Dans un monde sans humain, un renard et son ami découvrent une jeune fille qui serait l’unique représentante de sa race. Leur vie en sera bouleversée. Marc Lataste dévoile le premier volume de Feya, sa nouvelle série chez Vide Cocagne. A l’occasion de sa sortie, nous avons posé quelques questions à cet auteur jeunesse de grand talent.
Marc Lataste, avez-vous baigné dans le monde de la bande dessinée plus jeune ?
J’en lisais comme tous les gamins. Ma mère était abonné à France Loisirs et donc je lisais les albums doubles de Tintin. Hergé n’est pas une influence naturelle mais en tant que récits d’aventure, les Tintin m’ont marqué.
J’avais aussi beaucoup de Mickey Parade, de Picsou, de Super Picsou et de Picsou Géant, que j’achetais surtout pendant mes vacances. Cela m’a beaucoup marqué. J’étais très introverti et tout ce que je lisais, j’en étais imprégné. Ces bandes dessinées avaient une saveur particulière lorsque je les lisais en vacances chez mes grands-parents. Au cours de l’année, je n’en achetais pas forcément.
J’aimais ces récits d’aventure où les dessinateurs italiens proposaient des histoires un peu décalées. Je suis toujours lecteurs de ce types d’albums, j’en achète à l’occasion. C’était aussi mon premier contact avec de la bande dessinée populaire, de presse autre que les albums cartonnés. Par la suite, j’ai lu les Spirou de Tome & Janry, puis du Franquin ou du Fournier.
« Dragon Ball, c’est ce qui m’a le plus marqué »
C’est à cette période que vous regardiez les dessins animés du Club Dorothée ?
Je suis né au milieu de l’année 1979 donc pile dans la cible. Je regardais beaucoup le Club Dorothée et RécréA2, c’était la période où AB Production importait du manga et de l’animé en masse et avant tout Dragon Ball. Avec mon frère, nous étions aussi fans des Chevaliers du Zodiaque. J’avais même les jouets. J’ai pleuré quand Ikki est mort lors de la Bataille du Sanctuaire.
Dragon Ball, c’est ce qui m’a le plus marqué ! Je suis tombé dans la génération où cela était dédié. J’étais petit lorsque Sangoku était petit et adolescent lorsqu’il était adulte. En grandissant je me suis rendu compte de tout le travail qu’avait pu faire Toriyama sur cette série. C’est devenu une vraie référence pour moi.
Je trouvais à Bordeaux les mangas de Dragon Ball en japonais qui venaient directement du Japon. Je les regardais surtout parce que je ne lisais pas la langue. Il y avait aussi Bastard!!!, Appleseed et Ghost in the shell.
Est-ce que vous créiez vos propres histoires ?
J’ai dessiné dès la maternelle et j’ai continué en Primaire. Je dessinais tout le temps. Cela m’arrivait de créer des personnages récurrents. A l’école, je trouvais toujours un ou deux copains qui dessinaient et nous travaillions des histoires ensemble. C’était très inspiré par ce que je lisais. L’envie de raconter et de créer des univers étaient déjà là.
« Internet était donc ma fenêtre vers les Etats-Unis »
Par la suite, vous avez publié sur internet. Quels rapports entretenez-vous avec la BD numérique en ligne ?
J’ai eu internet en 1995-1996, j’étais en première. J’étais à fond dans le dessin. Internet, c’était au départ pour avoir accès aux actualités des comics américains. J’étais fan de Batte Chasers de Joe Madureira (Image Comics) qui était très inspiré par Final Fantasy et de la fantasy japonaise. Je regardais de près toute cette mouvance de la collection Cliffhanger : Danger Girl ou Crimson de Umberto Ramos.
Internet était donc ma fenêtre vers les Etats-Unis et l’actualité directe. La bande dessinée m’a motivé pour avoir internet même si j’étais déjà intéressé par les nouvelles technologies. Je commençais déjà à utiliser Photoshop pour la couleur sur mes dessins.
« J’aime le design simple et très épuré »
A partir de quel moment avez-vous commencé à publier en ligne ?
Il m’a fallu un peu de temps parce que je n’avais pas confiance en moi. Plus tard, à la Fac, je faisais partie de Sugar Comga, une association de dessinateurs répartis dans toute la France qui voulaient devenir professionnels. Je consommais aussi beaucoup de dessins animés de la Warner des années 90 comme Batman ou Superman. J’aimais beaucoup le travail de Bruce Timm, de Shane Glines ou encore le Batman Beyond, ainsi que le côté rétro remis au goût du jour. J’aime le design simple et très épuré.
Dans l’association, au départ nous communiquions par courrier puis ensuite par le web. J’ai alors mis mes dessins sur ma page personnelle puis sur un blog Blogspot que j’ai délaissé depuis au profit des réseaux sociaux (Marcocatoon). En 2005, j’y ai posté Djib une bande dessinée numérique.
Avez-vous effectué des études dans le graphisme ?
J’avais toujours l’envie de faire de la bande dessinée. J’ai fait un Bac S option math qui m’a donné cet intérêt pour la science, l’astronomie et la physique. Dans mes histoires même fantastiques, j’essaie de trouver des explications scientifiques plausibles et crédibles.
