Les petites victoires

Olivier débarque dans la vie de Marc et Chloé : un bonheur qui rapidement se transforme en parcours du combattant lorsqu’ils apprennent que leur enfant est autiste. Pour surmonter le handicap, le papa prend des chemins inédits qui fonctionnent. Yvon Roy dévoile cette très belle histoire dans Les petites victoires, un album Rue de Sèvres.

DU BONHEUR D’ÊTRE PARENTS

Chloé et Marc sont très amoureux. Arrive dans leur vie un tout petit bout de chou : Olivier. C’est le bonheur quasi parfait. Le couple est heureux, tout va bien dans le meilleur des mondes.

18 mois plus tard, le papa-dessinateur se rend compte que rien ne va : leur enfant ne parle pas et semble souvent « absent ». Ils décident alors d’aller dans une clinique d’évaluation pour faire des tests. Quelques jours plus tard, le diagnostique tombe, implacable : Olivier est autiste.

APRÈS LES LARMES, LE COMBAT

Tout s’écroule, les larmes sont fréquentes mais il faut résister et aller de l’avant pour le bien d’Olivier. C’est le début du combat, un parcours du combattant délicat, long et qui se poursuivra toute leur vie.

Marc n’en peut déjà plus du charabia scientifique incompréhensible des spécialistes. Malgré les discussions et les livres, le dessinateur est complétement perdu. Sait-il d’ailleurs qui est son fils ? Les questions se multiplient.

« Je te parle, tu m’entends à peine, je veux de faire un câlin, tu me repousses, tu fais des crises pour des trucs que je ne perçois même pas… Quand je dis Olivier, sais-tu seulement que c’est toi Olivier ? »

DES CHEMINS DE TRAVERSE

Arrêtant de se lamenter, Marc décide de prendre à bras le corps l’autisme de son fils. Il prend alors des chemins de traverse, va à l’encontre des conseils des spécialistes. En gros, il fait tout le contraire. Petit à petit, chaque jour, à force de grands efforts et d’une belle créativité, il éveille son fils au monde qui l’entoure.

« La peur de traumatiser l’enfant est devenue un psychose : on craint tellement de mal faire qu’on finit par ne plus rien faire du tout. Demi-mesures et autorité homéopathique, bonjour ! Fiston, toi et moi, on va explorer. »

De la poussière dans le bain aux premiers mots, tout est victoire ! Petites victoires mais victoire de fou ! Olivier apprend à rire lorsque son père rit. Même s’il a encore du mal à dire que son fils est fantastique, cela commence, cela arrive; ils s’apprivoisent…

LES PETITES VICTOIRES : UNE TRÈS BELLE AUTOBIOGRAPHIE

Très largement autobiographique, Les petites victoires est un album bouleversant et poignant. De manière simple, pudique mais sans rien cacher de ses émotions, Yvon Roy livre un ouvrage qui plaira à tout le monde : futurs parents, parents ou parents d’enfant autiste ou malade. Car, oui cette maladie qui peut prendre des formes tellement différentes est méconnue.

A l’image de Fabien Toulmé dans son merveilleux album Ce n’est pas toi que j’attendais (Delcourt) où il raconte l’arrivée dans sa vie de sa petite fille porteuse de la Trisomie 21, l’auteur de Agaguk (Glénat) doit faire le deuil d’un enfant « normal » :

« Et je peux enfin faire mes adieux au fantôme de ce fils que ne s’est jamais présenté, et accueillir celui qui a décidé de venir vivre avec moi. »

Après cela, tout devient possible, tout est plus simple et les deux peuvent enfin avancer vers le meilleur, vers le futur. Plus simple à dire qu’à faire, il lui faudra du temps.

Malgré la séparation d’avec Chloé (ils seront toujours d’accord sur les méthodes de Marc et deviendront une « famille »), malgré les doutes et les difficultés, ils réussiront.

UNE MAGNIFIQUE DÉCLARATION D’AMOUR

Cet album est avant tout une magnifique déclaration d’amour d’un père à son fils. A l’image de l’album de Grégory Mahieux (Tombé dans l’oreille d’un sourd, Steinkis) où il raconte le quotidien de son fils sourd, Les petites victoires est un ouvrage bienveillant, empli d’optimisme et parfois drôle.

Le trait de Yvon Roy est d’une belle modernité. Ses planches en noir et blanc sont sobres et soulignent idéalement le propos poignant de l’album.

Régis Loisel ne tarit pas d’éloges sur cet album. L’auteur de Magasin Général (avec Jean-Louis Tripp) a accueilli chaleureusement Yvon Roy dans son atelier québécois afin de lui donner des conseils et de suivre son projet. Il dit d’ailleurs : « J’ai été profondément ému par ce récit ». Tout est dit !

Le médium Bande Dessinée est aussi idéal pour aborder des thèmes autour de la maladie pour les plus jeunes mais aussi les parents qui se posent de nombreuses questions. Ainsi Lou Lubie dans Pile ou face (Vraoum) ou Espé dans Le perroquet (Glénat) parlent de bipolarité. Pour prolonger la thématique de l’autisme, vous pouvez aussi parcourir notre chronique de La différence invisible de Julie Dachez où la jeune femme raconte son quotidien d’autiste Asperger.

Article posté le vendredi 26 mai 2017 par Damien Canteau

Les petites victoires de Yvon Roy (Rue de Sèvres) décrypté par Comixtrip le site BD de référence
  • Les petites victoires
  • Auteur : Yvon Roy
  • Éditeur : Rue de Sèvres
  • Prix : 17€
  • Parution : 10 mai 2017

Résumé de l’éditeur : Comment dire à son fils tant désiré qu’il est le plus formidable des petits garçons malgré le terrible diagnostic qui tombe comme un couperet : autisme, troubles sychomoteurs, inadaptation sociale…C’est le combat que va mener ce père, resté uni à sa femme malgré leur séparation, pour transformer ensemble une défaite annoncée en formidables petites victoires.

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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