L’inspecteur Canardo, c’était sa série emblématique. Benoît Sokal, l’auteur de bande dessinée belge, est décédé le 28 mai 2021, à l’âge de 66 ans. Retour sur sa brillante carrière débutée dans la revue (A Suivre).
Canardo, l’inspecteur placide mais fin limier
L’inspecteur Canardo, c’est un flic anthropomorphe que Benoît Sokal anima pendant 40 ans. Ce canard, placide mais fin limier, fut créé dans les pages de la revue (A suivre) des éditions Casterman.
Complètement dépressif, fumeur et alcoolique, il était débonnaire. La série était une parodie animalière des polars américains des années 50-60.
Affublé de son vieux trench-coat et armé de son revolver, Canardo ressemblerait comme deux gouttes d’eau à Colombo, en tout cas, il y aurait une sorte de filiation entre le personnage de télévision et le personnage de papier.
A travers 25 albums, Canardo mène des enquêtes des plus surprenantes. Le faisant avec sérieux, souvent sans intérêt – en tout cas pas réellement pécuniaire – il les résout avec un flair hors du commun.
Dans les dossiers qu’il accepte, l’inspecteur croise des personnages haut-en-couleur d’une faune bigarrée, parfois attachante. Car, si les histoires de Benoît Sokal plonge dans l’abime de la noirceur, il y a toujours des lueurs d’espoir. Toutes étaient de vraies histoires policières, de très grande qualité.
Benoît Sokal dans le monde du jeu vidéo
Né le 28 juin 1954 à Bruxelles, Benoît Sokal suit des cours de dessin à l’Institut Saint-Luc de sa ville natale. Il est alors repéré par les rédacteurs de (A suivre) en 1978, année où il débute les aventures de Canardo.
En plus de sa série emblématique, il réalise Sanguine en 1988, Silence, on tue avec François Rivière, deux ans plus tard. Viennent ensuite Le vieil homme qui n’écrivait plus, Kraa (3 tomes entre 2010 et 2014) ou Aquarica avec François Schuiten.
Chevalier des Arts et Lettres en 2006 et Officier de l’ordre de Léopold l’année d’après, Benoît Sokal est aussi un pionnier de la colorisation d’albums par ordinateur en 1994. Il est aussi très connu dans le monde du jeu vidéo par la création de L’Amerzone (vendu à plus d’un million d’exemplaires) ou encore Syberia en 2002. Pour ce dernier, il reçoit le titre de « personnalité de l’année » au Phénix Awards du jeu vidéo.
Dans les dernières années de création de Canardo, Benoît Sokal fait appel à son fils Hugo pour les scénarios et Pascal Regnauld pour les dessins.
Benoît Sokal laisse une marque importante dans le monde du 9e art comme dans celui du jeu vidéo. Une carrière exemplaire, riche et une œuvre passionnante.