Tokyo, amour et libertés

Les éditions Glénat dévoilent Tokyo, amour et libertés, un étonnant manga de Kan Takahama dans le monde du charme et de l’industrie du sexe à Tokyo dans les années 20.

Tokyo, années 20. Editeurs de magazines pornographiques, Yoshimune Miyake et Eiijiro Aoki  arpentent le quartier très chaud du Golden Gai à Shinjuku dans le but de trouver de belles femmes qui pourraient illustrer leur future publication. Ils trouvent çà et là des prostituées qui « feraient l’affaire ».

En cherchant, ils découvrent tout un Tokyo libéré de ses chaînes, où le sexe et l’argent sont roi et où le plaisir se dévoile sous toutes ses formes…

Avec Tokyo, amours et libertés, Kan Takahama plonge le lecteur dans un Japon loin des cartes postales qui entre dans une nouvelle ère (Shôwa : 1926-1989), celle plus occidentale du pays du soleil levant. Ainsi, ce seinen one-shot est intéressant à plusieurs titres : historiquement , sociologiquement et au niveau de la recherche des libertés.

L’auteur de Les jardins de Yotsuya dépeint avec justesse – notamment par une solide documentation – ces milieux interlopes courus par les célibataires mais aussi les jeunes cadres ou employés voulant passer de bons moments en charmante compagnie.

Eiijiro, le plus jeune des deux rédacteurs, tombe amoureux d’une femme d’origine espagnole. Etonnant à l’époque (le Japon n’aime pas les métissages, encore aujourd’hui d’ailleurs), préférant les mariages arrangés qui permettent de poursuivre les « lignées » chez les bourgeois ou aristocrates. En choisissant cette femme, il contrevient avec force à ces méthodes traditionnelles encore très ancrées à l’époque.

Tokyo, amour et libertés n’est pas à mettre entre toutes les mains ! Les scènes de sexe ne sont pas que suggérées, faisant de ce titre, un manga à la limite de la pornographie, flirtant avec la vulgarité. La mangaka ne cache rien, même si cela est contrebalancé par l’idylle naissante entre les deux jeunes tokyoïtes et les moments festifs.

En mettant en scène les marginaux et les prostituées, Kan Takahama (Le goût d’Emma) leur rend un bel hommage, tels les mangas dans la veine des ero-guros. Il sous-entend ainsi la place de la femme dans cette société très conservatrice du début du XXe siècle (un sujet encore important aujourd’hui). L’humour émaille cet album, ce qui lui confère aussi quelque chose de touchant.

Article posté le mardi 26 septembre 2017 par Damien Canteau

Tokyo, amour et libertés de Kan Takahama (Glénat)
  • Tokyo, amour et libertés
  • Auteur : Kan Takahama
  • Editeur : Glénat
  • Parution : 20 septembre 2017
  • Prix : 10.75€
  • ISBN : 9782344022610

Résumé de l’éditeur : Une histoire d’amour dans le Tokyo d’avant-guerre… Tokyo, 1926. Shinjuku est connu pour son quartier des plaisirs, Hanazono. Ishin, journaliste pour une revue érotique y rencontre Aki, une jeune métisse qui exerce le métier de modèle artistique. Dans une société aux moeurs libérées, leur relation sera pourtant empreinte d’une grande innocence. Cependant, l’ombre de la guerre vient menacer leur idylle… S’inspirant de l’histoire de ses aïeuls, Kan Takahama nous livre un beau récit où s’entremêlent un érotisme subtil et une sensibilité que nous lui connaissons déjà grâce au Dernier Envol du papillon.

 

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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