Le Jour du caillou, un album en cours de réalisation #2

Voici un nouveau format qui va durer deux ou trois ans afin de suivre la création d’un album : Le Jour du caillou. L’idée est de faire un article tous les six mois,  jusqu’à sa sortie. Chaque live nous permettra de voir l’évolution du travail de Véro Cazot la scénariste, Anaïs Flogny la dessinatrice et Camille Grenier l’éditrice.

Pour cette deuxième rencontre, nous allons parler des premières avancées de ce projet.

Nous sommes habitués à recevoir des scénaristes, des dessinateurs ou dessinatrices de bandes dessinées. Mais pour la première fois, nous avons une éditrice avec nous, qui nous fera découvrir son métier au sein des éditions Dupuis et son travail d’accompagnement.

 

Véro, pourrais-tu nous  présenter à nouveau le pitch du Jour du Caillou ?

Véro Cazot : C’est l’histoire de Mona, une jeune femme qui se promène au bord de la rivière. Elle boite et a l’air d’avoir mal au pied. Elle croise un jeune homme Eko qui lui demande pourquoi. Elle lui explique qu’il y a un caillou dans sa chaussure et que c’est une expérience : elle veut se libérer d’une peine d’amitié. Mona enlève le caillou de sa chaussure. Eko le lui prend, l’avale et se jette dans la rivière. Puis il disparaît.

Il y a six mois, Anaïs, tu avais travaillé sur 21 pages.

Anaïs Flogny : Exactement. Quand Véro m’envoie ses textes, j’ai un petit carnet dans lequel je fais des croquis avec les premières idées qui me viennent en tête. Ça me permet de voir ce à quoi j’ai envie que ça ressemble. Maintenant ces 21 pages sont devenues 45. Dont une vingtaine finie avec la couleur et le texte.

Peux-tu Anaïs nous expliquer ta façon de travailler ?

Anaïs Flogny : Quand j’ai fini mes croquis dans le carnet, je fais un storyboard plus détaillé pour en parler avec Véro et Camille.  Mes découpages sont faits à l’ordinateur avec les textes. J’imprime puis je passe à la table lumineuse pour le dessin.

Je ne voulais pas qu’il y ait de contours de cases. Tout sera fait au digital. Et terminé, en couleur, cela ressemblera à ça.

Camille, quels sont les premiers éléments qui te permettent de travailler avec tes autrices ?

Camille Grenier : Dans mon travail, ce que je reçois en premier, c’est le scénario. Page par page, je sais ce qu’il se passe dans chaque case. Je vois ainsi les dialogues, le rythme. Et ça nous permet d’en discuter ensemble, comme pour les pages de gauche ou de droite. On évoque également les événements qui doivent bientôt arriver.

Parfois on travaille sur du texte pur, un pronom plutôt qu’un autre.

Comment procèdes-tu pour opérer la mise en page de l’album ?

Camille Grenier : À l’étape du storyboard, quand je le reçois, je l’imprime et je glisse les feuilles dans un lutin pour faire ainsi un relecture graphique du projet. Ainsi on peut échanger avec les autrices sur la construction des planches pour qu’elles ne soient pas trop denses ou qu’elles le soient plus.

On peut aussi discuter de la place d’un personnage pour une meilleure compréhension de la scène. Et enfin quand les planches sont définitives, on va plus travailler sur des retours comme la couleur d’un objet, pour que le premier plan se détache plus du deuxième.

Quelles sont Camille les tâches qui t’incombent en tant qu’éditrice ?

Camille Grenier : À un moment il faut également faire des tests d’impression pour voir comment sortent les couleurs d’Anaïs et quel sera le rendu final pour le lecteur. Et d’ailleurs, les couleurs sortaient plus foncées que ce que voyait Anaïs sur son écran.

Ainsi le paramétrage de l’imprimante permettra d’avoir une sortie papier qui simule le papier définitif de l’album en fonction de celui qui sera choisi. Un papier qui boira plus ou moins la couleur. Donc on pourra choisir quel type de papier on veut pour obtenir le parti-pris graphique désiré.

