{ En Bref } Vincent Turhan

À l’occasion de la sortie de Les étoiles s’éteignent à l’aube, édité chez Sarbacane, Vincent Turhan est venu nous parler de son dernier album. Un entretien qui s’est tenu le mercredi 19 janvier 2022, lors du live diffusé sur la page Instagram de Yoann Debiais @livressesdesbulles.

Pour ce { En Bref }, nous avons retenu quelques phrases pour vous faire découvrir le travail de Vincent Turhan.

 

“J’ai fait des études d’Histoire de l’Art et d’Archéologie… J’avais envie de faire du dessin et j’ai eu la chance de faire une formation en bandes dessinées pour me lancer là-dedans. Finalement, c’est ce que je voulais faire et que je faisais déjà depuis longtemps.”

 

“J’ai été amené à travailler dans un atelier à République qui s’appelle La villa du lavoir. C’est l’atelier d’Aude Picault et Charles Berbérian mais ça a fermé pendant le covid. Je serai bien resté mais il a fallu qu’on parte.”

 

“J’ai bossé en tant que maquettiste graphiste pour Magellan & Cie, une maison d’édition de voyages. Ce n’était pas du tout de la bande dessinée, c’était le boulot alimentaire mais qui néanmoins ne permettait d’être dans l’image. J’y ai rencontré plein d’illustrateurs, de voyageurs, des gens super intéressants.”

 

Sarbacane c’est une boîte dans laquelle j’avais clairement envie de bosser parce j’aime bien leur catalogue. Après j’ai rencontré Frédéric Lavabre, l’éditeur de Sarbacane et ça s’est fait un peu naturellement.”

 

“Chez mes parents, c’étaient surtout les bandes dessinées de mon père, très classiques. Blake et Mortimer, Buck Danny, un peu de Lucky Luke. Mais c’est surtout chez mes grands-parents qu’il y avait beaucoup de Gaston Lagaffe, de Franquin d’une manière générale. Et puis surtout, il y avait des gros volumes d’Astérix en belle version, un truc collector avec au moins cinq tomes à l’intérieur et une couverture en cuir.”

 

“Je faisais déjà de la bande dessinée dans mon coin. Et je dessinais même sur les bandes dessinées, j’étais un sale gosse. Je faisais la suite des cases, le mauvais gamin qui a complètement ruiné les albums. Mais j’ai très vite voulu faire des trucs à moi. J’ai des bandes dessinées que je faisais en solo quand j’avais sept huit ans.”

 

“Il y a eu toute la phase manga. L’époque où on découvrait Dragon Ball, Cobra, City Hunter, tous ces trucs là. Et en particulier une certaine bande dessinée qui s’appelait Akira et que tous les gamins voulaient. Mais qui n’était pas pour nous.”

   

“À 17, 18 ans, on m’offre Le combat ordinaire (Manu Larcenet) et en fait ça a tout changé. Je me suis dit, c’est possible de faire de la bande dessinée. De parler de choses un peu adultes, de faire un rapport texte image, un petit peu décalé et pas tout en redondance… Tout à coup, il y a un truc qui se passe et surtout ça me donne envie de découvrir d’autres choses.”

   

“On a longtemps cherché une adaptation. Pendant à peu près deux mois, j’ai dû lire une trentaine de livres. Et là, tu t’aperçois à quel point c’est difficile. Il y a des livres très bien, mais difficilement adaptables en bande dessinée. Finalement, on est tombés d’accord sur celui-là (Les étoiles s’éteignent à l’aube de Richard Wagamese).”

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“L’adaptation, selon moi, doit laisser la part belle à une partie de l’histoire, mais il doit y avoir une complémentarité. Que l’auteur puisse amener une partie de son langage… Et puis, c’est un roman de 300 pages dont tu dois faire une bande dessinée de 120 pages. Donc forcément tu es obligé d’adapter… Si c’est faire exactement ce qu’il y a dans le roman, ça ne m’intéresse pas. Je préfère amener mon regard.”

 

“J’ai voulu mettre en avant les racines amérindiennes et en particulier le folklore. Chose qui est évoquée dans le livre, mais pas autant… Chacun cherche à découvrir d’où il vient. Franklin, Eldon et même la mère sont tous un peu à la recherche de leurs racines et de leur famille. Il y a aussi cet héritage dont ils sont tous les trois quelque part le produit.”

