Avec Dissident Club, Chronique d’un journaliste pakistanais exilé en France, nous découvrons les raisons qui ont poussé Taha Siddiqui a quitté sa terre natale. Un parcours de vie entre l’Arabie Saoudite et le Pakistan, co-scénarisé et mis en image par Hubert Maury, édité chez Glénat (collection 1000 feuilles) pour mieux comprendre cette fuite vers la liberté.
Fuir son pays
En 2018, le journaliste Taha Siddiqui doit quitter sa terre natale, le Pakistan. Ce n’est pas un choix, c’est une obligation, une question de vie ou de mort.
Qu’a donc bien pu faire ce journaliste pour en arriver à choisir le déracinement plutôt que son pays ?
Il a juste voulu faire son métier, c’est-à-dire informer.
Mais informer, selon les pays dans lesquels on se trouve, n’est pas une sinécure. Cela se fait au péril de sa vie et de celle de sa famille.
Selon RSF (Reporters sans frontières) : “ La loi pakistanaise est instrumentalisée pour imposer un régime de censure contre toute critique du gouvernement et de l’armée.” Taha Siddiqui a fait les frais de cette loi.
Sa seule échappatoire, trouver refuge en France. Parce qu’un Prix Albert Londres reçu en 2014, quel qu’en soit le prestige, ne vous protège pas de tout.
Une vie débutée dans une radicalisation familiale
Taha Siddiqui commence sa vie en Arabie Saoudite, parce que là-bas la vie de la famille est plus facile matériellement.
Mais rapidement, les parents de Taha se radicalisent. Il faudra dorénavant suivre les préceptes du Coran.
Mais quand on devient adolescent et qu’on veut rencontrer des filles, ruser devient essentiel. Taha et ses copains ne manqueront pas d’inventivité.
En 2000, le régime politique pakistanais change. L’armée prend le pouvoir et selon le père de Taha :
“C’est la meilleure chose qui pouvait nous arriver”.
La famille Siddiqui retourne à Karachi.
L’avenir de Taha est tout tracé, faire des études et rejoindre le business de son père. Mais le jeune homme en a décidé autrement, ce sera le journaliste, malgré ses études d’économie.
Une bande dessinée pour raconter
Avec Dissident club (le nom du bar communautaire The Dissident Club qu’il a créé à Paris), Taha Siddiqui nous raconte sa vie, mais il nous relate également le processus qui a conduit à la radicalisation de sa famille.
Mais on découvre surtout le courage d’un homme qui a décidé d’informer les autres et a choisi la liberté de la presse au péril de sa vie.
Un album sur la vie de celui qui est devenu à tout jamais un réfugié politique, mais qui a trouvé le courage de continuer à se battre pour les droits des journalistes, malgré le déracinement de sa nouvelle vie.
Un très bel exemple de courage !
- Dissident Club, Chronique d’un journaliste pakistanais exilé en France
- Scénaristes : Taha Siddiqui et Hubert Maury
- Dessinateur : Hubert Maury
- Coloristes : Ariane Borra et Élise Follin
- Editeur : Glénat, Collection 1000 feuilles
- Prix : 29,00 €
- Parution : 15 mars 2023
- ISBN : 9782344042717
Résumé de l’éditeur : Chronique d’un journaliste pakistanais exilé en France. En 2018, après avoir été victime d’une tentative d’enlèvement et d’assassinat dans son pays d’origine, le journaliste d’investigation Taha Siddiqui trouve refuge en France.À travers ce roman graphique, et en compagnie d’Hubert Maury, il revient sur sa jeunesse, son parcours, et son combat pour la liberté de la presse. Quand les parents de Taha quittent le Pakistan pour l’Arabie Saoudite c’est dans l’espoir d’une vie meilleure. Au pays de La Mecque, le quotidien du petit Taha est déjà régi par un islam rigoriste mais quand son père se radicalise, les choses se corsent. C’en est fini des coloriages de Batman et Superman, place à des livres moins profanes. Désormais les super-héros de Taha seront les leaders religieux! En pleine Guerre du Golfe, la police des mœurs commence à sévir et bientôt il faudra aussi renoncer au foot de rue. C’est en l’an 2000 qu’une brèche s’ouvre… La famille se réinstalle alors au Pakistan où l’armée a pris le pouvoir. À l’âge de 16 ans, Taha rêve de faire des études d’art, mais son père a d’autres projets pour ce fils qui rechigne à suivre le droit chemin. En attendant, Taha va découvrir une Société faite d’interdits que la jeunesse s’efforce de contourner. Jamais il ne s’est senti aussi libre malgré l’insécurité ambiante. Les attentats du 11 septembre vont profondément l’impacter, tout comme son entrée à l’université. Après avoir connu l’école coranique et la censure, Taha va progressivement s’émanciper et trouver sa voie… il sera journalisteet débutera sa carrière sur une chaîne «hérétique»au grand dam de son père ! Sa détermination, sa foi en son métier et son engagement politique feront de lui une cible comme tant d’autres condisciples à travers le monde.Véritable chronique d’enfance et d’adolescence, Dissident Club retrace avec un humour libérateur et décomplexé le quotidien d’un jeune homme aux prises avec les fondamentalistes religieux ainsi que son combat pour un accès à l’information et la liberté d’expression. Coécrit et mis en scène par Hubert Maury, ancien diplomate devenu auteur de bandes dessinées, ce roman graphique aussi réjouissant qu’édifiant nous offre une vision limpide du Pakistan sur les trente dernières années ainsi qu’une certaine réflexion sur la religion, ses dérives et les fractures d’une communauté. Un témoignage touchant et sensible qui nous rappelle aussi bien L’Arabe du Futur que le travail de Guy Delisle. Aujourd’hui Taha Siddiqui (Prix Albert Londres2014) et sa famille vivent à Paris. Taha a ouvert en 2020 le Dissident Club, un café & bar où les dissidents du monde entier se retrouvent pour échanger et qui propose régulièrement des conférences, des expositions et des projections.
À propos de l'auteur de cet article
Claire Karius
Passionnée d'Histoire, j'affectionne tout particulièrement les albums qui abordent cette thématique. Mais pas seulement ! Je partage ma passion de la bande dessinée dans l'émission Bulles Zégomm sur Radio Tou'Caen et sur ma page Instagram @fillefan2bd.
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