Pyongyang Parano

Pyongyang Parano relate le voyage de deux journalistes infiltrés en Corée du Nord, le pays le plus fermé du monde. Un récit tragi-comique inspiré d’une histoire vraie.

Pyongyang Parano de Emmanuelle Delacomptée, Antoine Dreyfus et Fanny Briant (éditions Marabulles)

Un rendez-vous manqué

Pour Alex, journaliste d’investigation au Véridique, un quotidien qui se vante d’être « premiers sur les scoops », tout a bien mal commencé. Il vient pourtant de décrocher un entretien avec Bachar-El-Assad, mais il a oublié de faire sa demande de visa… Sous la menace d’une mise à la porte, il lui faut vite se racheter auprès de son employeur et trouver une idée de sujet.

Ce sera la Corée du Nord et l’espoir d’approcher Kim Jong-Un, dictateur d’un des pays les plus fermés du monde. Ainsi débute Pyongyang Parano, un roman graphique de 125 pages publié l’automne dernier chez Marabulles.

Ce récit, scénarisé par Emmanuelle Delacomptée et Antoine Dreyfus, journaliste, est inspiré de faits réels. En 2008, ce dernier s’était en effet rendu en Corée du Nord, infiltrant un voyage d’affaires en se faisant passer pour un négociant en chocolat. Pour donner corps à cette histoire, le duo s’est adjoint les services de la dessinatrice Fanny Briant.

Pyongyang Parano de Emmanuelle Delacomptée, Antoine Dreyfus et Fanny Briant (éditions Marabulles)

 

Incollables sur le chocolat

Alex va donc partir en Corée avec une autre journaliste, Marise, qui connaît un peu ce pays pour s’y être déjà rendue, infiltrée elle aussi dans un voyage d’affaires. Car c’est bien le seul moyen qui reste à leur disposition. Les journalistes étrangers ne sont pas les bienvenus dans la République populaire démocratique de Corée.

Alors ils se fabriquent une couverture, créent un faux site internet, des cartes de visites, apprennent tout ou presque ce qu’un bon négociant doit connaître du chocolat. Via les bons offices d’un certain Alejandro, un espagnol fondateur de la KFA, la Korean Friendship Association, ils espèrent rencontrer le dirigeant et découvrir « la vraie Corée, celle qu’on nous cache ».

Pyongyang Parano de Emmanuelle Delacomptée, Antoine Dreyfus et Fanny Briant (éditions Marabulles)

Des obstacles insurmontables

Une fois sur place, intégré à un groupe d’hommes d’affaires, le duo de faux négociants va de surprises en déconvenues. Des guides coréens les suivent comme leur ombres, interdisant les échanges avec la population, les photos, les conduisant sur les lieux de visites obligatoires, de réunions en réunions qui ne mènent à rien de concret. On est dans un pays fermé dans lequel les interdits sont légion, et en premier lieu pour ses habitants. De l’interdiction de porter des vêtements en cuir à celui de se suicider, c’est aussi, hors de la capitale désertée par les voitures, que le voyage se poursuit. On voit des monuments dédiés à la gloire du grand dirigeant, des usines sans matériaux, des campagnes qu’on devine sans ressources…

Pyongyang Parano de Emmanuelle Delacomptée, Antoine Dreyfus et Fanny Briant (éditions Marabulles)

« On vient à douter de tout »

Les informations et les données distillées par les auteurs, bien que parcellaires et sans doute un peu anciennes (le récit s’inspire d’un voyage entrepris en 2008) sont toutefois éloquentes. La Corée du Nord figure sur la liste des pays classés par PIB par habitant à la 195 e place. « Pourtant, ajoute Marise, bizarrement elle a quand même des ressources ! Alors d’où provient l’argent ? »

Les huit jours passés dans le pays par Alex et Marise ne suffiront pas, bien sûr, à lever tous les mystères. D’autant qu’on le devine, une dictature ne peut vivre que soutenue par une répression féroce et une propagande forcenée. « On en vient à douter de tout, résume Alex, jusqu’aux températures affichées par la météo à la télé ».

Au final, après quelques sueurs froides, le duo d’enquêteurs finira par quitter ce pays sans trop de dommages. Et surtout sans être démasqués. Ont-ils pu approcher le dirigeant ? On laissera au lecteur le soin de le découvrir.

Ce Pyongyang Parano se lit d’une traite. On entre facilement dans cette histoire tragicomique que le graphisme simple et fluide de Fanny Briant rend aussi agréable. Une découverte.

Article posté le dimanche 05 janvier 2025 par Jean-Michel Gouin

Pyongyang Parano de Emmanuelle Delacomptée, Antoine Dreyfus et Fanny Briant (éditions Marabulles)
  • Pyongyang Parano. Deux journalistes infiltrés en Corée du Nord
  • Scénaristes : Emmanuelle Delacomptée et Antoine Dreyfus
  • Dessinatrice : Fanny Briant
  • Editeur : Marabulles
  •  Prix : 23,95 €
  • Parution : 13 novembre 2024
  • Nombre de pages : 128
  • ISBN : 9782501182980

Résumé de l’éditeur : Deux journalistes d’investigation, Alex et Marise, infiltrent un voyage d’affaire en Corée du Nord en se faisant passer pour des négociants en chocolat.
Une idée culottée pour tenter de croiser Kim Jong Un.

Nos deux héros, pas plus confiseurs qu’espions, ne sont pas au bout de leurs surprises. Inspiré de l’histoire vraie d’Antoine Dreyfus, ce séjour dans le pays le plus fermé du monde permet d’en saisir toute la dimension tragi-comique, aussi ubuesque que redoutable.

À propos de l'auteur de cet article

Jean-Michel Gouin

Passionné par l'écrit, notamment l'histoire, la littérature policière et la bande dessinée, Jean-Michel Gouin a été journaliste radio et presse écrite pendant une trentaine d'années à Poitiers.

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