Le jour du caillou, un album en cours de réalisation #1

Voici un nouveau format qui va durer deux ou trois ans afin de suivre la création d’un album : Le jour du caillou. L’idée est de faire un live tous les six mois, jusqu’à sa sortie. Chaque live nous permettra de voir l’évolution du travail de Véro Cazot, la scénariste, Anaïs Flogny, la dessinatrice et Camille Grenier, l’éditrice.

Pour cette première rencontre, nous allons parler de la genèse de ce projet intitulé Le jour du caillou. Nous sommes habitués à recevoir des scénaristes, des dessinateurs ou dessinatrices de bandes dessinées. Mais pour la première fois, nous avons une éditrice avec nous, qui nous fera découvrir son métier au sein des éditions Dupuis et son travail d’accompagnement.

 

Un projet, une éditrice : Camille Grenier

Peux-tu nous dire qui tu es ?

Camille Grenier : Je suis actuellement éditrice aux éditions Dupuis, depuis huit ans maintenant. Avant cela, j’ai travaillé pendant une dizaine d’années en librairie, d’abord généraliste, puis spécialisée en bandes dessinées. J’ai travaillé sur Jérôme K Jérôme Bloch d’Alain Dodier et également avec Midam sur Game Over et Kid Paddle. Mais mon cœur de catalogue, c’est le roman graphique, one-shot, grosse pagination. J’aime beaucoup travailler sur l’adaptation de romans. Quelques-uns arriveront en 2024.

Comment devient-on éditrice ?

Camille Grenier : J’ai fait des études dans l’édition et pendant la première année, on doit faire un stage en librairie. J’ai trouvé que le métier de libraire était génial. J’ai donc travaillé dix ans en librairie. J’aimais organiser des événements. Je suis donc passée côté maison d’édition pour faire de l’événementiel. J’ai repris des études en alternance au service communication chez Dupuis. Mon poste a évolué, j’entrais de plus en plus dans le processus de création. J’avais envie de partager avec les auteurs et d’être en amont. On a la chance d’éditer des choses très variées.

J’ai contacté des auteurs qui ont signé des albums chez Dupuis, comme c’est le cas avec Le jour du cailloux.

 

Un projet, une dessinatrice : Anaïs Flogny

Peux-tu nous dire qui tu es ?

Anaïs Flogny : Je suis illustratrice jeunesse et fraîchement dessinatrice de bandes dessinées depuis cette année. Je travaille sur un projet de roman graphique chez Dargaud, et chez Dupuis avec Le jour du caillou. Véro m’a contactée l’année dernière pour travailler avec elle. Je n’ai eu peur de rien et je suis partie pour faire les deux en même temps. Rien ne peut mal se passer, je fais ce que j’aime. Et je suis entourée de gens motivants.

Quelle différence fais-tu entre le métier d’illustratrice et celui de dessinatrice et comment abordes-tu les deux ?

Anaïs Flogny : J’ai toujours bien aimé l’illustration. Mon école était très branchée sur la peinture, l’étude classique, l’étude des couleurs. Ça me permettait d’apprendre des choses, qui me serviraient dans la bande dessinée. En travaillant sur les deux projets, je m’aperçois que certaines approches en illustration ne vont pas marcher. Mais ces deux projets ne permettent de tenter des choses différentes, pour m’exprimer sans me lasser.

 

Un projet, une scénariste : Véro Cazot.

Peux-tu nous dire qui tu es ?

Véro Cazot : Je suis scénariste de bandes dessinées, j’ai notamment écrit Betty Boob avec Julie Rocheleau et plus récemment l’adaptation du Bal des folles avec Ariana Melone. Depuis cinq ans, je travaille avec Lucy Mazel sur la série tout public Olive chez Dupuis. Le dernier était prévu pour septembre, mais on a du mal à finir parce que c’est le dernier tome. On prend donc encore plus de temps pour le faire. C’est l’affaire de quelques mois.

Betty Boob  Couverture Le bal des folles

Couverture Olive tome 1 + ex-libris offert

 

Un projet intitulé Le jour du caillou

Pour quand est prévue cette nouvelle bande dessinée ?

Véro Cazot : On s’était dit deux ans et demi, trois ans de création.
Anaïs Flogny : Il a été signé avant hier (18 avril 2022)
Camille Grenier : La dernière signature était avant-hier.
Véro Cazot : Ça fait sept mois qu’on parle de contrats
Camille Grenier : Et il a été validé début janvier 2022.

