Éloïse attend le monstre qui lui sera attribué pour toute sa vie. Mais, ce n’est pas vraiment celui qu’elle espérait. Enzo Berkati imagine les premiers pas de ce duo dans Mauvais monstre. Entre réputation, rejet, regard des autres et puberté, cette nouvelle série jeunesse est vraiment intéressante et drôle.
T’as ton monstre ?
A la puberté, tous les individus reçoivent un monstre qu’ils garderont jusqu’à leur mort. Ces petits êtres sont souvent le reflet psychologique et de la personnalité de leur propriétaire.
Au collège, presque tout le monde a vu éclore son œuf avec son monstre. Tout le monde ? Non ! Pas Éloïse qui attend le sien. Il faut souligner que dans sa classe de 3eA, les filles populaires ont les monstres les plus stylés. Célie a Pandou, un panda roux kawaï mignon. Ce qui augmente encore son aura auprès des autres.
Machin, moche et méchant
En attendant, Eloïse peut compter sur Victor, amoureux d’elle en secret. Les deux s’entendent bien même s’ils sont souvent pris à partie par les petites frappes du coin.
En rentrant chez elle, l’adolescente découvre que son monstre a éclos. Créature à la peau sombre avec une couronne sur la tête, il est habillé en short et baskets. Mais le plus fort, c’est qu’il a un super pouvoir : il peut faire léviter les objets. Mais persuadée que c’est un mauvais monstre, Éloïse ne veut pas lui donner de nom. Ce sera Machin ! Pire, elle ne veut pas le montrer aux autres. Il devra se cacher dans son sac à dos lorsqu’elle est au collège…
Avoir un mauvais monstre, c’est pas le pied
Pour son premier album, Enzo Berkati réussit son entrée dans les univers de la bande dessinée jeunesse. Après trois ans de formation à l’Iconograf à Strasbourg, l’auteur, né en 1999, avait fait quelques incursions dans le 9e art en dessinant dans le journal Spirou ou pour le réseau Canopé.
Avec Mauvais monstre, Enzo Berkati peut ainsi aborder des thématiques liées à l’adolescence. Des thèmes universels comme le regard des autres, l’estime de soi, la popularité, la beauté, la réputation mais également la puberté et les premiers émois. Tout cela, il en parle toujours avec un grain de folie et de l’humour. Oui, Mauvais monstre est un récit drôle et rafraîchissant.
De la popularité au collège
Comme le montre l’album, les ados recevant leur monstre sont alors plus ou moins catégorisés. S’ils sont populaires, ils auront un monstre mignon, ce qui augmentera leur popularité.
Ce n’est pas le cas d’Éloïse et Victor. Ils sont un peu à part. Leur non-popularité leur apporte des tonnes de difficultés, entre moqueries et rejets. Mais la jeune adolescente ne se laisse jamais faire. Elle le fait fréquemment comprendre aux autres.
Mauvais monstre, drôles de daemons
Éloïse reçoit ainsi un monstre qui lui ressemble, un mauvais monstre. Elle serait donc rebelle ? Ces petits êtres fantastiques ressemblent d’ailleurs à ceux des romans de Philip Pullman, A la croisée des mondes. A la différence que ceux de l’auteur des Royaumes du Nord et La tour des anges sont attribués à la naissance.
Les changements physiques et psychologiques de l’adolescence sont donc matérialisés par ces monstres. Ils sont leur petite voix, leur conscience comme Jiminy Cricket. Celui d’Éloïse, elle s’en sert et inversement. Il l’entraine ainsi parfois dans des situations cocasses.
Mauvais monstre : un premier tome sympathique, drôle, rafraîchissant et mené tambour battant. Une belle surprise !

- Mauvais monstre, tome 1
- Auteur : Enzo Berkati
- Editeur : Glénat, collection Jeunesse
- Parution : 04 janvier 2023
- Prix : 15,50 €
- ISBN : 9782344049686
Résumé de l’éditeur : Mauvais monstre mais bon compagnon?Dans un monde où tout individu obtient, au moment de sa puberté, un petit monstre qui l’accompagnera toute sa vie, Éloïse, comme tous les ados de son âge, attend l’éclosion de l’oeuf qui donnera naissance au sien. Surtout depuis que Célie, la coqueluche de la classe, vient d’obtenir Pandou, évidemment le monstre le plus mignon de tout le collège. Problème: Éloïse va, elle, finalement se retrouver affublée d’un «mauvais monstre» pas mignon du tout, que l’on associe généralement aux personnalités maléfiques et que l’on prétend doté de dangereux pouvoirs paranormaux… Hors de question de donner un nom à cet horrible «Machin», et encore moins de le montrer aux autres! Déjà en marge du collège, comment Éloïse va-t-elle gérer cette fâcheuse situation? Pourra-t-elle cacher son secret longtemps? Et surtout, usera-t-elle des pouvoirs de son mauvais monstre pour de bonnes raisons? À la fois comédie teenage et récit initiatique du quotidien, Mauvais Monstre trouve le ton juste pour raconter la réalité des ados d’aujourd’hui. Par le fantastique de ces monstres qui peuvent rappeler les daemons de À la Croisée des mondes, cette série offre un prisme léger pour questionner notre rapport à l’image, au regard des autres, à la notion de beauté et de réputation, qui sont des considérations désormais centrales chez les jeunes.
À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau
Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une trentaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée) et co-responsable du prix Jeunesse de cette structure. Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip. Damien modère des rencontres avec des autrices et auteurs BD et donne des cours dans le Master BD et participe au projet Prism-BD.
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