The Department of Truth 03

Les organisations les plus secrètes ont leurs origines. Dans le troisième tome de la série événement The Department of Truth, James Tynion IV continue à suivre la piste du département de la vérité en remontant à travers les âges.

The Department of Truth : « On a tiré sur Oswald ».

Le 24 novembre 1963, Lee Harvey Oswald, le principal suspect dans l’assassinat du président des Etats Unis, John Fitzgerald Kennedy, meurt, assassiné. À 11h21, en direct sur CNN, le monde entier assiste à la scène.

« On a tiré sur Lee Oswald. J’aperçois un homme armé… La panique est à son comble. La panique est à son comble dans le sous-sol du quartier général de la police de Dallas. Des inspecteurs ont sorti leurs armes. On a tiré sur Oswald. Cela ne fait aucun doute. On a tiré sur Oswald. »

Ainsi, avant même que la moindre instruction judiciaire n’ait pu être menée, un certain Jack Ruby a fait taire à jamais celui que tout le monde voulait entendre.

Tout le monde connaît l’histoire…

Et pourtant, quelques jours plus tard, le jeune homme de 24 ans se retrouve dans les sous-sols d’un bâtiment qui officiellement n’existe pas, à regarder une rediffusion de sa propre mort.

« – Bon… Et maintenant ? Il se passe quoi ?

    – Tu es mort, Lee. Donc il se passe que tu vas de voir le rester. »

Enfermé dans les archives secrètes du Département de la Vérité, Oswald n’aura plus qu’une seule occupation : lire l’Histoire, celle à laquelle personne, ou presque, n’a accès.

The Department of Truth : les origines.

Dans le second tome de The Department of Truth, on avait laissé l’agent Turner en compagnie – bonne ou mauvaise, difficile de trancher – de l’énigmatique Hawk. A la poursuite du Black Hat, la recherche de la Vérité les avait menés sur les traces du Big Foot.

Et c’est à ce moment précis que James Tynion IV décide de faire une pause dans la narration pour revenir aux origines de la Vérité, ou du Mensonge. Tout dépend du point de vue. Aussi, par le biais d’une astuce scénaristique extrêmement efficace, le lecteur va découvrir, en même temps que Lee Harvey Oswald, les textes fondateurs du département de la Vérité.

Ainsi, les plus grands mythes de la conspiration seront abordés. Des origines de la chrétienté dans l’empire romain aux Hommes en noir, en passant par l’homme papillon et les OVNIS, James Tynion IV réalise un panorama absolument vertigineux. Et pour faciliter leur appréhension, le talentueux scénariste use d’un autre stratagème lui aussi diablement efficace.

L’art de la variation.

Toutes les histoires évoquées dans ce volume n’ont qu’un seul point commun : être lues par Lee Harvey Oswald. Aussi n’était-il pas nécessaire d’adopter une quelconque unité, qu’elle soit narrative ou graphique. Et cela, James Tynion IV, en fin conteur d’histoire, en a pleinement conscience.

On découvre alors que l’absence d’unité peut être une force. A condition qu’elle soit utilisée comme un ressort scénaristique en cohérence parfaite avec le fond de l’histoire.

Un chapitre, une ambiance, une « déviation ».

Au programme du volume : six chapitres et six ambiances. Le premier servant de justification aux cinq suivants, il présente la « disparition » d’Oswald. Les autres prennent la forme de dossier secrets, de « variations » par rapport aux dogmes. Et ici, le maître mot est effectivement « variété ». En effet, chaque chapitre est différent du précédent, tant par la forme que par l’identité graphique. Manuscrit de la fin du premier millénaire, retranscription d’un interrogatoire…

Les supports changent et constituent tous une pièce de l’immense puzzle que James Tynion IV élabore sous nos yeux. Mais bien conscient de la complexité de l’entreprise, il nous aide en faisant appel à des artistes différents pour chaque chapitre. Ainsi, on se laisse guider par la diversité des styles d’Elsa Charretier, Tyler Boss, John J. Pearson, David Romero, Alison Sampson et Jorge Fornés (Rorschach). La cohérence de l’ensemble étant toujours assurée par Martin Simmonds qui se charge des exceptionnelles couvertures des chapitres.

 

Chez James Tynion IV, pause dans le récit ne signifie pas pause dans la réflexion. Ainsi, le personnage principal, Cole Turner, est absent du troisième de la série. Et pourtant, on continue à avancer dans la découverte des secrets. Car ce sont eux qui ont construit le Monde libre que nous connaissons, ou plutôt que nous croyons connaître.

Article posté le vendredi 31 mars 2023 par Victor Benelbaz

The Department of Truth de James Tynion IV et Martin Simmonds (Urban comics)
  • The Department of Truth – Monde libre
  • Scénariste : James Tynion IV
  • Dessinateur : Martin Simmonds, Elsa Charretier, Tyler Boss, John J. Pearson, David Romero, Alison Sampson, Jorge Fornés
  • Coloriste : Martin Simmonds, Matt Hollingsworth, Roman Titov, Jordie Bellaire.
  • Traducteur : Maxime Le Dain
  • Editeur : Urban Comics
  • Collection : Urban Indies
  • Prix : 19 €
  • Parution : 27 janvier 2023
  • ISBN : 9791026824213

Résumé de l’éditeur : L’age

À propos de l'auteur de cet article

Victor Benelbaz

Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.

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