Anaïs Flogny : Cette étape est importante et me permet d’adapter ma couleur, avant qu’il ne soit trop tard.

Véro Cazot : Ainsi on peut réfléchir au rendu des couleurs qu’on veut obtenir.

Camille Grenier : Ainsi Anaïs peut faire le calage de son logiciel avec ces 20 premières pages.

Comment faites-vous quand vous travaillez ensemble ?

Véro Cazot : J’ai envoyé les 40 dernières pages que j’ai écrites à Anaïs pour qu’on se cale ensemble dans un premier temps.

Anaïs Flogny : Parfois en lisant, je fais des remarques ou des propositions en pensant au découpage, afin qu’on obtienne la version la plus proche de ce que sera le storyboard.

Véro Cazot : Et la seconde lecture se fera avec le regard frais de Camille qui nous donne des idées ou fait des ajustements.

Qu’est-ce qui change pour toi Véro avec le scénario du Jour du Caillou, par rapport à tes précédents  ?

Véro Cazot : D’habitude, pour les scénarios, j’envoie plutôt par 10 ou 15 pages, mais là c’est un projet particulier. Mon écriture est particulière car il s’agit d’un système de jours sans fin, une boucle temporelle.

Quand Eko disparaît sous l’eau, le lendemain il réapparaît et Mona remet un caillou dans sa chaussure. Le même jour recommence et recommence… Évidemment différemment parce qu’Eko est conscient que le jour est toujours le même alors que Mona ne le sait pas.

Mais c’est une révélation que tu nous fait avec cette boucle temporelle.

Véro Cazot : À partir de la page 26, il se passe des choses étranges. Donc c’est une écriture particulière parce qu’il faut que je me souvienne de ce qui s’est passé la veille. Mais chaque changement est opéré par Eko, qui va tout faire pour sortir de cette boucle.

Donc je dois toujours être concentrée sur cette même histoire et écrire plusieurs séquences à la suite pour pouvoir les donner ainsi à Anaïs et Camille.

Anaïs, est-ce que cela ne te dérange pas de recevoir autant de pages de scénario à la fois ?

Anaïs Flogny : C’est plus facile pour moi aussi pour les mêmes raisons que Véro. Je dois travailler sur des scènes qui se répètent mais de manière différente. Et je dois trouver une façon de le faire qui ne soit pas ennuyeuse pour le lecteur.

Ça me permet de voir ce que ça va donner sur une grosse séquence. Je peux ainsi jouer sur la mise en page et les effets graphiques.

Et pour toi Camille ?

Camille Grenier : Moi aussi je préfère travailler sur de grosses séquences, je peux vérifier que tous les éléments sont bien en place. C’est aussi plus facile de valider 40 pages d’un coup plutôt que de devoir revenir dessus. Et quand le storyboard est validé, le dessinateur peut vraiment dérouler les planches et aller très vite.

Véro Cazot : Parfois on doit ajouter une page, en réalité deux pour retomber sur nos pattes. Mais parfois aussi on peut n’ajouter qu’une seule case et ne rien modifier d’autre.

La dernière fois, vous aviez évoqué un album de 120, 130 pages. Êtes-vous toujours dans cette même pagination ?

Véro Cazot : On est plus sur 130 actuellement.

Anaïs Flogny : Et plus si affinités !

Véro Cazot : Ce sont des jours qui recommencent, mais parfois on a besoin de pauses. Alors Anaïs me propose une pleine page, juste pour être dans un moment d’émotion. Et c’est agréable de pouvoir se l’autoriser.

Anaïs, quand tu travailles sur une double page, tu dois t’organiser en fonction de la pliure

Anaïs Flogny : Oui et je dois même vérifier la couleur et que cela ne coupe pas trop dans les personnages. En digital, s’il y a des modifications de dernière minute, ce n’est pas grave. Mais c’est toujours une question que je me pose à la composition et au storyboard.

Ce serait dommage que la reliure mange un personnage.

Véro, où as-tu  prévu d’en être dans six mois ?

