Bienvenue à l’usine

Après Comme un frisson et Mon petit Ponant, la collection Soudain des éditions Vide Cocagne s’agrandit avec Bienvenue à l’usine, un très bel album de Bastien Bertine.

Dessinateur, un jeune homme est embauché dans une usine de métallurgie. Au milieu d’une forêt se dresse les infrastructures de ce géant de l’industrie. La chaleur, le bruit et l’odeur se mêlent à la faune bigarrée des ouvriers.

Nouveau dans l’usine, il n’est pas épargné par les remarques des uns, le bizutage des autres et l’œil du KGB du contremaître…

Diplômé de l’EESI d’Angoulême, Bastien Bertine se dessine en double pour raconter son expérience dans Bienvenue à l’usine. Sans être un documentaire ou un récit de reportage, le lecteur apprécie la justesse de propos de ce beau témoignage sociologique.

S’il est vraiment un ouvrier à part, le narrateur est un sacré témoin d’un monde en mouvement, qui change et se meurt. La désindustrialisation, les ouvriers « à l’ancienne » et le pouvoir des petits chefs sont là, sans filtre. Bastien Bertine dépose cela devant nos yeux de lecteurs mais n’est pas donneur de leçons. Chacun se fera son opinion.

Le trait est agréable et les personnages haut en couleurs. L’ogre a des faux airs du héros de Blast de Larcenet. Son comparse misanthrope fait peur et la mécano est belle.

Bienvenue à l’usine : une belle plongée dans une usine telle qu’on n’en fait plus…

Article posté le lundi 29 avril 2019 par Damien Canteau

Bienvenue à l'usine de Bastien Bertine (Vide Cocagne)
  • Bienvenue à l’usine
  • Auteur : Bastien Bertine
  • Editeur : Vide Cocagne
  • Parution : 15 février 2019
  • Prix : 15€
  • ISBN : 9782379360022

Résumé de l’éditeur : Quelque part, dans un paysage de forêt et de montagnes, se tient une usine rouge, déversant jour et nuit ces volutes noires. Le narrateur, un double de Bastien Bertine, décide de s’y engager pour comprendre ce qui s’y joue : comprendre ce que vivent ses amis qui y travaillent, ses proches, les habitants de toute une ville. Il découvrira l’horreur quotidienne des bruits permanents, des odeurs de poissons morts qui imprègnent malgré la douche, des démangeaisons et de la crasse ; mais aussi les accidents mortels qui « arrivent » et contre lesquels « on ne peut rien » . Il rencontrera des ouvriers qui voient sa présence de « bleusaille » ou comme un vent de fraîcheur ou comme une intrusion méprisante. Car le narrateur dessine, l’usine, ses ouvriers : lui, il le sait en arrivant, n’est qu’un témoin de passage ; mais combien d’autres y sont pour la vie ? Bastien Bertine par son dessin et ses couleurs apporte une poésie, une touche de décalage à l’observation fictionnelle de ce monde absurde et sans pitié.

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

En savoir