Notre avis : Détroit, ville du Michigan qui commence à peine à se remettre de sa mise en faillite d’il y a quelques années. C’est à notre époque et dans un climat hostile que va débarquer Charlie Dubowski, fraîchement promue détective. Du haut de ses vingt-cinq ans, l’enthousiasme de la jeune femme face à ses nouvelles fonctions, va vite se refroidir. Les présentations avec son premier coéquipier dressent le tableau noir de ce que sera sera premier volet de Spider.
John Brandt, spécialiste dans les homicides, est un enquêteur qui ne respire pas la joie de vivre. Et on ne peut pas dire que la prise de contact avec celle qu’il appelle Britney Spears soit des plus réussies. Il faut dire que Brandt doit faire face à une affaire on ne peut plus macabre. Dans une ruelle, le corps calciné d’un homme a été retrouvé. De ce qu’il en reste, se distinguent des phénomènes physiques étranges. Le lien avec la drogue qui sévit dans Détroit est tout fait. Et Charlie va l’apprendre à ses dépens…
Car après la première intervention du duo policier devant un junkie hors de contrôle, la détective va s’apercevoir de l’extrême violence que provoque la Spider. Entre mutation génétique et ce besoin irrépressible d’ingurgiter l’insecte aux huit pattes, les effets sont dévastateurs. Rongée par la culpabilité de ce qui va arriver à Brandt, Charlie n’aura d’autre choix que d’infiltrer le réseau emmené par un certain Anansi…
Arachnophobes s’abstenir ! Et associée au titre éloquent, la couverture de Stefano Raffaele ne trompe pas sur la marchandise. Il va y être question d’araignées bien poilues, grosses, et dont les vertus, si on daigne en mettre une dans son estomac, s’avèrent être diablement hallucinogènes. Le dessinateur maîtrise, comme à son habitude, la mise en images de cet univers glauque à souhait. Comme pour Sarah ou Pandémonium, Raffaele apporte énormément d’efficacité pour rendre l’histoire prenante. Des endroits lugubres (avec deux doubles-pages époustouflantes) à ces scènes d’une extrême violence, il équilibre avec un peu de douceur pour alléger cette ambiance anxiogène. Principalement grâce à la sensibilité que dégage le personnage principal.
Au delà de son talent qui n’est plus à prouver, la complicité acquise depuis de nombreux titres avec Christophe Bec, consolide cette aisance à porter brillamment ce type d’intrigue. Le scénariste qui met en scène une idée originale du réalisateur Giles Daoust, a cette faculté d’oppresser le lecteur avec ses récits où parfois se mêlent fiction et réalité (voir références citées plus haut auxquelles on peut en ajouter d’autres telles Bikini Atoll ou la superbe série Prométhée). Avec Spider, il ne déroge pas à la règle. Ce premier tome qui constituera un diptyque, rassemble tous les ingrédients nécessaires pour offrir un ultime tome avec, assurément, son lot de rebondissements.
Bec, Daoust et Raffaele : un trio taillé pour un album d’une profonde noirceur. Et on en redemande !
- Spider, Tome 1 : Rabbit Hole
- Scénaristes : Christophe Bec & Giles Daoust
- Dessinateur : Stefano Raffaele
- Éditeur : Soleil
- Prix : 14,95 €
- Parution : janvier 2019
- ISBN : 978-2302074460
Résumé de l’éditeur : Detroit, Michigan ; une ville en décrépitude. Charlie, femme flic tout juste sortie de l’école de police, découvre qu’une nouvelle drogue fait des ravages dans les rues de l’ex-cité industrielle. Issue d’expérimentations génétiques, la Spider provoque des mutations inouïes. Charlie s’engouffre bientôt dans une enquête obsessionnelle qui la mènera au plus profond de la Toile, l’organisation qui gère le trafic de Spider, contrôlé par Anansi, un homme ravagé par la drogue. Elle devra dépasser toutes ses limites pour parvenir à démanteler ce réseau…
À propos de l'auteur de cet article
Mikey Martin
Mikey, dont les géniteurs ont tout de suite compris qu'il était sensé (!) a toujours été bercé par la bande dessinée. Passionné par le talent de ces scénaristes, dessinateur.ice.s ou coloristes, il n'a qu'une envie, vous parler de leurs créations. Et quand il a la chance de les rencontrer, il vous dit tout !
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