Véro Cazot : Au moins 40 pages de plus, ça c’est sûr. En réalité, en six mois j’en avais écrit 60, de la page 25 à la page 86. Je ne sais pas si je vais continuer comme cela parce que je suis en avance, ou n’en faire que 20 ou 30.

Maintenant c’est à Anaïs de jouer parce qu’elle a pas mal de matière pour. Et je ne veux pas trop la charger.

Anaïs, où penses-tu en être dans six mois ?

Anaïs Flogny : Mon but est de commencer le dessin de la deuxième grosse séquence.

Camille, quand tu as débuté ce projet, cela ne faisait pas si longtemps que tu avais ce nouveau métier.

Camille Grenier : Je suis toujours aussi contente, j’en apprends et j’en découvre un peu plus chaque jour et cela me conforte dans l’idée que c’est un métier exceptionnel. Travailler et partager avec des auteurs et des autrices, c’est génial.

J’ai beaucoup de nouveaux projets et très différents, de la jeunesse et de l’adulte. Des one-shots et des séries. Des achats de droits étrangers et de l’adaptation de romans. Avec des auteurs très différents, des scénaristes, des dessinateurs et des coloristes. Mais avec des traducteurs aussi.

Peux-tu Camille nous expliquer comment tu t’organises dans ton travail ?

Camille Grenier : J’ai dans mon bureau, un mur avec les projets en cours. Il est à droite de mon écran et ça me permet de savoir que j’ai encore beaucoup de travail. La ligne éditoriale se dessine avec beaucoup de romans graphiques. Dont Le Jour du caillou.

Je travaille à la fois avec des auteurs débutants mais aussi avec des auteurs confirmés, sortants d’écoles ou autodidactes. Mon spectre est très large et c’est ce qui fait le côté passionnant de ce métier. Aucun projet ne ressemble à un autre. On repart à zéro à chaque nouveau projet. C’est la magie de ce métier.

 

Merci à toutes les trois d’avoir accepté, à nouveau, de jouer le jeu pour nous présenter Le Jour du caillou, ce nouveau projet en construction.

Le prochain live, le troisième,  aura lieu au mois de mai 2023, un an après le premier. Nous pourrons ainsi découvrir l’évolution du travail de Véro CazotAnaïs Flogny et Camille Dupuis.

CET ENTRETIEN ET SA RETRANSCRIPTION ONT ÉTÉ RÉALISÉS DANS LE CADRE DU LIVE QUI S’EST TENU MERCREDI 26 OCTOBRE 2022 SUR LA PAGE INSTAGRAM DE YOANN DEBIAIS @LIVRESSEDESBULLES .
SI VOUS VOULEZ EN SAVOIR PLUS SUR LE JOUR DU CAILLOU, N’HÉSITEZ PAS À REGARDER  ICI LE REPLAY DU LIVE # 1 ET LE REPLAY DU LIVE #2.

COMPTES INSTAGRAM DES DIFFÉRENTS INTERVENANTS :
VÉRO CAZOT
ANAÏS FLOGNY (HAKUNETTE)
CAMILLE GRENIER
ÉDITIONS DUPUIS
Article posté le mardi 09 mai 2023 par Claire & Yoann

Le Jour du Caillou de Véro Cazot et Anaïs Flogny chez Dupuis
  • Le jour du caillou (informations provisoires)
  • Scénariste : Véro Cazot
  • Dessinatrice : Anaïs Flogny
  • Éditrice : Camille Grenier
  • Maison d’édition : Dupuis
  • Collection : non connue
  • Prix : non connu
  • Parution : non connu
  • ISBN : ‎ non connu

Résumé de l’éditeur : Toutes les informations sur le pitch ne nous ont pas encore été dévoilées…

À propos de l'auteur de cet article

Claire & Yoann

Claire Karius @fillefan2bd & Yoann Debiais @livressedesbulles , instagrameurs passionnés par le travail des auteurs et autrices de bandes dessinées, ont associé leurs forces et leurs compétences, pour vous livrer des entretiens où bonne humeur et sérieux seront les maîtres-mots.

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