Comment est venue l’idée de ce projet ?

Véro Cazot : La toute première idée date de début 2021. J’avais l’idée de la première scène à laquelle on a ajouté un prologue. C’est celle qui ouvrait plein de possibilités et d’histoires différentes. Une scène que j’ai écrite en une matinée sur mon carnet. Elle a évolué en intention, mais reste la même.

Pourquoi cette scène a-t-elle évolué ?

Véro Cazot : Je raconte l’histoire d’une jeune femme qui marche au bord de la rivière, elle boite parce qu’elle a un caillou dans sa chaussure. Elle semble souffrir et croise un jeune homme de son âge. Quand j’ai commencé à écrire, ils se connaissaient à peine. Il lui demande si elle va bien. Elle lui raconte qu’elle fait une expérience, pour se débarrasser d’un chagrin d’amitié. Pour faire le deuil d’une relation douloureuse. Parfois la douleur se réveille et elle veut s’en débarrasser. Alors elle prend le caillou pour le jeter dans la rivière. Ce jeune homme s’en empare et l’avale. Elle est furieuse, il se jette dans la rivière et disparaît sous l’eau.

Tu avais donc écrit cette unique scène ?

Véro Cazot : Cette scène écrite il y a deux ans s’arrête là. Au départ je voulais plus parler de deuil, que ce soit d’une personne ou d’une relation terminée. Et à partir de là, pendant six mois, je n’ai rien fait. Je ne sais pas ce que je veux faire de cette histoire. D’autres éléments vont m’aider à trouver ce que je vais en faire. Mais je vous en parlerai plus tard.

A partir de quand en parles-tu à un éditeur ?

Camille Grenier : Tu as d’abord contacté Anaïs, tu savais déjà qu’elle allait travailler sur ce projet.

Anaïs Flogny : Je connaissais le travail de Véro, puisque j’avais adoré Betty Boob. Arrive ce moment où je reçois un message via Instagram. Déjà j’hallucine. Elle me dit qu’elle a un projet et aimerait travailler avec moi. On en a discuté et j’ai reçu le scénario que j’ai lu tout de suite. J’ai accroché au thème, aux personnages, à cette histoire sur le deuil d’une relation un peu complexe, sur le manque de communication.

Camille Grenier : Lors des premiers appels, ça a immédiatement fonctionné entre nous. J’avais les mêmes attentes et les mêmes intentions que Véro.

De quelle version du scénario s’agissait-il à ce moment-là ?

Véro Cazot : J’avais fait une toute première version et c’est quand j’ai découvert le travail d’Anaïs que ça a transformé ma vision de l’histoire. J’ai donc entièrement recommencé à partir de l’image d’une roulotte de cirque. Le synopsis numéro deux parle donc d’acrobates et on joue sur la notion d’équilibre qu’on peut perdre en perdant une relation. J’ai vu de l’énergie et de la poésie dans les personnages d’Anaïs. Et ça m’a inspiré.

Quel scénario avez-vous présenté à Camille ?

Véro Cazot : C’est le synopsis numéro deux qui a encore évolué en fonction de Camille puisqu’elle a mis le doigt sur plein de choses.

Camille Grenier : J’ai reçu le projet d’abord de la part de Benoît, l’éditeur de Véro et Lucy pour Olive, qui me disait qu’il n’avait pas l’habitude de ce genre de projet. Il travaille plutôt sur les séries jeunesse avec beaucoup d’humour. Il voulait que je le lise et qu’on en parle. J’ai lu le projet et une semaine plus tard, j’ai vu Véro sur un festival qui m’a parlé de son projet.

Je lui ai rapidement fait des retours puisqu’ils étaient prêts pour Benoit.

C’est ainsi qu’ont débuté vos échanges ?

Camille Grenier : Ce projet, ce sont beaucoup d’échanges toutes les trois. Il y avait des choses qui me bloquaient au départ dans ma lecture. Comme ce personnage de policier qui sauvait un des personnages de la noyade. Je trouvais qu’il n’apportait rien à l’histoire. Alors qu’un des autres personnages devait être creusé. Pourquoi ne pas faire de ces deux personnages, un seul ?

De même pour cette scène qui se déroulait à l’hôpital et qui faisait sortir le lecteur de son cocon de lecture et cassait la poésie du récit.

Donc Véro a réarticulé l’ensemble. Cette troisième version est la plus proche de l’actuelle.

