Sonata

Pour avoir la main mise sur la planète Perdita, deux peuples se lancent dans un affrontement qui ne semble pouvoir les mener qu’à leur perte. Parmi eux, deux jeunes gens vont être amenés à s’illustrer. Parviendront-ils à s’unir pour surmonter les épreuves ? Tel est l’enjeu du premier tome de Sonata, une magnifique aventure parue aux éditions Delcourt.

LE MONDE PERDU.

Dans un univers où les ressources viennent à manquer, les peuples sont contraints de visiter de nouvelles planètes pour assurer leur survie.

C’est ainsi que les Rans, le peuple optimiste et pacifique, a découvert Perdita, un véritable paradis. Et c’est là qu’ils vivent désormais en harmonie avec leur environnement, conscients que le respect dû au monde qui les héberge n’est pas un vain mot.

En sept ans, ils ont développé des colonies et ont appris à chevaucher les majestueux thermasaurs, ces montures volantes issues d’un autre âge. Mais surtout, ils ont tissé des liens avec le peuple indigène que sont les Lumanis, des autochtones dont l’allure imposante et primitive contraste avec le caractère placide. Ces créatures leur ont montré le fonctionnement de leur planète et l’équilibre qui consiste à respecter toute vie, des agressifs grimkats aux majestueux géants endormis, ces créatures de légende que d’aucuns considèrent comme d’anciens dieux.

Mais un jour, les belliqueux Tayans, venus de la planète Taya avec leur technologie et leurs armes perfectionnées mettent le pieds sur Perdita avec la ferme intention d’en faire une de leurs colonies et de ne concéder aucun partage.

La diplomatie patriarcale ayant rapidement échoué, l’affrontement semble inéluctable.

Pourtant, par un concours de circonstance, trois jeunes : Treen le Lumani, Pau le Tayan et Sonata la Ran, sont projetés dans une aventure inattendue qui les mènera aux confins de la planète Perdita.

Petit à petit, les masques vont tomber, les carapaces vont se fissurer et les certitudes d’un jour vont laisser place à des interrogations nouvelles.

Sonata, UNE mosaïque D’INSPIRATIONS.

Bien entendu, pris de manière indépendante, les éléments constituant l’intrigue et l’univers de Sonata évoquent des histoires connues. Ainsi, ce monde où se mêlent science-fiction, steam-punk et conscience écologique peut faire penser à Avatar de James Cameron ou à certains films d’Hayao Miyazaki. De la même manière, l’exploitation de certains personnages secondaires ayant fonction de faire-valoir humoristique rappelle la mécanique de dessins animés pour enfants.

Tout cela est entendu et par ailleurs parfaitement assumé.

En effet, c’est par le savant mélange de tous ces éléments que Brian Haberlin et David Hine signent un récit passionnant tout en parvenant à créer un univers orignal et une intrigue haletante.

Ainsi, en élaborant une histoire bien plus subtile qu’il n’y paraît, le duo parvient petit à petit à dissiper un manichéisme de façade, en dévoilant des parts d’ombre chez les personnages et en ménageant quelques coups de théâtre parfaitement dosés.

Pour son plus grand plaisir, le lecteur se retrouve rapidement emporté dans un tourbillon qui semble encore réserver de nombreuses surprises.

Mais pour parfaire cette œuvre audacieuse et rendre cohérents tous les détails évoqués, il fallait une partie graphique à la hauteur du projet.

DES DESSINS D’EXCEPTION.

Cette tâche est parfaitement remplie par Brian Haberlin en personne, qui livre une prestation de très grande qualité.

Les personnages sont parfaitement caractérisés et reconnaissables, quelles que soient les situations dans lesquelles ils vont se retrouver.

La faune et la flore de Perdita sont représentées avec minutie pour créer une ambiance à la hauteur des ambitions du scénario.

Mais par-dessus tout, ce qui frappe visuellement, c’est la capacité qu’a le dessinateur à dynamiser les scènes et à donner une profondeur aux décors pour créer un effet à couper le souffle.

Certaines pages donnent à proprement parler le vertige et s’admirent comment des œuvres à part entière.

Pour parvenir à ce rendu d’exception, Brian Haberlin est plus que secondé par la mise en couleurs de Geirrod Van Dyke. L‘association des deux artistes, qui avaient déjà fait des merveilles sur Medieval Spawn & Witchblade, est une nouvelle fois une réussite.

Les textures, les ombres, les nuances donnent une profondeur aux planches et l’aspect numérique donne une réelle plus-value aux dessins, en parfaite cohérence avec l’ambiance qui se dégage de l’œuvre.

Mais ce n’est pas tout…

UNE EXPÉRIENCE VISUELLE.

Brian Haberlin, qui est décidément au centre de la création de l’œuvre, a plus d’une corde à son arc : outre ses talents de scénariste et de dessinateur, il est aussi membre d’Anomaly Productions qui réalise des livres illustrés par réalité augmentée.

Avec Sonata, il réalise la somme de ses talents puisque ce comic book bénéficie d’une valorisation technologique renversante.

En effet, en téléchargeant une application gratuite sur l’App Store ou sur Google Play, on bénéficie d’une expérience de lecture nous plongeant en pleine science-fiction.

Ainsi, en survolant l’écran au-dessus des pages, on verra apparaître différents jeux d’arcade (amusants, tout en étant anecdotiques), mais on aura aussi la possibilité de découvrir les planches en crayonné ou en noir et blanc par un simple balayage de l’écran.

Enfin, et c’est sans doute ce qui est le plus impressionnant, certaines couvertures permettent de faire apparaître en plein milieu de notre salon un thermasaur ou encore de faire sortir de la page un grimkat menaçant.

En un mot : renversant !

Sous de faux airs simplistes, Sonata est une œuvre d’une richesse incroyable. Son scénario haletant, associé à des dessins particulièrement réussis pourraient suffire à en faire une série digne d’intérêt. Mais en ajoutant une expérience révolutionnaire de réalité augmentée, Brian Haberlin frappe très fort et nous donne une furieuse envie de découvrir la suite de ces aventures.

Article posté le jeudi 05 novembre 2020 par Victor Benelbaz

Sonata tome 1 de Brian Harbelin et David Hine (Delcourt)
  • Sonata, tome 1 : La vallée des dieux
  • Scénariste : David Hine
  • Dessinateur : Brian Harbelin
  • Coloriste : Geirrod Van Dyke
  • Éditeur : Delcourt, collection Contrebande
  • Prix : 16,50 €
  • Parution : 09 septembre 2020
  • ISBN : 9782413024750

Résumé de l’éditeur : Deux peuples et deux cultures s’affrontent sur une planète que chacun croit être sa terre promise. Les Rans sont un peuple épris de paix en phase avec la nature, mais les Tayans sont une race de guerriers qui cherchent à coloniser, à contrôler et à détruire. Les mystérieux géants endormis habitent aussi cet endroit, mais personne ne sait s’ils sont des monstres ou des Dieux de la légende. Au milieu de tout cela, une jeune femme nommée Sonata est prête à enfreindre toutes les règles pour trouver sa place au sein de ce monde.

À propos de l'auteur de cet article

Victor Benelbaz

Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.

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