Pogo

Bienvenue dans le Marais d’Okefenokee. Dans ce lieu, vous y croiserez Pogo Possum, Albert Alligator, Churchy LaFemme ou Porky Pine. Cette faune anthropomorphe vit des aventures du quotidien entre rires et réflexions. Pogo, ce merveilleux univers animalier est l’œuvre de Walt Kelly. Les éditions Akileos ont décidé de le publier en intégrale complète (12 volumes) pour la première fois en France, après une attente de presque cinquante ans. Le tome 1, Par-delà les étendues sauvages, regroupe tous les comics strips des années 1949 et 1950. Un bijou, une pépite, un chef-d’œuvre !

LE MARAIS, POGO, PORKY PINE, ALBERT ALLIGATOR & CHURCHY LAFEMME

Dans le marais d’Okefenokee, dans le sud des Etats-Unis se concentre une faune bigarrée de plus amusantes. Autour de Pogo Possum, modeste et d’un calme olympien dont la cuisine célèbre fait les beaux jours de ses amis, se tiennent Albert Alligator, son ami, enthousiaste, borné, irascible et à l’appétit vorace ; Porky Pine, porc-épic misanthrope, cynique et incapable de raconter des blagues ; mais aussi Churchy LaFemme, tortue, superstitieux, compositeur de chants et de poèmes ridicules. Auxquels nous pouvons ajouter Miss Grenouille, Sam, Howland le Hibou ou encore le chien perdu.
Il faut dire que Walt Kelly aurait, selon des spécialistes, créé plus de 500 personnages dans ce lieu imaginaire.

KELLY : L’AUTRE WALT

Dans ce magnifique recueil, outre les strips, le lecteur pourra découvrir l’existence de Walt Kelly dans une longue introduction de 12 pages retraçant toute sa vie.
Né en 1913, Walt Kelly aura une enfance et une adolescence relativement calmes. Entouré de ses parents et de sa sœur, il quitte le lycée en 1930 pour devenir journaliste au Bridgest Post. Là, il apprend l’illustration et le dessin. En 1936, il est embauché par les Studios Walt Disney où il travaille sur des films d’animation comme Blanche-Neige (1937), Pinocchio (1940) ou encore Dumbo (1941). Pendant ces années, il devient l’assistant de Fred Moore, se spécialise dans l’animation de Mickey Mouse et anime deux courts métrages : Le Tourbillon et Les années 1990.
En 1941, il quitte les Studios, mais continue de travailler pour Disney, en adaptant en bande dessinée Pinocchio ou Les Trois Caballeros pour Dell Comics.
A cause de sa santé, il ne peut s’engager dans les armées américaines lors de la Seconde Guerre Mondiale. Et en 1943, dans les pages de Animal Comics (publié par les éditions Dell Comics), il crée Pogo, dans sa première version. Il faudra attendre 1948 pour découvrir le premier strip de l’opposum dans le New-York Star.

UNE BELLE SATIRE SOCIALE

Entre 1948 et 1975 (année du décès de l’auteur), Pogo est l’une des vedettes du comics strips dans de nombreux journaux américains et mondiaux. En France, il faut attendre le milieu des années 60 pour qu’il soit publié dans des fascicules Dupuis, de manière tronquée, ce qui fait que les lecteurs français ne pourront pas goûter tout le sel de ces magnifiques pépites.
Proche de Krazy Kat de George Herriman, Pogo s’adresse avant tout à un lectorat plus adulte que les Peanuts et autres strips. En effet, les gags de Walt Kelly misent avant tout sur le non-sense, la réflexion ou le surréalisme. L’humour subtil et très fin de ces animaux anthropomorphes est fondé sur une conscience politique de plus en plus présente au fil des années. Satire sociale de la société américaine, l’auteur truffe ses mini-récits de thématiques contemporaines : écologie, nucléaire, anti-racisme, anti-maccarthysme (il croque le fameux sénateur, auteur de la chasse aux sorcières de communistes américains, en lynx) mais aussi la Guerre Froide en mettant en scène Castro ou Khrouchtchev.

INJUSTEMENT OUBLIE

Si les Peanuts et Krazy Kat connaissent un retentissement planétaire, Pogo est injustement oublié par ses pairs ou le public. Moins universel que les personnages de Charles Schultz, ces exigeants strips, classés « intellectuels », font encore de l’effet actuellement.
Bon nombre d’auteurs américains se revendiquent une filiation avec Walt Kelly comme Jeff Smith (Bone, Delcourt) qui explique que le livre Pogo en Préhystérie lui a montré qu’il était possible de raconter une histoire en noir et blanc et qu’il apprend encore de nouvelles techniques au pinceau en observant les dessins de Kelly. De son côté, Bill Watterson (Calvin & Hobbes, Hors Collection, Grand Prix d’Angoulême 2015) déclarera : « Il y a eu quelques strips drôles et imaginatifs depuis Pogo, bien sûr, mais aucun n’a si parfaitement tiré avantage de ce mode d’expression. Pogo nous montre ce qu’un comic strip peut vraiment être. »

Article posté le lundi 01 décembre 2014 par Damien Canteau

  • Pogo, volume 1 : Par-delà les étendues sauvages
  • Auteur  : Walt Kelly
  • Editeur : Akileos
  • Prix : 39.90€
  • Sortie : 01 décembre 2014

Résumé de l’éditeur : Né en 1913, Walt Kelly a commencé sa carrière d’illustrateur à l’âge de 13 ans. En 1935, il déménage à Los Angeles et rejoint les studios Disney où il collabore à de nombreuses productions telles que Pinocchio, Dumbo ou Fantasia. En 1941, il quitte Disney et commence à réaliser des BD. Après la Seconde Guerre mondiale, il devient dessinateur politique dans l’éphémère New York Star, dans lequel il lance un strip quotidien proposant des commentaires de l’actualité avec les personnages du Marais d’Okefenokee, l’entourage de Pogo. Le premier strip de Pogo apparaît le 4 octobre 1948. Le présent recueil regroupe pour la première fois les deux premières années de strips de Pogo.

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

En savoir