Alors que le premier volume de Hip Hop Family Tree avait enchanté la critique (Sélection Officielle Angoulême), le troisième tome fait aussi l’objet d’une nomination dans la liste principale 2018. Poursuite de l’aventure de ce fantastique mouvement artistique avec les années 1983-1984.
Dans ce nouvel opus, les lecteurs découvrent les liens forts entre Dondi White, légende du graff new-yorkais et de Martha Cooper, la journaliste-photographe au New York Post. Avec lui, elle aura ses entrées dans cet univers jusqu’alors fermé aux médias. Elle prend des clichés de graffeurs du métro et fait aussi la connaissance de Henry Chalfant passionné par le graff et qui lui aussi prend des photos de wagons illustrés.
La jeune femme est sur tous les coups, notamment les rixes entre bandes rivales ou les démonstrations de breakdance. Avec Henry, elle quadrille les quartiers pour trouver les groupes et prendre les meilleurs clichés.
Dans le même temps, les ventes de disques commencent à s’envoler (150 000 exemplaires de Hard Times /Jam Master Jay de Run-DMC). C’est le début de la reconnaissance pour ces artistes qui jusque-là ne se produisaient qu’entre eux. Les labels fleurissent comme Vintertainement et les clips se multiplient (Pee-Wee’s dance de Joeski Love qui voit Ice-T se mouvoir en arrière-plan). Station J, une chaîne du câble propose plusieurs programmes sur le hip hop (On beat TV ou Nine thirty show de Michael Holman)…
Extrêmement documenté (voir la grosse bibliographie page 110 de l’album faite d’ouvrages, de films, vidéos, documentaires ou disques), Hip Hop Family Tree continue de nous subjuguer par son excellence ! Si la narration peut sembler un peu rêche et ardue aux novices (beaucoup d’informations dans une planche), cela s’évapore rapidement par les personnages croisés çà et là, tous important pour l’histoire de ce mouvement artistique. Les paroles s’enchainent et les DJ commencent à peine à mixer dans de plus grands clubs. En effet, ce volume 3 met en avant les premiers focus média sur le hip hop (Martha Cooper et Henry Chalfant qui photographient, les labels qui se développent, les émissions radio et télé qui voient le jour comme Graffiti Rock).
Le projet ambitieux de Ed Piskor est largement atteint : faire une bande dessinée à vocation historique sur le Hip Hop. C’est somptueux et c’est rafraîchissant !
- Hip Hop Family Tree, volume 3
- Auteur : Ed Piskor
- Editeur : Papa Guédé
- Prix : 26€
- Parution : 15 novembre 2017
- IBAN : 9791090618039
Résumé de l’éditeur : Ce troisième volet de la série culte d’Ed Piskor (Wizzywig, X-Men: Grand Design) nous plonge dans les années 1983 et 1984, période où les caméras se braquent sur le phénomène hip-hop : celles de la télévision avec l’émission fondatrice « Graffiti Rock » et celles du cinéma avec des films comme Breakin’ n’ Enterin’ ou Style Wars, qui abordent respectivement le West Coast style et les dessous du graff new-yorkais. À cette époque, le rap se situe à une étape charnière de son histoire, avec l’arrivée d’une nouvelle génération d’artistes (Run-DMC, les Fat Boys, LL Cool J, Public Enemy, Slick Rick, Doug E. Fresh, Whodini…) résolue à supplanter les pionniers du mouvement. Best-seller traduit en neuf langues et couronné d’un Eisner Award aux États-Unis, Hip Hop Family Tree confirme une nouvelle fois son statut de bande dessinée historique, au propre comme au figuré.
À propos de l'auteur de cet article
Damien Canteau
Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.
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