Un professeur d’âge mûr qui lit des histoires d’amour, c’est un peu risible non ? C’est ce que pense Joon-woo. Alors il n’assume pas que son pêché mignon soit la lecture du roman à l’eau de rose de Seong-min. Dans cette tranche vie douce-amère, l’autrice Angram raconte une quête d’amour après un long, très long deuil.
Le professeur qui lisait des histoires d’amour
En Corée, une méthode de publication de roman consiste à publier périodiquement un nouveau chapitre sur une plateforme en ligne. C’est ainsi que Seong-min publie son roman intitulé « Le professeur qui lisait des histoires d’amour« . Et c’est ainsi que Joon-woo, professeur universitaire d’âge mûr découvre et dévore toutes les semaines le roman de Seong-min.
Joon-Woo complexe un peu, un professeur au cheveux grisonnant comme lui devrait plutôt lire Anna Karénine de Léon Tolstoï. Mais cela fait un moment maintenant que seul les histoires d’amour comblent le vide dans son esprit. Cela l’amuse, le distrait, le captive. Cela le frustre aussi quand soudain, le roman est en pause « pour raison personnelle » de l’autrice. Les jours passent et au bout d’un mois, Joon-woo se décide sur les conseils d’une amie à envoyer une lettre à l’autrice. Commence alors une nouvelle relation entre la jeune femme et un quinquagénaire un peu perdu. Elle aimerait qu’il l’aide à avancer dans son histoire, il ne sait pas encore ce qu’il cherche. Cela a-t-il un lien avec sa femme disparut ?
L’histoire et le roman
Le professeur qui lisait des histoires d’amour entremêle tous les personnages. L’autrice Seong-min et le professeur Joon-woo pourraient bien être plus proches l’un de l’autre qu’ils ne le pensent. Alors que son environnement l’encourage à dépasser le long deuil de sa compagne, elle aussi écrivaine, sa fille – âgée de 30 ans et indépendante financièrement – lui annonce qu’elle aimerait prendre son propre appartement. Le quinquagénaire, père avant d’être professeur, voit son monde évoluer malgré lui quand jusqu’ici, le roman de Seong-min lui apportait un semblant de stabilité.
La nouvelle relation qu’il noue avec l’autrice lui permettra-t-il d’accepter le changement ? Et de résoudre ce qui le trouble depuis la disparition de sa compagne ?
La forme et le fond
L’ouvrage publié par Dupuis dans la collection K Factory est un livre épais imprimé en sens de lecture occidental. C’est-à-dire qu’il se lit de gauche à droite. Il s’agit du sens de lecture des webtoons imprimés en format papier en France. Ajouté à cela son format 21 cm sur 14,1 cm, la fabrication de l’ouvrage renforce la mise en abîme de l’histoire. Nous lisons un manhwa qui porte le nom du roman de l’histoire.
Le graphisme tout en couleur se pare de joli aplat et de trait grenelé comme réalisé au crayon pastel. C’est un style doux, nimbé dans une colorimétrie légèrement froide, ce qui rend l’histoire frileuse, troublante.
Le professeur qui lisait des histoires d’amour est une tranche vie douce-amère qui saura surprendre son lecteur. Il entremêle récit de vie, deuil et mystère familial. Mais raconte surtout les changements qui viennent avec l’âge. C’est une bonne lecture étonnante, à feuilleter un soir, un tisane à porter.
- Le professeur qui lisait des histoires d’amour T1
- Autrice : Angram
- Traduction : Nube Consulting
- Editeur : K Factory / Dupuis
- Prix : 16 €
- Parution : 19 avril 2024
- ISBN : 9782808505840
Résumé de l’éditeur : Joon-woo est un gentil professeur d’université d’âge moyen qui vit avec sa fille aînée, Je-kyung. Un jour, lorsque son roman préféré est soudainement annulé, il écrit impulsivement une lettre de fan à l’auteur, qui souffre du syndrome de la page blanche, et lui demande de le rencontrer pour l’aider à écrire. Les deux se rencontrent et, au cours de leur conversation, Jun-woo se souvient accidentellement d’un livre et du nom d’un ancien auteur, et Jun-woo révèle involontairement son secret…
Angram est une artiste à part dans le milieu du webtoon coréen. Avec Le Professeur qui aimait les histoires d’amour, elle signe une œuvre intime et poétique.
À propos de l'auteur de cet article
Marie Lonni
"C'est fou ce qu'on peut raconter avec un dessin". Voilà comment les arts graphiques ont englouti Marie. Depuis, elle revient de temps en temps nous parler de ses lectures, surtout quand ils viennent du pays du soleil levant. En espérant vous faire découvrir des petites pépites à savourer ou à dévorer tout cru !
En savoir