Véro Cazot : Elle représente 90% de ce qu’il y a maintenant. La question de perdre l’équilibre et la confiance est arrivée après. Pour le reste c’est le directeur qui ne sachant pas où je voulais aller, m’a demandé d’affiner. Et cette petite chose va transformer plein de scènes, les dialogues et le dessin.

Anaïs, comment as-tu vécu ces changements ?

Anaïs Flogny : Chaque changement était bienvenu. C’est la première fois que je travaille avec une scénariste, je suis seule sur mon autre projet. À chaque retour, nous étions d’accord, tout se faisait dans l’échange. Moi de mon côté de manière visuelle. J’adore voir l’histoire grandir, parce qu’on a une idée encore meilleure. Une belle dynamique d’échanges à trois.

Avez-vous des visuels de ce Jour du caillou à nous montrer ?

Anaïs Flogny : Donc plutôt sur les premières recherches. Ce sont les premières esquisses pour trouver à quoi allait ressembler Mona. On a assez vite accroché sur ces versions-là, même si elle a un peu évolué par la suite.

À quoi ressemblait le dossier final qui a été transmis à l’éditeur ?

Camille Grenier : Dupuis a son propre fonctionnement. D’autres maisons comme Dargaud ou Le Lombard ont un processus assez proche.

Les éditeurs travaillent leurs titres et candidatent auprès de notre directeur éditorial, Stéphane Beaujean. On discute avec lui sur pourquoi et comment on a envie de faire ce titre. Finalement c’est lui qui décide de publier le titre et de l’intégrer au catalogue Dupuis.

À quoi ressemblait le dossier envoyé chez Dupuis ?

Après avoir échangé avec Anaïs, Véro m’a envoyé un dossier sous forme de fichier PDF avec une note d’intention, le synopsis de deux pages, la couverture provisoire, le pitch en quelques lignes et quelques pages de personnages.

Cela permet de voir la direction graphique que va prendre le récit.

Et toi Camille, comment procèdes-tu pour défendre ce titre auprès de ton directeur éditorial ?

Camille Grenier : Je présente ce dossier synthétique à Stéphane Beaujean avec un mail qui présente le titre. Une partie sur l’édito, une autre sur la fabrication. Puis je vais essayer de me mettre à la place des commerciaux qui vont vendre le livre aux libraires, pour pouvoir le défendre. Parce qu’on ne vend pas de la même façon aux libraires indépendants et aux grandes enseignes.

C’est important de présenter les autrices, si elles ont été primées ou pas. De même voir comment le titre sera travaillé auprès de la presse ou s’il peut concourir à différents prix.

On se pose également la question de savoir si Le jour du caillou est publiable dans Le Journal de Spirou, une des caractéristiques de la maison Dupuis.

Le directeur éditorial communique-t-il avec ses auteurs ou autrices ?

Camille Grenier : Ensuite se sont passés des échanges entre Véro et Stéphane Beaujean, qui voulait savoir ce qu’il y avait derrière le synopsis. Mon travail est également de rassurer le directeur éditorial sur la faisabilité du projet, puisque j’ai des heures d’échanges avec les autrices. Il faut montrer que les autrices sont capables d’aller là où elles veulent aller.

Camille Grenier : Pour qu’un livre soit en librairie, il faut qu’il soit présenté aux libraires. On appelle ça la diffusion. L’éditeur doit vendre le livre à la diffusion, qui va le vendre aux libraires, qui vont eux le vendre aux lecteurs. Il  a un rôle à jouer dans ce mécanisme et peut faire un travail de sensibilisation auprès du libraire.

On met en place deux types d’actions qui vont permettre aux libraires de découvrir l’album avant le passage du représentant. Ainsi on peut espérer que le libraire va en commander plus, en connaissant auparavant Le jour du Caillou. Le service marketing va lui faire en sorte que l’album soit connu du lecteur avant qu’il soit en vente dans les librairies. Par de la publicité dans la presse ou les espaces publics.

Véro comment écris-tu ton scénario, dans son ensemble ou fractionné ?

Véro Cazot : J’écris d’abord un synopsis pour qu’on se mette d’accord. Quand je commence le scénario, il y a plein de choses qui viennent et qui n’auraient pas pu arriver avant. Il faut du temps pour mûrir et trouver des idées. Il faut pour cela imaginer concrètement les scènes. C’est ce que je fais en ce moment. Je fais une proposition de découpage à Anaïs, je lui ai donné vingt pages découpées page par page, case par case. Entre ce que je lui donne et son interprétation, il se passe encore des choses. Ces vingt pages se sont transformées, tout en restant dans la même intention.

