Les carnets de l’apothicaire nous emmène dans une histoire à mi-chemin entre la romance et le livre médicinal. Itsuki Nanao et Nekokurage dessinent la vie des femmes du harem impérial et d’une jeune apothicaire là presque par hasard.
L’apothicaire du harem
Mao Mao est servante dans la cour intérieur du palais impérial. Ce lieu, c’est la gigantesque cour où vivent les courtisanes sensées donner un enfant à l’empereur. Mais avant d’être servante Mao Mao vivait dans le quartier des plaisirs. Enlevée puis vendue elle se retrouve étrangement dans ce lieu bien plus luxueux que le précédent.
Sauf que Mao Mao n’était pas fille de joie, mais apothicaire. Elle n’est pas particulièrement altruiste, mais elle a un peu de sens moral. Alors lorsqu’elle apprend qu’aucun des bébés des courtisanes n’a survécu et que les deux seuls encore vivants sont malades, elle ne peut s’empêcher de réagir. Mao Mao sait identifier un mal, et la façon dont elle peut le réparer. C’est ainsi qu’elle se fait repérer par l’intendant de la cour intérieur : Shinji. Elle devient alors la 5e dame de compagnie de la favorite de l’empereur, Gyokuyo.
Mao Mao, les femmes puis l’homme
Mao Mao est un personnage solide. Elle attire tout de suite notre attention. Elle est maligne. le genre de personne qui comprend tout de suite les choses mais qui choisie de ne pas avoir d’opinion. Elle est cultivée, dynamique et attachante. Elle dégage une certaine originalité, tirée peut-être de sa désinvolture naturelle. On dirait parfois un savant fou.
La cour intérieur est le domaine des femmes et des eunuques. Les courtisanes sont là pour enfanter, les servantes là pour embellir les premières et les eunuques, parce-qu’ils ne « représentent aucun risque ». C’est un royaume de poudre au yeux et de sourire de façade. Mais les femmes du harem ont toutes des personnalités singulières, des secrets et des envies. On voit de loin des femmes lumineuses, tempétueuses, mystérieuses. Mais le premier tome ne permet pas de vraiment développer ces personnages. Elles ont encore beaucoup à dévoiler.
Quant à Shinji. Seul homme du harem à encore porter ses attributs masculins… C’est un personnage qui pour l’instant ne sort pas de l’ordinaire. Jinshi est un bel homme, intelligent, malicieux, charmeur, conscient de sa beauté, dont le travail consiste à mettre les femmes à l’épreuve sans se compromettre. Sans oublier qu’il doit les protéger et régler tous les menus problèmes de la cour intérieur. C’est l’intendant charmeur qui n’arrive pas à charmer l’héroïne. Rare femme à ne pas fondre devant lui.
Un seinen ou un josei ?
Les carnets de l’apothicaire est un manga délicat comme un shôjo (destiné aux jeunes filles), mais où règne une certaine tension sexuelle. Le désir charnel enveloppe l’histoire entière mais ne semble pas être destiné à aboutir, ni à susciter quoi que ce soit chez le lecteur. Ce n’est simplement pas le sujet. Mais c’est là que ce trouve l’aspect josei (destiné aux jeunes femmes) : dans la légèreté « mature » de l’univers du récit. Pourtant Ki-oon, l’éditeur, le classe en seinen (destiné aux jeunes hommes). Peut-être parce-que ce n’est pas « juste » une romance. A vrai dire, c’est un manga chargé de romantisme sans histoire d’amour. Le sujet principal de cette histoire, c’est bel et bien la médecine et l’herboristerie.
Les carnets de l’apothicaire
Bien qu’on rentre dans l’histoire très vite, on se demande pendant un moment où les auteurs veulent nous emmener. Mais une fois que Mao Mao prend la route de la cuisine, aliments aux multiples vertus sous le bras, on saisit. Comme Senku de Dr.Stone, Mao Mao est une scientifique. Une femme qui s’amuse de comprendre les merveilles du monde, les effets de telle ou telle plante, la conception de telle ou telle recette qui a tel bienfait, ou méfait. Une personne qui s’arme de patiente et d’un sourire enthousiaste lorsqu’elle se trouve face à un défi.
Elle nous emporte dans la confection de remède et de produit bien réel. C’est un plaisir pour les papilles et pour notre curiosité. Mao Mao fait preuve d’ingéniosité et cela en fait un manga très ludique.
Un roman et un manga
Les carnets de l’apothicaire est un manga à 4 mains. Ce fut d’abord un roman écrit par Natsu Hyuuga. Puis le story-board fut réalisé par Itsuki Nanao et le dessin par Nekokurage – dont le pseudonyme signifie littéralement « Chat-Méduse » – et Touco Shino pour les personnages. Une fine équipe qui nous montre un travail plein de promesse.
L’aspect littéraire persiste dans les premières pages. L’entrée dans l’histoire est très narrative. Mais on se laisse très vite emporter. Notamment grâce à un graphisme manga classique très doux et à une mise en page très immersive.
Le premier tome Des carnets de l’apothicaire montre un seinen sympathique qui pourrait bien devenir une série addictive. Le manga lance des idées intéressantes et se construit sur des personnages vifs, tendres et intelligents.
PS : En le lisant, gardez une tablette de chocolat à portée de main.
- Les carnets de l’apothicaire
- Scénaristes : Natsu Hyuuga et Itsuki Nanao
- Dessinateurs : Nekokurage et Touco Shino
- Éditeur : Ki-oon
- Prix : 7,90€
- Parution : 21 janvier 2021
- ISBN : 979-10-327-0778-4
Résumé de l’éditeur : À 17 ans, Mao Mao a une vie compliquée. Formée dès son jeune âge par un apothicaire du quartier des plaisirs, elle se retrouve enlevée et vendue comme servante dans le quartier des femmes du palais impérial ! Entouré de hauts murs, il est coupé du monde extérieur. Afin de survivre dans cette prison de luxe grouillant de complots et de basses manœuvres, la jeune fille tente de cacher ses connaissances pour se fondre dans la masse.
Mais, quand les morts suspectes de princes nouveau-nés mettent la cour en émoi, sa passion pour les poisons prend le dessus. Elle observe, enquête… et trouve la solution ! En voulant bien faire, la voilà repérée… Jinshi, haut fonctionnaire aussi beau que calculateur, devine son talent et la promeut goûteuse personnelle d’une des favorites de l’empereur. Au beau milieu de ce nid de serpents, le moindre faux pas peut lui être fatal !
À propos de l'auteur de cet article
Marie Lonni
"C'est fou ce qu'on peut raconter avec un dessin". Voilà comment les arts graphiques ont englouti Marie. Depuis, elle revient de temps en temps nous parler de ses lectures, surtout quand ils viennent du pays du soleil levant. En espérant vous faire découvrir des petites pépites à savourer ou à dévorer tout cru !
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