel au soleil ou Sunset Boulevard, tous ces longs-métrages ont effacé son nom des génériques. Comme s’il n’avait jamais existé.

Portrait de l’un des acteurs les plus doués de sa génération, modèle pour Harry Bellafonte ou Sidney Poitier.

« Hollywood est une fiction. Il se nourrit d’histoires, fabrique des héros, les célèbre et les brûle »

Selon la légende, Maximus Wyld était un descendant direct de Wild Horse, le chef commanche. Né le 21 septembre 1921, son métissage lui ouvrit les portes des studios du cinéma. Entre 1941 et 1958, il fut de tous les projets hollywodiens importants.

Vrai pile électrique, ce gamin de Los Angeles très bon boxeur, se rêve en acteur. Pourtant sa condition de vedette ne lui assure pas d’être immunisé contre le racisme et la bêtise des blancs. Ses rôles s’en ressentent également. Il n’est jamais un jeune premier ni rôle principal. Il s’en émeut d’ailleurs auprès d’Hattie McDaniel, actrice récompensée d’un Oscar pour son rôle de Mammy dans Autant en emporte le vent en 1941. Ce fut la première fois qu’une comédienne noire fut lauréate de la célèbre statuette.

Maximus lui demande :

« – Comment tu peux supporter ça ?

– Je préfère jouer le rôle d’une domestique que d’en être une.

– Je préfère être au chômage que de jouer un esclave. »

Black-Out : portrait d’un acteur oublié

S’il refuse de ne jouer que les rôles d’esclaves et domestiques, Maximus Wyld, cela fut très difficile pour lui d’obtenir des premiers rôles.

Tout le sel de Black-Out réside dans ce fait. Loo Hui Phang (L’odeur des garçons affamés) brosse le portrait fictif d’un acteur oublié, star et modèle pour les autres acteurs de couleurs aux Etats-Unis.

Malgré sa grande volonté et son optimisme, il subit de plein de fouet le racisme des producteurs et autres comédiens. Son idylle avec Lana Tuner  n’arrangea rien. Il est même soupçonné d’être communisme par l’administration américain sous la coupe de McCarthy, et son épuration, le maccarthysme.

Black-Out est ingénieux, intelligent dans ses propos et flamboyant dans sa partie graphique signée Hugues Micol (Tumultes, Scalp).

Véritable relecture du mythe d’Hollywood, l’album est d’une grande puissance politique, une bande dessinée engagée dans son fond comme dans sa forme.

Article posté le jeudi 10 décembre 2020 par Damien Canteau

Black-Out de Loo Hui Phang et Hugues Micol (Futuropolis)
  • Black-Out
  • Scénariste : Loo Hui Phang
  • Dessinateur : Hugues Micol
  • Éditeur : Futuropolis
  • Prix : 28 €
  • Parution : 26 août 2020
  • ISBN : 9782754828048

Résumé de l’éditeur : Maximus Wild connut son heure de gloire dans le Hollywood des années 1940-50. Métis de descendance noire, chinoise et amérindienne, il fut « l’acteur aux mille visages », interprétant essentiellement des rôles « ethniques » : chef indien, révolutionnaire mexicain, dandy oriental… Véritable relecture du mythe du cinéma américain par le prisme des minorités, Maximus Wyld donne à voir la dimension politique et sociale des productions hollywoodiennes.

 

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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