Lorsqu’un pauvre manant devient le souffre-douleur des créatures maléfiques des Enfers, cela donne Jheronimus & Bosch, une satire très drôle de Paul Kirchner !
Chassé d’une église où il s’était enfilé tout le vin de messe, Jheronimus erre dans la ville. Après avoir récupéré un canard blanc à roulettes, il glisse sur un excrément, se mange un mur et trépasse. Au lieu d’arriver au Paradis, ce sont les portes des l’Enfer qui lui sont ouvertes. Pour le pire mais pas le meilleur !
Après En attendant l’Apocalypse et Dope Rider, Paul Kirchner revient fort avec Jheronimus & Bosch, un excellent recueil de gags à l’humour décalé, noir et absurde. Dans la même veine que son autre formidable série Le bus (nommé en sélection officielle à Angoulême), il joue avec les peurs et les superstitions pour les tourner en ridicule. Le pauvre Jheronimus en prend plein la vue. Tout le monde est ligué contre lui pour qu’il vive un enfer ! Les diablotins font parfois face aux Anges du Paradis, Satan joue les guest-star et Jheronimus, le malaimé. Rien ne lui est épargné. A chaque fois qu’il entrevoir le bonheur, il est stoppé dans son élan par une désillusion qui peut parfois faire très mal.
C’est frais, c’est drôle et c’est quasi sans texte. Peut-être l’album le plus accessible de Paul Kirchner pour les néophytes, il régalera les amateurs d’humour noir, scatologique et parfois enfantin. Le trait de l’auteur américain est sobre et lisible, rehaussé de couleurs pâles pour signifier au mieux les Enfers !

- Jheronimus & Bosch
- Auteur : Paul Kirchner
- Editeur : Tanibis
- Parution : 09 novembre 2018
- Prix : 20€
- ISBN : 9782848410487
Résumé de l’éditeur : Voici Jheronimus, pauvre hère condamné à subir tous les outrages en Enfer accompagné de Bosch, son stoïque canard en bois. Depuis leur trépas, ils endurent brimades et humiliations de la part de démons facétieux et leurs tentatives pour gagner le paradis se soldent toutes par de fumants échecs. Dans cette centaine de pages de gags muets, blasphématoires et scatologiques, Paul Kirchner s’inspire autant d’une certaine imagerie médiévale de l’au-delà, telle qu’illustrée dans les vers de Dante ou les triptyques de Jérôme Bosch, que de la mécanique absurde des cartoons de la Warner. Il met en scène avec un malin plaisir le sadisme de diablotins malicieux auquel répond l’entêtement masochiste du pauvre Jheronimus. L’Enfer décrit par Kirchner obéit à des lois bizarres, source d’un humour absurde qui n’est pas sans rappeler celui de sa série Le bus. Mais si le passager du bus sortait le plus souvent indemne, quoique déboussolé de ses aventures, on ne peut pas en dire autant de nos infortunés anti-héros. A la fois fosse septique pour les anges du paradis et terrain de jeux pour des démons en manque de torture, l’enfer dans lequel ils sont coincés est source de brimades aussi drôles que cruelles. Le boss en personne, Satan, fait que lques apparitions remarquées et dévoile une facette comique inédite. Il signe aussi la postface de l’ouvrage.
À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau
Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.
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