Le manga est un art du mouvement. De grands artistes ont déployé leur talent en ce sens dans l’illustration de l’art du combat. C’était le cas d’Hiroaki Samura dont le travail fût mis en exposition au dernier FIBD. C’est aussi ce que nous propose Tadataka Hosokawa dans Tsuwamonogatari tome 1 chez Pika : une mise en image des combats de sabre, par-delà la vitesse. Prenez place et contemplez, l’art du sabre sous vos yeux est décomposé.
Tsuwamonogatari tome 1 : une leçon d’escrime en manga
Au milieu du 19e siècle, les hommes du shinsengumi exerçaient des missions de police à Kyoto, la capitale du shogunat. Ces anciens ronins étaient tous des hommes d’armes, de grands combattants. Au cours d’une soirée, un certain nombre d’entre eux se décident à évoquer leurs plus grands faits d’armes pour décider qui est le plus grand bretteur.
Le découpage, un art essentiel
Vous aimez les duels au sabre ? Tsuwamonogatari va vous régaler comme peu de mangas. Après une scène d’exposition pour lancer le concept, l’auteur se concentre sur du combat pur. Quelques explications nous sont données, pour donner de la personnalité aux sabreurs mis en scène. Néanmoins, c’est surtout de la technique de combat, qui nous est offerte. Et c’est par le dessin que tout va passer. Par la règle du « show dont tell », montre mais ne dit pas. Le dessin très précis, très réaliste du mangaka, soutient parfaitement ses ambitions.
Le découpage des passes d’armes est impressionnant de lisibilité. Car Hosokawa sélectionne les moments les plus essentiels des mouvements et accroche le lecteur. Vous lisez trop rapidement ? La scène s’écoulera à toute vitesse et il vous faudra revenir en arrière pour décomposer le mouvement. Comme si vous regardiez le combat s’exercer devant vous. Ensuite, le mangaka a tendance à rejouer la scène pour offrir un angle différent et une meilleure compréhension de l’action.
Mais quel récit pour Tsuwamonogatari tome 1 ?
La prestation assurée est de qualité, mais elle ne répond pas vraiment à la question que l’on se pose à la fin de ce recueil : que va pouvoir nous raconter cette série ? Quel fond va-t-elle développer ? On devine une certaine critique sociale sur les comportements des samouraïs de l’époque. Et si tel est le cas, Tsuwamonogatari peut devenir un manga très complet. Mais le doute est encore posé et la lecture du tome 2 permettra de comprendre les intentions de l’auteur. Il nous permettra aussi de juger du degré de décompression de l’histoire et d’avoir ainsi une idée de sa potentielle longueur.
Tsuwamonogatari tome 1, de Tadataka Hosokawa est une lecture pour laquelle tous les fans d’arts martiaux japonais auront envie de s’enthousiasmer. Reste à identifier le message de l’auteur pour savoir si l’on peut être sur une grande série historique, ou simplement sur une apologie de l’art du sabre. Ce qui n’est déjà pas si mal.
- Tsuwamonogatari, tome 1
- Auteur : Tadataka Hosokawa
- Traducteur : Vincent Marcantognini
- Editeur France : Pika
- Editeur Japon : Kodansha
- Prix : 7.20€
- Pagination : 176 pages
- Parution : 02 mai 2024
- ISBN : 9782811679583
Résumé de l’album : Les membres du Shinsengumi, groupe de guerriers qui protègent la ville de Kyôto, échangent leurs faits d’armes pour déterminer l’adversaire le plus fort qu’ils n’aient jamais affronté. Ce n’est autre que Sôji Okita, capitaine de la première division, qui ouvre le bal ! À ses yeux, ce titre d’ennemi le plus redoutable revient à Kamo Serizawa, pratiquant du style Shindô-Munen. Une opposition de styles s’annonce alors entre ces deux bretteurs hors pair, premier duel mortel d’une série d’autres qui sonneront purement et simplement le glas des samouraïs.