Recevoir une invitation et être conviés à un dîner dans un grand hôtel situé dans les Alpes enneigées, voilà qui pourrait promettre un bon moment de détente. Excepté que ces douze personnes invitées à ce séjour par l’Hydre, ne sont pas des plus fréquentables.
Herik Hanna (scénario), Hervé Boivin (dessin) et Gaétan Georges (couleur) nous invitent avec Douze à participer à un terrible huis clos. En simples spectateurs bien évidemment. Nos invités étant eux prêts à tout pour être l’ultime. Mais l’ultime quoi ? Seules les dernières pages de cet album édité chez Delcourt vous révèleront l’issue de secours.
Douze, un nombre sublime
Un nombre hautement symbolique que ce douze, puisque correspondant au nombre d’apôtres qui accompagnèrent Jésus pendant son dernier repas. Douze est le nombre de mois dans une année ou bien deux fois le nombre d’heures dans une journée en système duodécimal. En mathématiques, douze est considéré comme un nombre sublime. Et dans la mythologie, il représente le nombre de Titans ou la quantité de travaux devant être effectués par Hercule. Enfin, une douzaine est souvent utilisée pour compter tout simplement des objets.
Douze, c’est dans cet album éponyme le nombre de personnes disposant d’un carton d’invitation envoyé par l’Hydre afin de se retrouver dans ce palace suisse niché dans les Alpes enneigées. Alors pourquoi donc cet hôte inconnu a-t-il décidé d’inviter ces douze personnes ?
Douze invités à un weekend d’exception
Onze hommes et une femme ont été conviés par un hôte prestigieux, mais qui leur est inconnu, parce qu’ils sont les meilleurs dans leur domaine. Ce dîner de l’Hydre est un rendez-vous très sélect dans un endroit qui l’est tout autant. Mais ce palace sera déserté durant la semaine par tout son personnel. Les invités se seront en totale autonomie, bien que tout ait été prévu à l’avance pour que ce séjour se passe de la meilleure des manières. Mais certaines règles sont à respecter pour pouvoir y assister.
Tout lien avec l’extérieur doit être banni et les clés de voitures doivent être remises à l’arrivée. En effet, rien ne doit pouvoir modifier l’ordre des évènements. Ou plus exactement, ces onze hommes et cette femme vont devoir par leurs actes prouver qu’ils ou elle seront le ou la meilleure dans leur catégorie, le meurtre de sang froid. Et pour cela, il n’en restera qu’un ou une. Alors le tenant du titre gardera-t-il son trophée trois ans après la précédente rencontre ?
Un thriller implacable
Douze est ce qu’on peut appeler un polar glacial signé Herik Hanna (Détectives et Bad Ass), Hervé Boivin et Gaétan Georges (Thorgal, Adieu Aaricia). Cet hôtel perdu dans les montagnes est le parfait endroit pour que se déroule un huis clos où la tension ira crescendo jusqu’à la dernière page. Les protagonistes ont tous ce qu’on appelle une gueule. Ils sont froids, les sentiments ne faisant pas partie de leur vocabulaire ou de leurs actes.
On ne peut que se poser des questions durant la première partie de l’album sur le pourquoi de la présence de ces durs à cuire dans cet endroit à l’abri des regards indiscrets. Mais la deuxième partie du récit comble très rapidement les interrogations. Et c’est par un implacable déchaînement de violence, de la part de ces professionnels prêts à tout pour s’imposer, que viendra la réponse tant attendue.
Une violence nuancée par le dessin
Alors que le scénario d’Herik Hanna (Altamont) nous met en présence de personnages impitoyables et prêts à tout pour être l’ultime, leurs faits et gestes sont eux tempérés visuellement par les dessins d’Hervé Boivin. Serait-ce parce que l’atmosphère enneigée est présente et qu’elle permet d’assourdir les bruits, même les plus meurtriers ? À aucun moment, les déferlements de bruits et de rafales ne sont accompagnés par les usuelles onomatopées, comme on a l’habitude de les trouver dans les bandes dessinées.
De même, dans ce jeu de massacre, la couleur rouge matérialisant le sang est utilisée avec parcimonie et très rarement celui-ci est présenté en giclées. Comme si les flaques de sang étaient posées et ne bougeaient plus, tels ceux qui n’ont pu réchapper à ce terrible massacre.
Étonnant thriller que ce Douze. De par sa structure en deux temps, qui partage le récit en deux parties diamétralement opposées. Mais également par l’habile façon dont la violence est traitée, voire gérée afin d’éviter un trop plein d’hémoglobine qui pourrait rompre avec la volonté de sobriété des auteurs. Ce qui n’empêche aucunement à cet album de faire froid dans le dos. Effectivement, car c’est bien à cet endroit que l’Hydre se devait de marquer les participants à ce jeu des plus meurtriers…
- Douze
- Scénariste : Herik Hanna
- Dessinateur : Hervé Boivin
- Coloriste : Gaétan Georges
- Editeur : Delcourt
- Prix : 15,95 €
- Sortie : 08 novembre 2023
- Pagination : 72 pages
- ISBN : 9782413002079
Résumé de l’éditeur : Fin de la saison, le grand hôtel de luxe perdu dans les Alpes ferme ses portes… Mais pas pour tout le monde. Douze étranges invités font leur entrée. Agents gouvernementaux, anciens policiers, assassins professionnels, ils sont tous les invités de l’Hydre, un insaisissable tueur caché derrière son masque. Les hostilités peuvent commencer.
À propos de l'auteur de cet article
Claire Karius
Passionnée d'Histoire, j'affectionne tout particulièrement les albums qui abordent cette thématique. Mais pas seulement ! Je partage ma passion de la bande dessinée dans l'émission Bulles Zégomm sur Radio Tou'Caen et sur ma page Instagram @fillefan2bd.
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