Dans cette première partie de vingt pages, je vais voir comment Anaïs va interpréter mon travail. Et donc ça change la manière dont je vais travailler, une fois qu’on se comprend. Je préfère qu’on fasse évoluer ensemble l’histoire.

Anaïs quel a été ton premier travail quand tu as reçu ces vingt premières pages ?

Anaïs Flogny : Le storyboard est ma partie préférée, toutes étapes confondues. J’ai reçu le texte de Véro avec des indications comme le cadrage. Je travaille en numérique, mais j’aime bien garder une trace en tradi, car je réfléchis mieux sur papier. J’ai donc un carnet dans lequel je fais les découpages préparatoires, ils sont laids et compréhensibles uniquement par moi. Mais ils permettent de savoir comment je vais représenter les cases.

C’est à ce moment que tu vas passer au numérique ?

Anaïs Flogny : Ensuite je fais un storyboard propre au digital, ainsi je peux placer le texte. Je peux modifier si besoin pour que ce soit lisible et au plus proche du résultat final. Je visualise ainsi les cases et leur disposition. C’est un échange qui se fait au fur et à mesure et qui permet d’avoir de nouvelles idées et interprétations.

Véro Cazot : Les vingt premières pages sont devenues vingt-cinq. Il est important qu’une dessinatrice prenne la liberté d’interpréter comme elle le veut, pour qu’elle y mette sa patte. Je ne veux pas juste d’une exécutante qui ne va pas oser.

Sous quel format est prévu Le jour du caillou ?

Camille Grenier : On est en train d’homogénéiser les formats romans graphiques chez Dupuis. À 2 mm près, ce n’est pas le format qu’on avait vu ensemble ! On est sur le format bloc, 194 x 257 mm avec un format fini de 200 x 265 mm. C’est comme la collection Mirages chez Delcourt.

Pour la pagination, tant que le scénario n’est pas écrit en entier, on n’a pas la pagination finale, qui sera entre 130 et 140 pages.

À quoi devrait ressembler la couverture de cet album ?

Camille Grenier : Pour la fabrication, il y a débat. On part sur du cartonné avec un embossage sur la couverture au niveau du caillou. On va creuser dans le carton pour créer du relief. Soit un embossage ou un relief. Il y aura un vernis sur le titre.

Le carton de la couverture est imprimé et on ajoute dessus un pelliculage, une matière qui protège la page imprimée. Il peut être mat ou brillant. Pour attirer l’attention sur différents éléments de la couverture, on peut apposer un vernis UV qui va créer de la brillance.

Ce sont des discussions qu’on a avec les autrices. Et parfois le service commercial entre dans la discussion.

Qui peut nous faire le pitch du Jour du Caillou ?

Véro Cazot : C’est difficile, parce que ce n’est pas le pitch du dossier dont on vous parlera la prochaine fois.
Camille Grenier : On s’est parlé en disant qu’il y avait quelque chose qu’il ne fallait pas divulguer.
Véro Cazot : Il y a des choses à dire sans divulguer.
Anaïs Flogny : J’ai peur de dire une bêtise .

C’est la scénariste qui nous en parle alors ?

Véro Cazot : C’est l’histoire de Mona et Éko, qui ont entre 20 et 30 ans. Ce sont des amis inséparables depuis l’enfance, qui ont fait le serment de ne jamais se quitter. L’amour ça craint, donc eux seront amis pour la vie. Tous deux sont acrobates dans un cirque, ils travaillent ensemble et sont donc fusionnels dans la vie comme sur scène. Mona commence une relation avec un autre homme de la troupe, Basile, un musicien. Du jour au lendemain, Eko décide de quitter la troupe et Mona se sent amputée. Dix-huit mois plus tard, Basile demande Mona en mariage, qui elle est toujours affectée par le départ d’Eko. Elle se dit qu’elle a assez souffert de cette absence et veut passer à autre chose.

L’histoire du Jour du caillou tourne donc autour de ces trois personnages ?

Véro Cazot : Il y a un autre personnage dans la troupe, Florence, la cinquantaine, qui a toujours des tisanes et des rituels pour guérir de tout et n’importe quoi. Mona a toujours entendu que pour se débarrasser d’une douleur, il fallait mettre un caillou dans sa chaussure puis le jeter. Mais Florence la met en garde car il s’agit d’une blessure de l’âme ou du cœur et qu’il vaut mieux affronter ce chagrin, pour éviter des conséquences. Mona n’écoute pas Florence et décide de faire le rituel du caillou.

