Ultime rendez-vous avec Jim avant la sortie d’Une nuit à Rome 3. Le stress et l’excitation sont les sentiments qui se dégagent au travers de cette rencontre. À la veille de l’impression de ce nouvel album, Jim nous livre quelques anecdotes qui illustrent bien les inconnues qui émanent des machines chargées de rendre palpable les créations graphiques. L’expérience aidant, l’auteur sait que malgré certains imprévus, il pourra toujours se fier à l’œil avisé de l’imprimeur. Ce dernier ayant un rôle primordial avant que l’objet n’arrive dans les mains du lecteur.
1/ L’échéance est proche désormais. Le 04 avril c’est le grand jour ! les exemplaires sont ils en cours d’impression ?
Pas encore ! Il y a pas mal de strates que le public ne connait pas quand on soulève le rideau. Par exemple là, en ce moment, – ai-je le droit de le dire ? – il y a une pénurie de papier, qui décale quelque peu l’impression. Donc, tout devrait débuter le treize mars. J’espère qu’ils n’imprimeront pas au dos de tirages ratés d’un autre album pour tenir les délais !… (rires)
« Me rendre chez l’imprimeur est un petit rituel qui tient aussi de la superstition »
2/ Il y a six ans, paraissait le premier tome de cette aventure. À l’époque, tu avais partagé une vidéo qui parcourt les différentes étapes réalisées chez l’imprimeur. As-tu eu l’occasion de t’y rendre pour ce nouveau tirage ?
Oui, comme je mets deux ans entre chaque album, ça fait un rythme de présence pas très contraignant… et j’aime ce petit rituel, qui tient aussi de la superstition, maintenant. J’y retourne avec Delphine, qui fait les couleurs, et on replonge dans le vacarme de l‘imprimerie avec plaisir.
3/ Quel(s) sentiment(s) éprouves-tu quand tu te retrouves au cœur de la conception d’une de tes productions ?
C’est particulier, un mélange de sensations. C’est excitant, indéniablement, mais parfois compliqué, et on est confrontés au réel de ce que sera l’album. Par exemple, la couverture. On essaie de l’imprimer en mieux, mais tout en sachant que, d’une part, les couleurs deviennent légèrement plus fades en séchant, et d’autre part que le vernis mat rend tout un peu plus sourd et plus vif. Il faut donc anticiper ce que pourra être l’image, avec des allers-retours à l’air libre pour jauger du résultat aussi en lumière naturelle. Ça fait vraiment beaucoup de paramètres à prendre en compte ! C’est donc particulièrement périlleux de se stopper sur un essai et dire avec certitude « banco, on part sur ça ! » Difficile d’être certain que la prise de décision sera la bonne, en modifiant un peu, est-ce que ce ne serait pas meilleur ?
« Pour l’impression du dos toilé du tome deux, le résultat premier avait rendu un fichier plus sombre que prévu. On a ainsi décidé de le refaire »
4/ T’arrive-t-il d’être déçu, surpris, par le rendu papier de certaine planches ? Si tu n’es pas satisfait, peux-tu encore corriger ces éventuelles imperfections ?
Pour le dos toilé du tome deux, pour lequel la confection n’était pas le même jour, je n’avais pas pu m’y rendre. Le résultat ne me plaisait pas du tout, accentué par un fichier plus sombre qui avait noirci à l’impression. Après discussion avec l’éditeur, nous avons jeté l’ensemble à la poubelle, j’ai retouché le fichier et nous avons réimprimé. C’est très flippant, d’autant qu’on n’est pas sûrs que réimprimer sera mieux au final. Mais ici, c’était vraiment flagrant, et on s’est félicités de l’avoir fait.
« J’ai hâte de voir la statuette finie ! »
5/ Parallèlement à ce troisième tome, vient de sortir un nouveau portfolio dédié à Marie et édité par Les Sculpteurs de Bulles. Une statuette à son effigie est également en cours de réalisation. Sans oublier ce puzzle récemment conçu par Benoit Poisson. Ton héroïne, au fur et à mesure de son succès, s’échappe. Est-ce cela la magie pour un auteur ? Ce sentiment plaisant de voir son personnage « sortir » de la BD ?
Oui, c’est surtout fun. C’est un vrai plaisir de gamin en vérité, et j’aime l’idée de se garder ce niveau-là de bonheur. J’adore cet aspect développement hors de la bd. Il y a le cinéma bien sûr, mais là ce sont des choses qu’on peut toucher du doigt. Pour le puzzle, c’est effectivement Benoit Poisson qui m’en avait offert un à noël, et c’était juste super amusant et décalé comme objet. Alors naturellement, je lui donne un coup de main dans la mesure du possible pour l’aider à commercialiser ce tirage limité. D’ailleurs, il n’en reste plus beaucoup de disponibles, il y a fort à parier qu’il en développe un second. Quant à la statuette, hâte de la voir finie !
À propos de l'auteur de cet article
Mikey Martin
Mikey, dont les géniteurs ont tout de suite compris qu'il était sensé (!) a toujours été bercé par la bande dessinée. Passionné par le talent de ces scénaristes, dessinateur.ice.s ou coloristes, il n'a qu'une envie, vous parler de leurs créations. Et quand il a la chance de les rencontrer, il vous dit tout !
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