Dans un monde post-apocalypse étrange, deux jeunes gens détenteurs de l’avenir de leur peuple partent à la recherche d’une solution pour éviter l’extinction. Publié chez Pika Edition, Kaina of the Great Snow Sea de Tsutomu Nihei nous embarque dans une nouvelle épopée dans un nouvel univers grandiose.
La forêt céleste
Kaina vit à la cime d’un arbre colossal reliant la terre et le ciel jusqu’à la limite de l’atmosphère respirable. L’ensemble de la planète est recouverte de ces arbres. Ils forment une forêt disparate, reliée entre eux par une membrane épaisse. La Terre est sous cloche sous une canopée translucide. Auparavant, d’autres villages peuplaient la canopée à la cime des arbres « orbitaux ». Mais petit à petit certains arbres ont commencé à tomber. A présent, il ne reste plus que le village de Kaina, peuplé du jeune homme et d’une bande de vieillards.
Pour survivre, Kaina chasse des insectes vivant comme eux sur la canopée. Au village, tout le monde pense que rien ne vit sur Terre. Noyé sous une sorte de neige, ils l’appellent « la mer blanche« . Mais le soir venu, Kaina repère des lumières au sol. Nuit après nuit, il les observe et le constat est sans appel. Les lumières bougent. Y aurait-il donc de la vie là-dessous ?
Lorsqu’un jour de chasse, Kaina voit surgir une minuscule montgolfière d’un trou dans la membrane, tout son monde se transforme.
La mer blanche
Ririha est une princesse. C’est la princesse du pays d’Atland, au pied d’un arbre orbital. Sa terre natale est la cible de Valghia, un pays plus puissant et très agressif. Valghia s’empare de l’eau des autres pays et réduit les peuples en esclavage. Mais sans eau, l’arbre orbital meurt et le pays tout entier disparaît. Ririha est prête à tout pour sauver son peuple.
Avec une petite équipe, elle part à la recherche d’un mystérieux sage capable de produire de l’eau à volonté. Elle a dans l’idée qu’il se trouve sur la canopée. C’est donc pleine de détermination qu’elle s’empare d’un drôle d’organisme flottant pour s’élever jusqu’aux cimes des arbres orbitaux.
La rencontre des héros
Ce premier tome de Kaina of the great snow sea relate la rencontre de nos deux protagonistes principaux, Kaina et Ririha. L’un du ciel, l’autre de la mer, ils sont tout les deux en quête d’une solution pour survivre. Si Ririha a un objectif bien précis, Kaina lui, a tout un monde à découvrir. Car oui, la vie a perduré sur la terre ferme. L’humanité est donc bien plus vaste qu’il ne le pensait. Mais ce regain d’espoir risque d’être de courte durée si Valghia détruit les arbres orbitaux les uns après les autres.
Les deux jeunes gens sont donc partie pour une grande aventure, sans aucun doute beaucoup plus grande qu’ils ne le pensent.
Celles et ceux des cimes et des cieux
Connaissez-vous l’origine de cet intertitre : « Celle et ceux des cimes et des cieux » ? Il s’agit du titre d’un cours métrage de Gwen Germain à l’occasion de son projet de fin d’étude à l’école Creapole ESDI (2015). Salué pour le charme de son univers, le court métrage est surtout connue pour ses inspirations issues de la pop culture nippone et des films d’Hayao Miyazaki. Notamment Princesse Mononoke et Nausicaa de la vallée du vent. Ce titre s’adapte à merveille à la nouvelle série de Tsutomu Nihei.
L’univers de Kaina est scindé en quatre. Verticalement, entre ceux des cimes et ceux d’en bas (comme le court-métrage). Et horizontalement, entre les défenseurs de la vie et les civilisations si avides qu’elles sont prêtes à détruire le monde. Cette dichotomie renvoie au scénario de Nausicaa de la vallée du vent. Nausicaa, princesse d’une petite vallée, luttant contre l’avidité des Tolmèques, pour la vie et la restauration d’un monde sein. Ririha mène le même combat – le pacifisme en moins.
La similitude ne s’arrête pas là. Les insectes qui peuplent les cimes ne sont pas sens rappeler le style des créatures du Fûkai, la forêt empoisonnée de Nausicaa de la vallée du vent. L’écosystème de l’univers de Kaina tout entier évoque le monde d’Hayao Miyazaki. Et ce jusqu’à l’intitulé du manga : Kaina de la grande mer de neige.
Nausicaa de la vallée du vent – Hayao Miyazaki – Studio Ghibli
Kaina of the Great Snow Sea – Tsutomu Nihei/Itoe Takemoto – Pika Edition
Dépeindre l’hostilité du monde
Tsutomu Nihei au scénario et Itoe Takemoto au dessin retranscrivent avec brio l’ambiance lourde, hostile à l’homme, d’un monde en perdition. L’exercice n’est pas nouveau pour Tsutomu Nihei. Maître à l’œuvre derrière Blame! et Aposimz, l’auteur sait construire et manier des univers post-apocalyptique. Il excelle a dépeindre des mondes tout puissant où l’humain n’est rien, voir n’a pas sa place. Avec un monde inspiré du Fûkai miyazakien, Tsutomu Nihei renouvelle l’expérience brillamment.
Le tome 1 de Kaina of the great snow sea est une mise en bouche longue, où l’action n’a pas sa place. Il va falloir attendre avant d’entrer dans le vif du sujet. Mais ce premier tome permet de planter le décors. Le lecteur doit se préparer à y déambuler longtemps, à voir l’intrigue prendre de l’ampleur jusqu’au sauvetage de l’humanité. Kaina est une épopée.
Kaina of the Great Snow Sea
Itoe Takemoto dessine un manga tout en finesse et en menus détails. La dessinatrice ne s’encombre pas d’ombrage et apporte de la texture à l’image par touche. Cela allège l’ambiance globale du récit tout lui donnant un cachet singulier. C’est une série bien partie, qui, une fois achevée, promet d’être une délice à engloutir d’une bouchée.
- Kaina of the great snow sea
- Auteur : Tsutomu Nihei
- Dessinatrice : Itoe Takemoto
- Traductrice : Manon Teisseire
- Éditeur : Pika Edition
- Prix : 7,95€
- Parution : 20 septembre 2023
- ISBN : 9782811681456
Résumé de l’éditeur : Au-dessus d’un monde où les terres ont été englouties par les neiges, le jeune Kaina mène une vie frugale sur la Canopée, une membrane qui relie les cimes des colossaux arbres orbitaux, avec quelques autres rescapés de l’humanité. Mais sa rencontre avec une mystérieuse fille originaire de la mer Blanche, l’immense étendue de neige qui recouvre le monde d’en bas qu’on pensait inhabité, va l’entraîner dans une épopée cruciale pour le genre humain…
À propos de l'auteur de cet article
Marie Lonni
"C'est fou ce qu'on peut raconter avec un dessin". Voilà comment les arts graphiques ont englouti Marie. Depuis, elle revient de temps en temps nous parler de ses lectures, surtout quand ils viennent du pays du soleil levant. En espérant vous faire découvrir des petites pépites à savourer ou à dévorer tout cru !
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