En rejoignant les éditions Oxymore, Jean-Luc Istin est arrivé avec quelques certitudes issues de ses années chez Soleil. La puissance commerciale des séries concepts en est une. Le voici donc avec une nouvelle création, Titans tome 1 – Iris, signé par deux fidèles, le scénariste Olivier Péru et le dessinateur Laci. La guerre Titans/Dieux de l’Olympe, match retour, c’est parti !
TITANS TOME 1 : CETTE SPARTIATE VA EN METTRE PLEIN LA VUE !
Iris est la fille du roi de Sparte. Elle a obtenu le droit de porter la cape rouge des guerriers de sa ville, elle se bat pour elle, sur le champ de bataille comme aux jeux de Corinthe. Une épreuve de Pancrace à l’enjeu relevé. Athènes et Sparte ont décidé de miser le destin d’une île sur la finale du tournoi. Iris pensait ne pas pouvoir perdre, mais son adversaire était mystérieusement trop vaillant. Mais pour Sparte, elle a perdu et est donc exilée. Pourtant, ce duel cachait bien plus que ce qu’Iris pensait.
UN CONCEPT BIEN RÔDÉ
Quatre albums, quatre équipes narratives, quatre femmes destinées à devenir des déesses. La formule est désormais classique pour des séries de fantasy, elle a fait ses preuves. Après Elfes et ses déclinaisons, les Maîtres inquisiteurs, Jean-Luc Istin remet le couvert, avec le soutien du dessinateur Sébastien Grenier. La proposition est alléchante. Rejouer la guerre entre les Titans et les dieux de l’Olympe, par l’entremise de mortelles magiquement renforcées, la proposition est alléchante.
Pour ce tome 1, deux artistes solides sont aux commandes. Le romancier et scénariste Olivier Péru, avec plus de vingt ans d’écriture derrière lui, sait s’y prendre. Le récit est bien construit, les textes percutants et l’héroïne attachante. Péru joue avec les codes des Spartiates pour nous offrir l’apogée, la déchéance et la rédemption d’une humaine dépassée par des forces divines. Ce parcours convient très bien aux mythes grecs antiques.
UN DESSINATEUR SOMBRE ET TALENTUEUX POUR TITANS TOME 1
Laci, déjà passé sur les précédentes séries concepts d’Istin, est un excellent choix pour lancer une nouvelle licence. Son trait est constant, précis et affuté. Les lecteurs amateurs de bande dessinée franco-belge de fantasy classique seront absolument réjouis de son travail. Car il se montre tout à fait à l’aise dans les scènes de combat, insufflant une belle dynamique au récit et une véritable puissance aux personnages. De plus, il s’offre en plus un encrage sombre, marqué, qui convient parfaitement à l’ambiance poisseuse voulue par l’histoire. Les couleurs numériques d’Arif Prianto correspondent désormais à une norme bien établie sur ce genre de série de fantasy sombre et réaliste.
TITANS TOME 1 EST-ELLE UNE BD FÉMINISTE ?
Avec une héroïne badass, on pourrait penser a priori que Titans tome 1 soit une BD féministe. Les hommes peuvent écrire des récits féministes.
Pour vérifier cela, il suffit de pratiquer une petite expérience. Faire de l’héroïne un personnage masculin et voir ce que cela change. Et malheureusement… cela ne change rien. Oui, une femme est mise en avant. Le scénario propose une véritable héroïne. Mais fondamentalement, elle agit comme un homme l’aurait fait dans les mêmes circonstances
Proposer le récit d’une femme d’armes pendant la Grèce antique est sans nul doute une bonne idée, pour contrebalancer les mythes très masculins. Assurément, les demi-dieux, on connaît, les demi-déesses, rarement. Oui, il s’agit ici de créer des personnages relativement défaillants dans la littérature. Malheureusement, le genre d’Iris n’est pas réellement exploité, en dehors d’une séquence de menace de viol. Elle se bat comme un homme, à égalité avec les autres Spartiates. Elle subit les jugements du roi avec la même dureté qu’un autre Spartiate. Déchue, elle se bourre la gueule et se bat dans les tavernes, comme un homme.
Mais donc, quel intérêt à en faire une femme ? En dehors du concept marketing ? Elle est là pour conquérir, pour combattre. Et ce sont des objectifs d’hommes de l’Antiquité, pas de femmes. Il est dommage qu’Olivier Péru exploite comme seule spécificité féminine le rapport à la violence sexuelle. Et encore, sans trop s’attarder dessus, juste en passant.
Mais dans une histoire d’affrontement entre le plus phallocrate des dieux et ses prédécesseurs, pouvait-il faire autrement ? Pouvait-il offrir un récit sur la conciliation ? Sans doute pas.
EST-CE QU’ÊTRE MARKETÉ, C’EST MAL ?
Titans tome 1, d’Olivier Péru et Laci, publié par Oxymore Éditions, a donc toutes les chances de connaître un joli succès en librairie. C’est une proposition bien conçue, adaptée au public qu’elle vise, et bien exécutée. On a envie de découvrir les autres histoires à venir. On aurait aimé juste un peu moins d’efficacité et un peu plus de nuance…
- Titans, tome 1 : Iris
- Scénariste : Olivier Peru
- Dessinateur : Laci
- Coloriste : Arif Prianto
- Editeur : Oxymore Éditions
- Prix : 15.95€
- Parution : 22 mai 2024
- Pagination : 56 pages
- ISBN : 9782385610456
Résumé de l’éditeur : Redécouvrez l’Antiquité´au travers de la guerre oubliée entre les dieux et les titans. Du sang et des larmes… Et encore du sang. Vachement de sang. Iris, guerrière invaincue de Sparte, fait la fierté´ des siens depuis toujours. Redoutée par tous les soldats de Grèce, admirée par les généraux, adulée par les foules, elle ne craint personne. Pourtant, lors d’Olympiades qui voient se défier Athènes et Sparte, elle est battue par un adversaire qui possède une force surnaturelle. Cette défaite, la première, la seule, vaut l’exil a` Iris. Elle sombre dans la honte, cherche le pardon et la mort dans le vin et le sang… jusqu’a` ce qu’elle découvre que sa chute ne devait rien au hasard. Elle s’est retrouvée mêlée, malgré elle, au combat antique que se livrent les Titans et les Dieux… Et les dieux se sont méchamment foutus d’elle. Ça, elle ne le laissera pas passer. Personne, pas même un dieu, ne marche sur la gueule d’une putain de spartiate.