Menotte & Quenotte

Adolescent orphelin vivant dans un bâtiment désaffecté, Menotte se lie d’amitié avec Max, un jeune garçon. Ils vivent d’étonnantes aventures sous les pinceaux de Michel Esselbrügge dans Menotte & Quenotte, une très belle quête d’identité aux éditions L’employé du moi.

Menotte & Quenotte : tandem de choc

Menotte est un jeune ado en déshérence. Orphelin, il a fui le foyer dans lequel il était placé pour occuper un bâtiment désaffecté dans une forêt. Son compagnon d’infortune, c’est Quenotte, son chien aux dents acérées, sur le dos duquel il monte pour fendre l’air.

Lorsqu’il en éprouve le besoin, l’index de sa main gauche grandit. Ce doigt immense lui permet de crocheter des serrures pour ses méfaits. Avec son fidèle compagnon, ils forment un tandem de choc, allant de larcins en vols.

Max et son crapaud, amis pour la vie

Menotte a aussi un ami : Max. Jeune garçon vivant avec ses parents dans une belle maison, il possède aussi un animal de compagnie : un crapaud qui se transforme en pierre lorsqu’il le lance.

Le couple va mal, se fâche et Max en fait les frais. Lui, préfère traîner avec Menotte & Quenotte et faire les 400 coups…

Menotte & Quenotte : en quête de sens et d’identité

Encore une fois, les éditions L’employé du moi nous impressionnent avec la qualité et la singularité des albums qu’ils publient. Cette petite structure bruxelloise édite peu mais toujours bien. Sa ligne éditoriale est claire, simple mais ô combien ambitieuse et précieuse.

Après la série des Michel, Chroniques cliniques, Pauvre Sidney ou L’âge dur, Sacha Goerg et Max de Radiguès traduisent Menotte & Quenotte, un album fort de Michel Esselbrügge.

Sous son aspect de conte moderne, ce chronique sociale renferme de nombreuses thématiques universelles. Ainsi, la bande dessinée est construite comme une quête d’identité, le façonnement de la personnalité de deux gamins perdus.

Menotte & Quenotte : gamins à la dérive

S’ils ne sont pas issus du même milieu social – l’un est orphelin, l’autre est fils unique d’un couple aisé – Menotte & Max ont pourtant de nombreux points communs. Ils se ressemblent sur leur volonté de liberté. Menotte fuit l’orphelinat, max fuit un quotidien fait de disputes parentales.

Accompagnés de daemons/animagus (animaux doués de pouvoirs magiques), ils écument la région en quête de bêtises et autres interdits.

Premiers émois

Dans ce monde où les adultes sont invisibles, Menotte et Max se forgent leur propre identité, seuls. ils dérivent et s’amusent ensemble sans se soucier des autres. Ils grandissent ensemble et dans l’adversité.

Leur apprentissage de l’autonomie est décuplée par leur combat contre les 3 de la Bande du chêne mais également par leurs premiers émois. Leurs troubles sexuels les forgent mais les déstabilisent également. Attirance pour une fille, pour un garçon, peu importe, il y a l’autre.

Menotte et Max sont rebelles et rêvent d’un monde meilleur, sans les adultes. Ils veulent s’émanciper de l’autorité.

Noir et blanc hypnotique

Menotte & Quenotte bénéficie de la grande force graphique de Michel Esselbrügge. Né en 1990, l’auteur allemand sait manier avec habileté les noirs et les blancs. Hypnotiques, ils aimantent les lecteurs.

Rehaussées de trames et de hachures, les planches sont d’une redoutable efficacité. Pour son premier album, Michel Esselbrügge réussit un coup de maître. Menotte & Quenotte : c’est intelligent et fort émotionnellement.

Article posté le lundi 01 février 2021 par Damien Canteau

Menotte & Quenotte de Michel Esselbrügge (L'employé du moi)
  • Menotte & Quenotte
  • Auteur : Michel Esselbrügge
  • Editeur : L’employé du moi
  • Prix : 16 €
  • Parution : 14 janvier 2021
  • ISBN : 9782390040705

Résumé de l’éditeur : Menotte s’est enfui de son foyer, il vit depuis avec son chien Quenotte dans un bâtiment désaffecté à l’orée de la forêt. Orphelin, il survit de menus larcins et de cambriolages. Grâce à son doigt qui peut s’allonger à l’infini et aux dents aiguisées de son petit compagnon, aucune serrure ne leur résiste ? ! Dans les parages, il y a aussi Max et son crapaud. Malgré leur différence d’âge, Menotte finit par se lier d’amitié avec lui. Ensemble, ils occupent leur journée à arpenter les terrains vagues lugubres et les friches industrielles de la ville déserte. Pour tromper l’ennui, ils balancent des pierres aux passants et ça les fait bien marrer. Au fil de leurs errances, ils finissent par tomber sur le campement des trois de la bande du Chêne et s’empressent de le saccager. C’est le début des hostilités entre les deux clans ? ! Dans cette Guerre des boutons désenchantés, il y a surtout un combat pour l’émancipation. Adolescents dans la marge, livrés à eux-mêmes dans le monde des adultes invisibles, ils s’inventent leurs propres identités et construisent leur mythologie. Au coeur de cette utopie ingénue, la maturité surgit parfois là où on ne l’attend pas, à travers la rébellion, la fraternité, l’amour ou encore les prémices d’une organisation de vie autonome. Menotte & Quenotte est le premier long récit de Michel Esselbrügge, jeune auteur allemand que l’on avait pu lire en français pour la première fois, il y a quelques années, à L’employé du moi avec L’usine à tête de gras dans la collection Vingt-Quatre.

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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