Dirty Rose

Avec Dirty Rose, la scénariste Marzena Sowa et le dessinateur Benoît Blary brossent le portrait d’une femme libre et attachante. Un western d’aujourd’hui dans les plaines de l’Ouest américain.

Dirty Rose de Marzena Sowa et Benoît Blary (éditions Delcourt)

Le portrait d’une femme libre

Marzena Sowa (Vivian Maier, Petit pays) aime les images, les voyages et les découvertes. Parmi elles, la scénariste d’origine polonaise a tiré d’une résidence d’artistes en 2015 à Sheridan, dans le Wyoming, un récit attachant qui apprivoise les codes du western tout en s’en éloignant.

Elle l’a intitulé Dirty Rose, une femme libre et déterminée dont la marginalité déplaît fortement à ses rares voisins et aux policiers de Buffalo. C’est là que débarque, fraîchement muté, le jeune officier Tom Bodorowski.

Ce dernier a quitté la grande ville, Chicago. Sa fiancée, Helen, y est encore mais animée d’une forte envie « de voir la vraie Amérique », l’y rejoindra bientôt. Ou pas…

Dirty Rose de Marzena Sowa et Benoît Blary (éditions Delcourt)

 

« Une psychopathe dégueulasse »

Dans ces contrées perdues aux paysages arides et désolés de l’Ouest américain vit une certaine Rose Shaw, « une tique » comme la qualifie les nouveaux collègues de Tom au commissariat, « une psychopathe dégueulasse », comme l’affirme un couple de voisins qui passe le plus clair de son temps à espionner celle qui ne leur ressemble pas.

Celle qui a aimé les hommes, l’alcool et les excès vit dans un mobile-home au milieu d’un terrain vague encombré d’objets hétéroclites.

Autant de « bonnes » raisons de voir  cette femme déguerpir. Aussi, quand une âme charitable vient se plaindre au motif que Rose garde des chèvres dans sa caravane, l’occasion est belle de se débarrasser de cette marginale…

Dirty Rose de Marzena Sowa et Benoît Blary (éditions Delcourt)

Une relation bancale mais forte

Les policiers de Buffalo ne portent pas Rose dans leur cœur, c’est un fait. Et de conseiller à Tom, qui semble le seul à vouloir essayer de la comprendre, de se tenir lui aussi à l’écart de cette femme mauvaise. « Stay away from her, stay away from hell! » lâche une collègue. Pourtant, bien que rien ne semble devoir les rapprocher, un lien va se nouer peu à peu entre le jeune officier et Rose.

Entre ces deux-là, la relation sera bancale mais forte. L’un est encore un peu idéaliste tandis que l’autre semble revenue de tout.

Dirty Rose de Marzena Sowa et Benoît Blary (éditions Delcourt)

Peindre les grands espaces

Pour raconter cette histoire, la scénariste s’est inspirée du réel et d’une rencontre avec une autre femme, du côté de Sheridan. Dans ce pays de montagnes rocheuses et de cow-boys, elle a choisi de mettre en scène un personnage de femme libre, cabossé par la vie, qui a décidé de ne pas suivre les codes d’une société qui de toute façon la rejette.

Pour adoucir ce climat âpre et parfois violent qui ressemble par endroits à un western, le travail à l’aquarelle de Benoît Blary (Cutsink Creek) fait merveille. Il excelle dans la restitution des cieux tourmentés et des grands espaces. Des dominantes de bleus délavés et de jaunes pâles emportent d’emblée dans ce western immobile et sensible. Vous aussi, vous aimerez peut-être Dirty Rose

Article posté le mercredi 09 octobre 2024 par Jean-Michel Gouin

Dirty Rose de Marzena Sowa et Benoît Blary (éditions Delcourt)
  • Dirty Rose
  • Scénariste : Marzena Sowa
  • Dessinateur : Benoît Blary
  • Editeur : Delcourt
  • Prix : 17,95 €
  • Parution : 28 août 2024
  • ISBN : 9782413044444

Résumé de l’éditeur : Pour son baptême du feu de jeune flic, Tom est envoyé chez Rose, dans un mobil-home un peu déglingué, au milieu des collines du Wyoming. Toute sa vie, Rose a aimé les excès, les hommes et l’alcool. Toute la petite ville aimerait la voir dégager. Rose et le policier vont se heurter, se rencontrer. Les aquarelles de Benoît Blary portent magnifiquement les mots vifs de Marzena Sowa.

À propos de l'auteur de cet article

Jean-Michel Gouin

Passionné par l'écrit, notamment l'histoire, la littérature policière et la bande dessinée, Jean-Michel Gouin a été journaliste radio et presse écrite pendant une trentaine d'années à Poitiers.

En savoir