Quand il s’agit d’évoquer le monde des zombies, deux titres incontestables nous viennent à l’esprit. D’abord, la Saga entamée en 1968 par George Andrew Romero avec La Nuit des morts-vivants, qui deviendra la référence de ce genre cinématographique. Puis, dans le monde des bulles, le scénariste Robert Kirkman qui fait de son comics, Walking Dead, une lecture incontournable pour les amateurs de ces morts revenus à la vie. Fort de ce succès graphique (ainsi que télévisuel), l’auteur explore un univers tout aussi anxiogène avec Outcast. Après lecture de ce 1er tome, difficile de ne pas spontanément le comparer à L’Exorciste (W. Friedkin, 1973). L’emprise de ce film étant telle, R. Kirkman doit imposer sa propre signature pour que cette nouvelle série puisse se démarquer.
TOME 1 : Possession
Et c’est dès la 2e planche qu’on prend la température de cette atmosphère angoissante : Joshua, un gamin affamé, la tête enfouie dans un paquet de céréales, se retourne pour répondre à sa mère. En gros plan, l’index de sa main en sang car il vient de le ronger jusqu’à l’os… On retrouvera l’enfant quelques pages plus loin en compagnie du révérend Anderson, présenté entre temps.
Il faut attendre la 9e page pour l’entrée en scène du personnage principal : Kyle Barnes est étendu sur son lit dans ce qui, au vu des objets et affiches présents, semble être une chambre d’enfant. On comprend petit à petit qu’il est tout simplement retourné habiter dans la maison où il a grandi.
Joshua est présent pour 2 raisons : recréer le lien entre le révérend et Kyle, et faire réaliser à ce dernier qu’il possède réellement une faculté jusqu’alors refoulée.
UN HÉROS DANS LA TOURMENTE
S’en découlera naturellement le décryptage du passé de Kyle. C’est d’ailleurs l’intérêt majeur de ce premier tome, qu’on peut ainsi qualifier d’album de présentation. Au fur et à mesure que l’histoire défile, on remonte dans le temps. Et même si certains mystères demeurent, suffisamment d’explications sont données pour comprendre dans quel désarroi se trouve ce personnage qui a cette désagréable sensation de ressentir le mal habité par son entourage. De sa mère à sa compagne, d’un individu incarcéré à une vieille dame, il comprend progressivement qu’il a toutefois le moyen de les en déposséder.
Beaucoup de psychologie donc, dans ce premier opus agrémenté de quelques scènes palpitantes et bien dosées. R. Kirkman tient parfaitement le lecteur sous pression.
UN BINÔME INSPIRÉ
Le dessin de Paul Azaceta y joue pour beaucoup. Les moments de tension voulus par son compère se ressentent à merveille par la justesse de son trait. Des jeux d’ombre et de lumière, des expressions de visage, des postures : tous ces éléments donnent des situations superbement réalisées. A noter, cette utilisation insatiable de ces petites cases enchâssées dans les grandes. Que ce soit pour zoomer un geste ou pour accentuer la réaction d’un personnage, la technique n’est jamais anodine.
Un homme torturé par un sombre passé, un révérend énigmatique, des êtres possédés par une présence maléfique, une intrigue haletante : oui, tous les ingrédients sont réunis pour affirmer que cette série est prometteuse.
VIVEMENT LA SUITE
R. Kirkman termine sa postface par : « J’espère que cela ne vous fera pas trop flipper. »
Il est évident que nous donner quelques frissons est sa première intention. Et si, accompagné de P. Azaceta, il garde ce rythme haletant lors des prochaines sorties d’Outcast, ce comics pourrait devenir un classique du genre. Le petit écran s’étant déjà emparé de la série éponyme, on dirait que c’est bien parti.
- Outcast 1 : Possession
- Auteur : Robert Kirkman
- Dessinateur : Paul Azaceta
- Editeur : Delcourt
- Prix : 16,95 €
- Parution : avril 2015
Résumé de l’éditeur : Kyles Barnes vit reclus dans sa maison, terrassé par un passé douloureux. Il lutte depuis son enfance contre l’emprise de démons sur sa vie et son entourage. Lorsque le révérend de sa ville natale le sollicite pour l’aider à pratiquer un exorcisme, Kyle commence à faire le lien avec la possession de sa mère. Il est sur le point de dévoiler la véritable nature de ses dons, qui vont s’avérer terrifiants.
À propos de l'auteur de cet article
Mikey Martin
Mikey, dont les géniteurs ont tout de suite compris qu'il était sensé (!) a toujours été bercé par la bande dessinée. Passionné par le talent de ces scénaristes, dessinateur.ice.s ou coloristes, il n'a qu'une envie, vous parler de leurs créations. Et quand il a la chance de les rencontrer, il vous dit tout !
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