Banana Sioule

Une règle : pas de règle ! La sioule est un jeu de ballon où tous les coups sont permis. Parmi les nouveaux adeptes du jeu, il y a Héléna, une jeune adolescente douée pour ce sport dérivé du rugby, du foot et de sports de combats. Michaël Sanlaville met en scène son parcours dans Banana Sioule, une bande dessinée survoltée et addictive aux éditions Glénat. Ça joue, ça pulse et ça rigole beaucoup !

Héléna, fille de la campagne

Héléna est une adolescente intelligente et une vraie force de la nature. Elle habite avec son père dans une grande ferme depuis que sa mère a disparu. Elle, ce qu’elle apprécie le plus, ce sont les travaux de l’exploitation et s’occuper des animaux.

Ingénieuse, elle n’hésite pas à secourir un petit veau tombé dans un ravin. Son agilité lui permet de se sortir de nombreuses difficultés.

Hélèna, Denice, Naël, Manille et Toby

Comme une vraie adolescente, elle aime aussi sa bande des potes : Denice, Naël, Manille et Toby. Avec eux, elle s’amuse, rigole et partage de bons moments. Très soudés, ils ne vont jamais les uns sans les autres.

De son côté, son père aimerait qu’elle se trouve une voie idéale pour travailler, mais Héléna préfère toujours et encore sa vie à la ferme.

La sioule : discipline sportive en vogue

Très remontée contre son paternel, Héléna tente de se calmer et observe alors des adolescents s’adonnant à un drôle de jeu : la sioule. Discipline très en vogue, elle consiste à faire s’affronter deux équipes autour d’un ballon. Pas de règles, tous les coups sont permis et les zones de jeu – avec obstacles – changent souvent. Le but : apporter le ballon dans le camp adverse.

Héléna, force de la nature, se révèle très douée pour ce sport violent et viril. Elle décide alors de tenter sa chance au concours d’entrée dans une école spécialisée dans la sioule…

Banana na na na na banana Sioule

Après une sympathique parenthèse où il a mis en image Les enquêtes de San Antonio, fondées sur les romans de Frédéric Dard, Michaël Sanlaville est de retour avec Banana Sioule, une série ayant de nombreux points communs avec Lastman dont il est l’un des cocréateurs avec Balak et Bastien Vivès.

Comme ses deux compères, l’auteur est un vrai enfant du Club Dorothée. Ken le survivant, Les chevaliers du Zodiaque, Olive & Tom n’ont aucun secret pour lui. Les univers incroyables de ces séries cultes forgent sa alors culture pop. C’était tout naturellement qu’il se jette corps et âme dans Lastman et aujourd’hui Banana Sioule, deux hymnes au monde du manga.

Soule, Sioule, chôle ou choule : un sport multi-séculaire

Je me souviens pour le Bicentenaire de la Révolution française, mon professeur d’Histoire-Géo nous avait montré des extraits du film La soule avec Richard Bohringer. Lorsque j’ai vu la couverture de Banana Sioule, tout de suite, j’ai pensé à ce long-métrage et je ne me suis pas trompé.

S’il prend des noms différents selon les régions françaises, la soule (Sioule, chôle ou choule) connait un vrai engouement à l’époque médiévale. Sans règles précises, ce futur sport tombe en désuétude après la Première guerre mondiale pour ensuite se relever avec l’organisation de compétitions depuis les années 2000 notamment en Normandie.

C’est chez les scouts que Michaël Sanlaville découvre la sioule. Ses scènes complètement folles restent gravées dans sa mémoire pour se raviver aujourd’hui dans Banana Sioule. Le sport est violent, certes, mais met aussi en exergue la force du collectif. « La sioule faisait aussi bien évidemment écho au rugball de Cobra ou au motorball de Gunnm », souligne l’auteur.

On pourra aussi penser à Mécanique céleste (autour de la balle au prisonnier) mais avec plus de légèreté et de fraîcheur que l’album de Merwan.

Personnage fort et amitié

Cet ancêtre du rugby et du football avec des techniques de combats plait tout de suite à Héléna, personnage principal de Banana Sioule. Forte, intelligente et ingénieuse, l’adolescente a donc le rôle central dans cette série.

« Les femmes « à poigne » m’ont toujours fasciné et puis… c’est bien de donner la part belle à une femme dans un genre qui s’adresse plutôt aux garçons. »

Si de plus en plus de jeunes adolescentes et femmes s’intéressent aux shônens, force est de constater que Banana Sioule pourra encore plus leur parler avec Héléna. Elle ne veut pas que son père lui dicte son avenir. Ce conflit père/fille est aussi un moyen d’aborder des thèmes importants pour cette tranche d’âge.

Si Michaël Sanlaville confie que sa série n’est pas un manga, elle en adopte les codes. Et quoi de mieux qu’une bande d’amis (voire deux bandes d’amis) pour apporter du corps à son intrigue. L’amitié et la solidarité, mâtiné d’un vrai humour par les personnages secondaires, sont aussi au cœur de cette saga.

Un dessin dynamique et punchy

Si l’on peut aussi observer une vraie opposition de style entre le monde de la campagne et celui hyper médiatisé et connecté de la sioule, Banana Sioule est un manga très positif, malgré quelques scènes de violence de la discipline.

L’histoire se lit avec plaisir parce que l’intrigue est intelligente mais aussi grâce à une partie graphique très moderne et dynamique. Dans la veine de Lastman, les teintes grisées fonctionnent à merveille pour donner du punch.

Banana Sioule : un début de saga prenante, intelligente et dynamique. Un univers qui forcément va bouger avec de nombreux rebondissements.

Article posté le samedi 26 mars 2022 par Damien Canteau

Banana Sioule 1 de Michael Sanlaville (Glénat)
  • Banana Sioule, volume 1
  • Auteur : Michaël Sanlaville
  • Editeur : Glénat
  • Prix :  12,50 €
  • Parution : 03 mars 2022
  • ISBN : 9782344046173

Résumé de l’éditeur : Première règle de la sioule : il n’y a pas de règles. La sioule. De toutes les disciplines internationales, c’est la plus violente, la plus dangereuse… mais aussi la plus médiatique. Ce cocktail brutal de rugby et de dodgeball fidélise des millions de téléspectateurs à chaque match et les réseaux sociaux s’enflamment pour les joueurs qui sont des stars internationales. Du fin fond de sa campagne, Hélèna est bien loin de s’intéresser à toute cette folie. Lorsqu’elle n’aide pas son père à la ferme familiale, elle part camper en bord de mer avec ses amis. La vie est paisible ici. Couper du bois, s’occuper des vaches blessées, les séances de baignade avec Manille et les autres… Voilà le quotidien d’Héléna qui aime ce pays dans lequel elle a grandi… Mais son père rêve d’un autre destin pour elle : il n’est pas question qu’elle passe sa vie à nettoyer la bouse ! Un jour qu’elle prend l’air près de la falaise, une balle en cuir égarée déclenche en elle quelque chose de neuf. Quelques coups d’épaules plus tard, c’est la révélation…. et si son avenir était à l’École Supérieure de Sioule ? Rien n’est gagné. Pour se faire une place dans ce milieu ultra-testostéroné il va falloir jouer des coudes… ou des phalanges ! Michaël Sanlaville (Lastman) écrit sa lettre d’amour au shônen avec cette nouvelle série sportive et détonante !

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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