Félixe, jeune fille en plein désespoir, habite une maison qui se déplace. Au gré de ses voyages, la demeure se remplit de personnages devenant ses amis. L’autrice québécoise, Sophie Bédard imagine ses pérégrinations dans Félixe et la maison qui marche la nuit, un récit jeunesse lumineux et subtil, édité par La ville brûle.
La maison qui marchait la nuit
Au milieu d’une forêt, la maison de Félixe trône dans la neige. La jeune fille est réveillée par Mi, son tout petit chaton. Elle est étonnée sans vraiment être surprise mais sa maison a encore bougé. Pendant la nuit, sa demeure s’est déplacée toute seule dans un autre endroit sur terre.
« C’est sûr que si j’étais une maison avec une habitante comme moi à l’intérieur, je m’ennuierais beaucoup. »
Félixe est déprimée, s’ennuie et passe toutes ses journées à dormir. Elle ne va vraiment pas bien. Mais soudain une oiselle frappe à sa porte.
Prune, Mi, Diane et Bébé
Pourquoi une oiselle frappe-t-elle à sa porte ? Tout simplement parce que sa maison a écrasé son nid. Désolée, Félixe ne sait pas quoi dire. Mi invite alors la volatile à manger avec eux. L’oiselle s’appelle Prune. Elle demande alors à ses deux hôtes si elle peut venir habiter avec elles.
Le lendemain, la maison qui marchait la nuit a encore bougé pour se retrouver au milieu d’une ville. Le trio a faim et Félixe se rend dans un magasin pour faire des courses. De retour chez elle, Diane, la lapine l’attend. Elle vient pour l’annonce passée dans le journal : la jeune fille chercherait une colocataire. Tous acceptent si un grand ménage est effectué.
C’était sans compter sur l’arrivée impromptue de Bébé dans un paquet. Criant à qui mieux mieux, la petite fille est aussi adoptée par les autres. Félixe, Prune, Mi, Diane et Bébé vivent maintenant dans la maison qui marche la nuit…
Félixe et la maison qui marchait la nuit : la dépression et le deuil
Félixe et la maison qui marchait la nuit est la première bande dessinée jeunesse de Sophie Bérard. La précédente publication de l’autrice québécoise, Les petits garçons édité par Pow Pow, fut lauréat du prix Bédélys Québec et du Doug Wright Award.
Ce récit jeunesse est lumineux et subtil. Sophie Bérard aborde pourtant deux thématiques plutôt sombres. Celle du deuil, souvent mise en image pour le jeune lectorat (Le silence de l’ombre, Pilu des bois, Autobiographie d’une courgette…) mais moins celle de la dépression. N’ayant goût à rien, Félixe passe son temps à dormir. Elle ne s’occupe ni d’elle ni de sa maison. Seule Mi lui apporte un peu de chaleur.
En cela, l’idée d’une maison qui marche la nuit est une belle trouvaille. Elle bouge pour faire bouger sa propriétaire, pour qu’elle se réveille de sa torpeur. La demeure ne choisit pourtant pas les lieux par hasard. Elle veut que la jeune fille rencontre d’autres personnages féminins.
Félixe, Prune, Mi, Diane et Bébé : entraide entre femmes
En effet, Félixe et la maison qui marchait la nuit s’appuie sur des personnages essentiellement féminin. Prune, Mi, Diane et Bébé entrent dans la vie de Félixe et ainsi viennent en aide à la jeune fille. Elles se serrent les coudes, épaulent et consolent Félixe. Malgré des caractères différents, chacune d’elle à un rôle important dans la vie de la propriétaire de la maison qui marche. Il y a une vraie sororité dans cet album. Des amies solides qui deviennent alors une petite famille. Les personnages sont très attachants, même Bébé un peu criarde et grognon.
En cela, Félixe et la maison qui marchait la nuit est un album solaire et optimiste. A plusieurs, on réussit. L’album est sensible, tout en délicatesse et empli d’un bel humour. C’est réconfortant de lire des récits simples, fantaisistes et fins.
- Félixe et la maison qui marchait la nuit
- Autrice : Sophie Bédard
- Éditeur : La ville brûle
- Prix : 21 €
- Parution : 21 octobre 2022
- ISBN : 9782360121397
Résumé de l’éditeur : Félixe, Diane, Prune, Mi et Bébé partagent une maison pas comme les autres qui chaque nuit se déplace : en ville, au sommet d’une haute montagne…Pourquoi cette maison ne tient-elle pas en place ? Quel est son but ?
Cette BD adorable et sensible permet d’aborder tout en douceur la question du deuil. C’est aussi un véritable hymne à la douceur et à la sororité.
À propos de l'auteur de cet article
Damien Canteau
Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une trentaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée) et co-responsable du prix Jeunesse de cette structure. Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip. Damien modère des rencontres avec des autrices et auteurs BD et donne des cours dans le Master BD et participe au projet Prism-BD.
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