La princesse de Clèves en bande dessinée, c’est le pari de Claire Bouilhac et Catel Muller qui offrent une très belle déclinaison du célèbre roman de Mme de La Fayette chez Dargaud.
Se montrer à la Cour
Hiver 1558. Mme de Chartres doit bien se faire une raison : elle doit présenter sa fille de 16 ans à la Cour. « Se montrer » pour épouser le « bon » mari telle était la destinée des jeunes filles de bonne famille.
Elle fait rapidement tourner les têtes et deux prétendants se déclarent : le duc de Guise et M. de Clèves. Amis de longue date, cette rivalité les éloigne.
M. de Clèves, mari mais pas amant
Mlle de Chartres est aussi très complice avec la Reine. Ensemble, elles aiment deviser sur les gens de la Cour. La jeune provinciale rencontre alors M. de Clèves, un seigneur aimable, prévenant et bienveillant.
Sa mère donne son accord pour un mariage entre eux mais sa fille n’a pas l’air très enthousiaste. Si elle reconnait de grandes qualités humaines à son futur mari, elle n’est pas plus que cela attirée par lui.
M. de Nemours fait chavirer les cœurs
Le mariage est célébré entre de Clèves et Mlle de Chartres. La passion n’est toujours pas au rendez-vous. Surtout qu’arrive à la Cour, M. de Nemours, le plus bel homme du royaume. On lui prête des noces potentielles avec la dauphine de France mais aussi de la reine Elisabeth d’Angleterre.
Un soir de fête, le gentilhomme s’approche de Mlle de Clèves et son charme agit…
La princesse de Clèves : une belle déclinaison dessinée
Roman de Marie-Madeleine de la Fayette, La princesse de Clèves fut publié pour la première fois en 1678. Tout d’abord anonymement, comme le montrent les deux autrices Catel Muller et Claire Bouilhac en préambule et en postface de leur album.
Quelle riche idée ont-elles eu de le décliner en bande dessinée ! Œuvre d’une belle modernité malgré ses 341 ans, La princesse de Clèves est aussi féministe et un roman pionnier dans la littérature française. De nombreux autrices et auteurs s’en inspireront pour leurs propres récits, notamment Balzac.
Intrigues de cour
Vrai roman historique mais avant tout sociologique, La princesse de Clèves fut accueilli avec étonnement mais aussi bienveillance dans les salons littéraires. D’ailleurs son autrice, Marie-Madeleine de la Fayette faisait partie de ces cercles très prisés par les nobles et les artistes à l’époque.
Si son héroïne est fictive, les autres personnages ont vraiment existé. Du roi à Marie Stuart, en passant par de Guise ou Claude la reine de France.
Ainsi, le lecteur découvre une partie des arcanes de la Cour royale. Les complots et intrigues se mêlent aux mariages d’arrangement. Tout est artifice. Ainsi Mlle de Clèves sera unie à un mari qu’elle n’aimera pas. S’il lui prouve sa loyauté et son amour, la réciproque n’est pas vraie. En cela, c’est une femme libre et moderne. Elle choisit elle même sa destinée.
Deux superbes parties dessinées
Catel Muller et Claire Bouilhac se sont partagées la partie graphique de cette belle romance. Ainsi, la seconde a illustré le roman en lui-même. L’autrice de Francis Blaireau farceur (avec Jake Raynal) nous charme par son dessin semi-réaliste. Bien documentés, les décors, les bâtiments et les costumes sont superbes sous ses pinceaux. Les contours épais de ses personnages se marient bien avec les couleurs de Marie-Anne Didierjean.
Pour le prologue et l’épilogue, c’est Catel Muller qui a œuvré. Dans ses deux ajouts, l’autrice de Kiki de Montparnasse (avec Jean-Louis Bocquet) met en scène Marie-Madeleine de la Fayette parlant de son propre roman avec M. de La Rochefoucauld et Mme de Sévigné, deux amis. Les deux univers graphiques sont différents mais se complètent à merveille.
La princesse de Clèves : une très jolie déclinaison en bande dessinée de cette jeune femme moderne
- La princesse de Clèves
- Autrices : Catel Muller et Claire Bouilhac, d’après le roman de Marie-Madeleine de La Fayette
- Coloristes : Marie-Anne Didierjean et Valérie Michaux
- Éditeur : Dargaud
- Prix : 24.99€
- Parution : 29 mars 2019
- ISBN : 9782205075953
Résumé de l’éditeur : Écrit en 1678 par Madame de La Fayette, « La Princesse de Clèves » est un roman fondateur. La jeune Mademoiselle de Chartres y fait ses premiers pas dans la cour du roi de France, Henri II. Entre cabales, médisances et galanteries, elle rencontre l’amour dans un univers pétris de conventions. En retournant à son avantage les idéaux féminins stéréotypés de l’époque (la solitude, le silence, le secret, la retenue, la décence et la discrétion), la princesse expose une forme de féminisme inédit, basé sur l’estime de soi où la raison triomphe de la passion.
À propos de l'auteur de cet article
Damien Canteau
Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.
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