Blood Moon

Avec Blood Moon, Bones nous emmène dans un thriller futuriste aux frontières de l’horreur et du monde connu. Ce soir, la lune est rouge, rouge sang.

Blood Moon, le thriller spatial.

En 2101, la Lune n’est plus un simple satellite de la Terre. L’entreprise M-Mining exploite désormais sa surface. Et des milliers d’ouvriers s’affairent chaque jour pour extraire un précieux minerai. La vie y est dure et le taux de mortalité exceptionnellement élevé. Mais la paye est suffisante pour envisager un avenir post-lunaire radieux.

Et en attendant, les bouges de Blue Moon City offrent tout ce dont peut rêver un ouvrier loin de chez lui. Tout le monde aurait pu se satisfaire de cette vie. Mais un jour, un corps affreusement mutilé est retrouvé sur un des chantiers. La mise en scène macabre et les lettres BM gravées dans sa chaire ne laissent aucun doute : la lune a un côté sombre et il est teinté de sang.

Un voyage en outre-terre connue.

En ouvrant Blood Moon, on comprend que Bones va jongler avec des références qui manifestement lui tiennent à cœur. Effectivement, dès la première double page, Outland, le film de Peter Hyams nous vient à l’esprit. L’ambiance western de l’espace se développe selon le rythme requis et bien vite, on se retrouve au cœur de l’action, aux côtés de Benjamin, notre héros malgré lui. L’autre référence, qui relève du style graphique, apparaît encore plus rapidement. En effet, dès la couverture, on pense au maître du fantastique Mike Mignola (Rencontres maléfiques).

Reprenant un trait anguleux et vif, Bones donne une dimension cinématographique à ses planches. Et portés par une palette graphique jaunâtre et sombre du plus bel effet, on admire le soin apporté à la composition. Immédiatement, on se prend au jeu et on tourne les pages avec avidité pour découvrir le fin mot de l’histoire. Car Bones a beau s’inspirer  d’Outland, qui lui même s’inspirait de High Noon, il entend bien apporter sa pierre à l’édifice.

On comprend alors bien vite que Blood Moon n’est pas qu’une association de références de la Pop Culture. En fait, chaque élément constitue une clé nécessaire à la compréhension de l’œuvre. Et Bones va nous mettre à contribution.

Blood Moon, l’odyssée de l’espèce humaine.

Indéniablement, il s’agit là d’un point fort de l’œuvre. Car avec Blood Moon, le lecteur est amené à s’impliquer. Dans l’enquête tout d’abord, aux côtés des Benjamin pour découvrir qui est l’auteur des meurtres. Mais ensuite et surtout, dans l’élaboration du message existentiel, au sens propre, porté par l’œuvre. Car Blood Moon n’est pas qu’un simple remake d’Outland. En réalité, et sans trop en dévoiler, l’œuvre de Bones est une étape supplémentaire dans le cycle artistique de cette incroyable histoire qui a commencé en 1952 avec High Noon de Fred Zinnemann. Dans cette horrifique odyssée de l’espace et de l’espèce, bon nombre de tonalités vont s’entre-mêler. Mais Bones ne dit pas tout, il trace des pistes. Libre à nous de les suivre pour percer le secret de la lune rouge.

 

En publiant Blood Moon, les éditions Rue de Sèvres font bien plus qu’enrichir leur partenariat éditorial avec  label 619 (Slum Kids). En effet, cette bande dessinée intégralement réalisée par Bones est une grande œuvre, aussi riche que complète (comme en témoigne la bande originale créée par l’artiste en personne). Capable d’allier horreur et réflexion, elle nous pousse à la relecture à l’instar des histoires qu’on garde en mémoire.

Article posté le mardi 23 avril 2024 par Victor Benelbaz

Blood Moon de Bones (Rue de Sèvres)
  • Blood Moon
  • Auteur : Bones
  • Éditeur : Rue de Sèvres, Label 619
  • Prix : 16,90 €
  • Parution : 14 février 2024
  • ISBN :  9782810204854

Résumé de l’éditeur : Sur la Lune, les conditions des travailleurs de l’exploitation minière M-Mining 03 sont difficiles, et les plaisirs bien peu nombreux. Le semblant d’équilibre du quotidien se fracture quand des cadavres affreusement mutilés commencent à être retrouvés. Tous présentent les mêmes signes : une mystérieuse inscription « BM » ainsi que des mutations sanguines. Benjamin fait partie des forces de sécurité engagées par l’exploitation. Accusé à tort de meurtre, il se retrouve malgré lui entraîné dans la sombre machination dissimulée derrière ces macabres découvertes, et devra découvrir la vérité par ses propres moyens.

À propos de l'auteur de cet article

Victor Benelbaz

Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.

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