 

“Je suis né au Canada, à Vancouver, pas loin de l’endroit où se passe l’histoire. J’y suis resté sept ans et il y a certainement des images qui sont gravées un peu dans ma tête. Je me souviens encore de balades en forêt avec d’énormes arbres. Ce sont des trucs qui marquent un gosse. Il y a ce côté familier qui est forcément revenu un petit peu.”

 

“Je pars pas mal en randonnée que ce soit en basse montagne ou juste à Fontainebleau. J’aime bien la nature en général, donc partir bivouaquer en hiver, c’est un truc qui me plaît assez… Et puis j’ai un petit carnet avec moi, donc forcément je vais dessiner ce qui m’entoure.”

 

”Le premier truc, c’est un peu déformation professionnelle, tu regardes s’il y a des défauts au niveau du papier, ce genre de truc. Et franchement, comme pour la photogravure, ils ont fait un super boulot. Il y a des choses qui clochent, mais c’est moi dans le dessin. Je fonctionne comme ça, tout le monde le dit, mais je ne suis jamais satisfait.”

 

“L’insatisfaction permet aussi de se dire que je peux mieux faire. C’est ce qui me permet toujours d’avancer. Je vais rarement dire par exemple qu’une planche est trop belle, je vais dire qu’elle fonctionne.”

 

“Pour cet album là, je suis entièrement en tradi donc gouache et crayons de couleur… Le médium voulait que je ne sois pas du tout passé par la tablette graphique… Là, je prends ma belle feuille de 300 grammes et j’y vais direct, en regardant mon storyboard… Mes originaux sont des 28 sur 38 centimètres, donc presque des A3.”

 

“J’aurais assez de mal, je l’avoue, à ne faire juste que du scénario. À la base, je dessine. Je me sentirais très très frustré, donc ça je ne suis pas sûr. Après, clairement travailler avec un scénariste, pourquoi pas… Mais pour l’instant, je t’avoue que j’ai plein de trucs qui me donnent envie de raconter encore.”

 

“Petite anecdote cinématographique très années 90. Quand James Cameron travaillait sur Alien 2, il avait une machine à écrire pour Alien et une machine à écrire pour Terminator 2… Ça permet un peu de sortir la tête d’un projet et de prendre du recul parce que des fois, tu es complètement dedans.”

 

Merci beaucoup Vincent Turhan d’avoir pris du temps pour venir nous parler de ton album Les étoiles s’éteignent à l’aube.

CET ENTRETIEN DE VINCENT TURHAN ET SA RETRANSCRIPTION ONT ÉTÉ RÉALISÉS DANS LE CADRE DU LIVE QUI S’EST TENU MERCREDI 19 JANVIER 2022 SUR LA PAGE INSTAGRAM DE YOANN DEBIAIS @LIVRESSEDESBULLES .
Article posté le jeudi 03 mars 2022 par Claire & Yoann

Live

Les étoiles s'éteignent à l'aube de Vincent Turhan chez Sarbacane
  • Les étoiles s’éteignent à l’aube
  • Auteur : Vincent Turhan, d’après le roman de Richard Wagamese
  • Editeur : Sarbacane
  • Prix : 24 €
  • Parution : 05 janvier 2022
  • ISBN : 9782377317776

Résumé de l’éditeur : L’aube sera grandiose… Lorsque Franklin Starlight, âgé de seize ans, est appelé au chevet de son père Eldon, il découvre un homme détruit par des années d’alcoolisme. Eldon sent sa fin proche et demande à son fils de l’accompagner jusqu’à la montagne pour y être enterré comme un guerrier. S’ensuit un rude voyage à travers l’arrière-pays magnifique et sauvage de la Colombie britannique, mais aussi un saisissant périple à la rencontre du passé et des origines indiennes des deux hommes. Eldon raconte à Frank les moments sombres de sa vie aussi bien que les périodes de joie et d’espoir, et lui parle des sacrifices qu’il a concédés au nom de l’amour. Il fait ainsi découvrir à son fils un monde que le garçon n’avait jamais vu, une histoire qu’il n’avait jamais entendue.

À propos de l'auteur de cet article

Claire & Yoann

Claire Karius @fillefan2bd & Yoann Debiais @livressedesbulles , instagrameurs passionnés par le travail des auteurs et autrices de bandes dessinées, ont associé leurs forces et leurs compétences, pour vous livrer des entretiens où bonne humeur et sérieux seront les maîtres-mots.

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