L’Érection #2

« C’est une nuit d’anthologie pour Léa et Florent… » Issue de la quatrième de couverture dans ce deuxième tome qu’est L’Érection, cette phrase résume on ne peut mieux le contenu de cet album. Les trois premiers actes décrivaient un couple en plein doute. La faute à une érection médicalisée avec laquelle Florent pensait offrir une belle soirée d’anniversaire à Léa. Quelques (drôles) concours de circonstances vont rendre cette nuit longue, mais pas de la façon dont Florent l’avait prévue. Pour la fin de ce plaisant vaudeville, Jim et Lounis Chabane bousculent leurs héros. Mis devant le fait accompli, Florent et Léa devront apprivoiser leurs complexes. Il y va de la survie du couple.

LES DERNIERS ACTES DE L’ÉRECTION

Trois heures du matin. Alors que la soirée de Léa et Florent s’est achevée sur une violente dispute, l’homme et son organe bien tendu sont priés de dormir sur le canapé. La pression aurait pu gentiment s’amollir dans leur sommeil mais c’était sans compter sur une visite qui gardera tous les sens en éveil.

Alexandra se présente face à Florent trempée et en larmes. L’amie du couple a subitement quitté Jean-Fab. Elle vient chercher du réconfort auprès de ceux qu’elle considère comme une référence dans la dure vie maritale. Une dure vie… c’est bien ce que va devoir encore subir, quelques heures, Florent. Et il va le faire avec grande maîtrise. En fait, tout au long de ce récit graphique, il gardera cette ligne de conduite qui fait de lui un personnage maladroit mais attachant. Aux intentions convaincues mais malhabiles. Dans le couple qu’il forme avec Léa, c’est lui qui tente de calmer la tempête.

LÉA, UNE FEMME ENTIÈRE

Sa femme, nous nous en sommes déjà aperçus, est une passionnée. Mais aussi une révoltée. Sa réaction générée par la situation dans laquelle se retrouve son amie, le prouve. Elle passe par tous les sentiments dans ce second opus de L’Érection. Toujours en proie au doute depuis que son mari a avoué son subterfuge, elle ne baisse pas la garde quand son amie se met à nu dans tous les sens du terme. Son attitude volcanique s’atténuera de brillante façon lorsque une aubaine va se présenter. Elle aura de plus, l’occasion de s’abandonner un bref moment. Le temps de comprendre que cette peur de vieillir, aussi légitime soit-elle, aura déclenché un comportement quelque peu disproportionné. Mais tellement fidèle à son caractère.

Et au milieu de cet imbroglio sentimental se trouve Alexandra. Son discours désespéré se consolide lorsqu’elle compare son échec amoureux à la parfaite harmonie qui règne entre Florent et Léa. C’est d’ailleurs l’élément déclencheur qui la poussera à abandonner le domicile conjugal. Ajouté à une jalousie injustifiée de Jean-Fab envers Florent, Alexandra espère être consolée auprès du couple bercé par cet équilibre tant convoité… Un comble quand on sait ce que traversent actuellement les deux personnages principaux.

JIM RESPECTE SES PERSONNAGES

Pour clore ce diptyque, Jim offre aux lecteurs une approche beaucoup plus légère qu’elle ne l’était dans le premier tome. L’évolution de Léa, son personnage féminin, n’y est pas pour rien. Le scénariste s’autorise quelques scènes proches du burlesque. Du pyjama porté par Alexandra, en passant par des répliques bien senties (l’auxèse empruntée à Cyrano de Bergerac pour qualifier la forme phallique de Florent, est récitée par le duo avec beaucoup d’humour), le scénariste de L’Érection en profite également pour laisser respirer ses personnages en les faisant sortir de leur appartement (idée salvatrice pour Léa, surtout). Certainement indispensable pour donner une chance au couple. Ainsi, exit le huis-clos étouffant de la première partie.

Au final, on a cette sensation que Jim laisse vaquer ses protagonistes sans que lui-même ne sache vraiment où ils vont. Ce n’est, bien évidemment, qu’une impression. Le final proposé étant en totale adéquation avec l’évolution de ce couple explosif.

LE TRAIT DE CHABANE BIEN INSPIRÉ

Lounis Chabane avait déjà réalisé dans les premiers actes de L’Érection, un album de très bonne facture. Il ne déroge pas à la règle pour terminer cette rocambolesque aventure. Dès la première (grande) case de cet album, le dessinateur décrit une rue paisible, silencieuse, endormie, qui va ingénieusement contraster avec le drame connu en tournant la page. Beaucoup de mouvements, de mises en scène, d’expressions sur les visages des héros, donnent une bonne dynamique à l’histoire. Sans oublier ce que nous avions déjà souligné antérieurement : le travail, à la couleur, parfait de Delphine. Ces quelques cases surprenantes d’un rouge « caliente » prouvent la belle complémentarité avec le duo d’auteurs.

L’Érection est une jolie histoire. Celle de deux êtres qui vieillissent ensemble, avec sont lot de perturbations et d’interrogations. On entre tout simplement dans leur intimité orageuse. Elle nous fait sourire car beaucoup d’humanité se dégage de cette relation. Et puis, il ne serait pas étonnant d’y trouver des points communs avec notre propre vie.

Transposable au théâtre, L’Érection devrait voir le jour au cinéma sous le titre La Surprise (comme l’a précisé Jim lors d’un récent entretien avec notre rédaction). Cette chronique sociale sans anicroche devrait copieusement s’apprécier avec un petit pot de miel à ses côtés…

Article posté le mardi 07 mars 2017 par Mikey Martin

Suite et fin avec L’Érection -2- par Jim et Chabane (Bamboo). Décrypté par Comixtrip, le site BD de référence
  • L’Érection : Livre 2
  • Auteur : Jim
  • Dessinateur : Lounis Chabane
  • Couleur : Delphine
  • Éditeur : Bamboo
  • Prix : 16,90 €
  • Parution : mars 2017

Résumé de l’éditeur : Léa vient de découvrir que son mari Florent prend du stimulant en cachette pour lui offrir, en cadeau d’anniversaire, une nuit de sexe mémorable. Une bonne surprise pour elle ? Pas si sûr. Florent a-t-il besoin de ça pour lui faire l’amour ? Lorsque la sexy Alexandra s’invite la nuit en pleine crise de couple, que les verres de shots s’enchaînent et que Léa, ivre, veut se prouver chez les voisins qu’elle peut encore plaire naturellement, Florent réalise combien la prise d’une petite pilule bleue peut avoir des conséquences insoupçonnables !

À propos de l'auteur de cet article

Mikey Martin

Mikey, dont les géniteurs ont tout de suite compris qu'il était sensé (!) a toujours été bercé par la bande dessinée. Passionné par le talent de ces scénaristes, dessinateur.ice.s ou coloristes, il n'a qu'une envie, vous parler de leurs créations. Et quand il a la chance de les rencontrer, il vous dit tout !

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