Qu’est-ce qui arrive alors à Mona ?

Véro Cazot : À ce moment-là, Eko vient la voir pour faire la paix avant de repartir pour un long voyage. Cette arrivée perturbe Mona et son rituel. Quand elle sort le caillou de sa chaussure, Eko lui vole, l’avale, saute dans la rivière et disparaît. On va se rendre compte que Mona ne peut plus monter sur son fil pendant le spectacle. Elle reste au sol. Quelque chose s’est brisé en elle, qui a des conséquences dans le cirque.

Camille Grenier : Je voudrais juste préciser quelque chose par rapport à l’équilibre. La promesse de Mona et Eko enfants n’est pas de ne jamais se quitter, mais c’est de ne jamais se laisser tomber. Je ne te laisserai jamais tomber, au sens propre, comme au figuré.

Actuellement Anaïs, où en es-tu sur ces 25 pages ?

Anaïs Flogny : J’ai fait le pré-découpage de ce texte de 21 pages dans mon petit carnet. À un moment, il était nécessaire d’ajouter une page. Puis j’en ai ajouté deux autres. Et encore une autre pour la symétrie des pages et respecter le storyboard.

Qu’en pense l’éditrice de ces ajouts de pages ?

Camille Grenier : On en a discuté avec Anaïs et Véro, on s’engage dans une pagination approximative, parce qu’on est dans le cadre d’un roman graphique. Les autrices ont un forfait pour un nombre de pages supplémentaires. Si la production excède 15% de la pagination estimée, il y aura rémunération supplémentaire, puisque travail supplémentaire et l’album sera vendu plus cher.

Camille Grenier : Anaïs a un sens de la narration graphique assez extraordinaire, surtout au vu de sa jeune expérience. Elle est capable de représenter deux trois pages d’écriture de Véro en une page, une page et demie, tout en étant parfaitement lisible, limpide et dynamique. Je pense qu’on restera sur la pagination originale.

Il faut donc respecter tout en étant souple ?

Anaïs Flogny : J’essaie de rester fidèle à ce que Véro a écrit pour coller à la pagination, même si je me permets deux ou trois fantaisies comme bouger une case ou en enlever deux pour en faire une grande. Il faut que ça ait du sens.

Camille Grenier : On se rend compte du rythme, une fois que c’est mis en images. S’il y a besoin d’une respiration ou pas. C’est pour cela que la pagination est définitive, une fois que le storyboard est posé.

Camille, dois-tu informer ton directeur éditorial de l’avancée du travail ?

Camille Grenier : Stéphane Beaujean lit certains storyboards, mais pas tous. Ce serait impossible, on édite 150 bandes dessinées tous les ans chez Dupuis. Je ne sais pas s’il le fera sur Le Jour du Caillou, sans doute. Il avait beaucoup d’interrogations sur le projet à ses premières étapes. Il sera content de voir quelle tournure ça prend. S’il a un doute, c’est à ce moment qu’il faut le formuler.

À quel moment réfléchit-on à ce qu’il y aura écrit en quatrième de couverture de ce Jour du caillou?

Véro Cazot : Ca peut être assez proche du pitch qu’on ne vous lit pas aujourd’hui. Mais il faudra en dire plus. Le texte peut changer à la fin du projet quand on se rend compte qu’il y a finalement un changement par rapport à ce qu’on avait imaginé.

À quel moment du projet interviennent les questions de marketing ?

Camille Grenier : La spécificité chez Dupuis est, qu’au début de l’été, l’équipe promotion, marketing, communication, organise un séminaire de lecture pendant deux jours, pour lire les projets prévus pour l’année suivante. Je vais fournir mes projets en cours accompagnés de ma fiche type pour présenter mon projet. Cela permet de faire des réglages sur la typo, sur la cible de lecture, sur le cycle de vente.

Qu’est-ce que le cycle de vente ?

Camille Grenier : Après le gros du travail a lieu une fois que la date de sortie est fixée. Le titre intègre un cycle de vente, il y en a cinq dans l’année. Il faut ensuite rédiger le communiqué de presse, prévoir la PLV (publicité sur les lieux de vente), chercher un partenariat avec un musée ou un journal. Pour cet album, ce sera pour l’été prochain (2023) afin de présenter le titre à l’équipe promotion. Plus on a d’informations, comme grâce à l’intervention dans ce live, plus c’est facile d’agir auprès des libraires.

