Nostromo

Le dessinateur Maël adapte Nostromo, la grande fresque littéraire du romancier britannique Joseph Conrad. Premier volet d’un dyptique proposé par Futuropolis.

Nostromo de Maël (éditions Futuropolis)

Bienvenue au Costaguana

Une province isolée dans un pays imaginaire, le Costaguana, mais que l’on situe sans peine en Amérique du Sud. Voilà planté le décor de Nostromo, le roman-monde de l’écrivain britannique Joseph Conrad dont on célèbre cette année le centenaire de sa disparition. Publié en 1904, tout à la fois roman d’aventures, roman politique et désabusé sur les passions humaines, Nostromo, en italien Nostro uomo, notre homme, fait aujourd’hui l’objet d’une belle adaptation dessinée.

C’est le dessinateur Maël, déjà auteur d’une quinzaine de titres qui relève ce défi, soutenu par l’éditeur Futuropolis.

Nostromo de Maël (éditions Futuropolis)

Un homme sombre

Résumer Nostromo – le roman- relève de la gageure, tant il foisonne de personnages et d’histoires imbriquées les unes dans les autres, où l’auteur joue avec les temporalités et les changements de registres. Le récit dessiné que propose aujourd’hui Maël se veut plus linéaire, facilitant ainsi la lecture.

L’une des figures centrales reste toutefois ce Nostromo, de son vrai nom Gian’ Battista, marin génois qui débarque un jour dans la vieille ville de Sulaco, nichée au fond du  » Golfo Placido, temple majestueux ouvert sur l’océan, avec ses murailles de montagnes tendue d’une draperie funéraire de nuages « . 

Cet homme sombre et ténébreux aux allures de guérillero mexicain semble poursuivre un unique but, servir les puissants et se couvrir de gloire à bon compte. Recruté pour gérer les activités du port, mais sollicité pour à peu près tout, il est fort, courageux, fidèle et honnête. Mais il est aussi vaniteux, conscient de sa valeur…

Et dans un pays ravagé par les coups d’état, les complots et les guerres, il va devoir se montrer tel qu’il est, emporté dans le tourbillon de la révolution. Car à Sulaco, c’est la mine d’argent qui attise toutes les convoitises. Nostromo devra choisir: rester cet homme incorruptible qu’il donne à voir ou bien céder aux puissances de l’argent et se ranger du côté des plus forts…

Nostromo de Maël (éditions Futuropolis)

Entre épopée et western

Bien qu’exigeante, la lecture de ce récit dessiné reste des plus attachantes. Le trait fin de Mael, son fameux « tremblé », son travail minutieux des couleurs à l’aquarelle et aux lavis donnent vie aux décors somptueux d’une Amérique imaginée, aux visages tourmentés des personnages.

On pense ici aux westerns de Sergio Leone mais aussi aux aventures de Corto Maltese et de Blueberry. Autant de figures tutélaires dont certaines sont chères à l’auteur. Pour en savoir plus, une postface, rédigée par l’historien Sylvain Venayre replace les événements évoqués dans le récit de Conrad.

Car si le Costaguana est bien un pays imaginaire, le continent dans lequel il est situé ne l’est pas. Au début du XXe siècle, l’Amérique du Sud est encore un Eldorado pour lequel s’ouvrent bien des appétits de puissance et de fortune. Nostromo sera-t-il dévoré par ces « passions tristes »? On attend avec intérêt la suite et la fin de ses aventures.

Article posté le samedi 05 octobre 2024 par Jean-Michel Gouin

Nostromo de Maël (éditions Futuropolis)
  • Nostromo, premier livre
  • Auteur : Maël, d’après l’œuvre de Joseph Conrad
  • Editeur : Futuropolis
  • Prix : 24 €
  • Parution : 21 août 2024
  • Nombre de pages : 128
  • ISBN : 9782754815857

Résumé de l’éditeur : Épique, héroïque et sombre : l’action se passe au XIXe siècle, dans un pays fictif d’Amérique du Sud, le Costaguana. Le nœud de l’histoire se situe autour de la réussite ou de l’échec de la tentative de sécession de Sulaco : cette petite ville portuaire du Costaguana, jusqu’alors épargnée par les troubles, tient sa prospérité et sa relative indépendance de sa situation géographique bien abritée et surtout de la mine d’argent de San Tomé. Cette mine est gérée par Charles Gould, le « roi de Sulaco ».
Dans ce Costaguana régulièrement agité de soubresauts révolutionnaires, deux généraux putschistes, les frères Montero, provoquent une guerre larvée contre le gouvernement légal du président Ribiera, fidèle ami de Charles Gould. Les notables de Sulaco, craignant de devoir passer sous la coupe de ces généraux brutaux, décident d’envoyer des troupes pour soutenir le parti ribiériste et de mettre l’argent de la mine à l’abri… Ils confient les lingots d’argent au seul homme en qui ils ont confiance : Nostromo, un marin italien devenu le Capataz de Cargadores, c’est-à-dire le chef des dockers de Sulaco…

À propos de l'auteur de cet article

Jean-Michel Gouin

Passionné par l'écrit, notamment l'histoire, la littérature policière et la bande dessinée, Jean-Michel Gouin a été journaliste radio et presse écrite pendant une trentaine d'années à Poitiers.

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