Le jour du Cailloux est-il prévu dans une collection particulière ?

Camille Grenier : Pour l’instant il est hors collection et ce ne sera pas du Aire Libre. On se pose la question de savoir si on monte un label roman graphique chez Dupuis pour marquer la différence avec le tout public. Ce label aurait un petit logo sur le dos de l’album. On n’a pour l’instant pas de réponse. Mais on l’aura peut-être pour le prochain live. Il faut vérifier si tous nos romans graphiques peuvent cohabiter sous le même label. C’est la réflexion qu’on a en cours.

Quelle place accorde aujourd’hui un éditeur comme Dupuis à tout ce qui est promotion non institutionnelle ?

Camille Grenier : Aujourd’hui on travaille avec les bookstagrameurs au même titre que les journalistes. C’est une personne du marketing qui s’occupe de ça en compagnie d’une attachée de presse. On dispose d’une liste de bookstagrameurs à qui on envoie l’album en avant-première, avec le communiqué de presse, comme pour les journalistes. Ils ont le même accès aux auteurs que les journalistes.

Donc vous travaillez avec les réseaux sociaux de la même façon qu’avec les médias traditionnels ?

Camille Grenier : Aujourd’hui, c’est un média comme un autre. Ça touche des gens qui ne sont pas touchés par les médias traditionnels, télé, radio, presse papier. On joue beaucoup sur l’unboxing, le fait de faire une vidéo pour montrer la découverte d’un produit. La box va être personnalisée en fonction de l’album, avec des goodies et des décorations issues de l’univers de l’album, qui vont permettre de dévoiler l’album de manière scénarisée.

On a conscience que c’est un réel travail, qui demande beaucoup d’engagement de la part de ces bookstagrameurs. Ils s’adressent juste à un public différent.

Rapidement, pouvez-vous nous dire ce que vous allez faire ces six prochains mois sur Le jour du caillou, avant qu’on ne se revoie ?

Véro Cazot : Je vais travailler sur les trente prochaines pages découpées.
Anaïs Flogny : Je vais continuer les storyboards et entamer les pages définitives. J’aurai donc des choses finies à montrer.
Camille Grenier : Je vais faire des retours pendant cette partie qui est plus tranquille. Je vais répondre à leurs questions, s’il y en a. Je rassure parce qu’il y a toujours beaucoup de doutes quand il faut prendre des décisions dans l’écriture ou le dessin. Et puis je vais me faire plaisir en découvrant à chaque fois leur travail.

Merci à toutes les trois d’avoir accepté de jouer le jeu pour nous présenter Le jour du caillou, ce nouveau projet en construction.

Le prochain live aura lieu au mois d’octobre, six mois après le premier. Nous pourrons ainsi découvrir l’évolution du travail de Véro Cazot, Anaïs Flogny et Camille Dupuis.

CET ENTRETIEN ET SA RETRANSCRIPTION ONT ÉTÉ RÉALISÉS DANS LE CADRE DU LIVE QUI S’EST TENU MERCREDI 20 AVRIL 2022 SUR LA PAGE INSTAGRAM DE YOANN DEBIAIS @LIVRESSEDESBULLES .
SI VOUS VOULEZ EN SAVOIR PLUS SUR LE JOUR DU CAILLOU, N’HÉSITEZ PAS À REGARDER  ICI LE REPLAY DU LIVE.

Comptes Instagram des différents intervenants

VÉRO CAZOT
ANAÏS FLOGNY (HAKUNETTE)
CAMILLE GRENIER
ÉDITIONS DUPUIS
Article posté le mardi 04 octobre 2022 par Claire & Yoann

Le jour du cailloux de Véro Cazot et Anaïs Flogny chez Dupuis avec Camille Grenier
  • Le jour du caillou (informations provisoires)
  • Scénariste : Véro Cazot
  • Dessinatrice : Anaïs Flogny
  • Éditrice : Camille Grenier
  • Maison d’édition : Dupuis
  • Collection : non connue
  • Prix : non connu
  • Parution : non connu
  • ISBN : ‎ non connu

Résumé de l’éditeur : Toutes les informations sur le pitch ne nous ont pas encore été dévoilées…

À propos de l'auteur de cet article

Claire & Yoann

Claire Karius @fillefan2bd & Yoann Debiais @livressedesbulles , instagrameurs passionnés par le travail des auteurs et autrices de bandes dessinées, ont associé leurs forces et leurs compétences, pour vous livrer des entretiens où bonne humeur et sérieux seront les maîtres-mots.

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