Pendant la période de Sugar Comga, je suivais un peu le troupeau dans ce style comics qui ne me convenait pas. Je ne m’exprimais pas avec mon propre style.
Vers 23/24 ans, j’ai rencontré ma copine de l’époque qui venait de terminer ses études en Arts Déco à Strasbourg. Elle m’a ouvert les yeux sur d’autres styles graphiques. J’ai découvert Trondheim, Sfar ou Larcenet. Je connaissais leurs travaux mais de très loin. J’ai pris une claque en lisant la série Donjon et je me suis dit que l’on pouvait faire de la fantasy autrement qu’avec de belles femmes et des grosses épées. A ce moment-là, j’ai tout réappris et j’ai découvert qu’il n’y avait pas que le « beau » dessin d’important en bande dessinée.
J’ai ensuite participé à une formation à distance L’atelier BD, une société qui donnait des cours de dessin en fonction du niveau, animée par des anciens des Arts Déco. A la fin, cela ne donnait pas un diplôme reconnu mais cela m’a permis de perfectionner certains points et combler mes lacunes.
Je suis monté à Paris, j’ai passé des concours et je travaille encore aujourd’hui dans la Communication institutionnelle dans le numérique.
Comment vous êtes vous retrouvé au catalogue Gallimard en 2015 avec Professeur Infini ?
Je me suis toujours intéressé à la BD numérique – une autre façon de faire vivre la BD populaire – et notamment ce qui ce faisait dans ce domaine là aux Etats-Unis. Je suivais aussi Joann Sfar sur Twitter depuis longtemps. Un jour il a posté un message sur son blog autour de la BD numérique où il expliquait qu’il n’était pas très convaincu de ce genre. J’ai répondu alors que ce style était intéressant pour le milieu du 9e art en lui donnant des exemples.
Il a alors regardé mon profil, mon blog et cela lui a plu. Il m’a proposé de créer une bande dessinée dans la Collection Bayou de Gallimard. Nous avons échangé par mail et je lui ai proposé Professeur Infini.
Quel sentiment avez-vous éprouvé lorsque vous avez eu l’objet entre les mains ?
Je me rappelle beaucoup plus le moment où j’ai pu le trouver à la FNAC. C’est là que je me suis rendu compte du chemin parcouru. J’ai travaillé dessus des mois et cela donnait un livre qui était à la disposition des gens qui pouvaient le lire. Je mesurais alors que cela faisait 20 ans que je travaillais beaucoup pour arriver à cela et que c’était aussi des sacrifices.
En ce qui concerne Professeur Infini, j’avais pourtant des idées pour faire un cycle entier mais Gallimard n’a pas donné suite.
- Feya, tome 1 (Vide Cocagne)
« J’imaginais un album métissé comme mes influences : mangas, jeux vidéos, animation et comics »
Comment avez-vous présenté l’album à Vide Cocagne pour qu’ils accrochent au projet ?
Je leur ai dit que je voulais faire une bande dessinée populaire inspirée par le manga et le comics mais aussi celle des années Pilote. J’imaginais un album métissé comme mes influences : mangas, jeux vidéos, animation et comics. Je voulais créer une histoire que les enfants aimeraient, généreuse, avec de l’aventure et des trucs rigolos.
Quelle fut l’idée de départ ?
Des idées un peu éparses que j’avais par-ci par-là. Il y avait des dessins aussi qui se promenaient un peu partout et notamment celui du cocon de Feya avec Gonzague en arrière-plan qui la découvre. C’est cette illustration qui m’a donné l’impulsion pour créer l’histoire.
« Mon rêve ultime c’est qu’un éditeur vienne me voir pour me dire de créer un univers entier à la Star Wars où l’on peut décliner des séries »
L’album s’ouvre sur une séquence de cinq planches muettes, pourquoi était-ce important de débuter l’histoire ainsi ?
De mémoire, il me semble que je ne l’avais pas ouvert de la sorte. C’est Fabien Grolleau, mon éditeur chez Vide Cocagne, qui m’a incité à rajouter des planches dans la nature. Je pense aussi que c’est pour cela qu’il a signé mon projet parce qu’il y a de la nature – il aime cela et c’est un peu sa marque de fabrique – et un univers végétal assez foisonnant.
Je suis aussi un grand amateur des Pokémon et j’étais assez étonné de toute la créativité dans leur design. J’aime mes animaux et mon bestiaire. Mon rêve ultime c’est qu’un éditeur vienne me voir pour me dire de créer un univers entier à la Star Wars où l’on peut décliner des séries. Un monde avec ses règles, son passé, son présent et son futur comme Donjon.
« [Gonzague et Izi] sont propulsés dans un truc qui les dépasse »
Est-ce que vous pouvez nous présenter Gonzague et Izi ?
Gonzague, c’est un bon garçon, qui a bon fond, qui veut aider mais peureux, un peu casanier aussi. Il me ressemble peut être un peu d’ailleurs. Izi et lui sont très amis, sont colocataires et sont bons vivants. Izi, il a ce côté un peu enfant et qui pense plus à son estomac qu’à faire autre chose. Le renard lui est un peu plus réfléchi. L’un équilibre l’autre.
Ils habitent dans une maison agréable au milieu de la forêt. Le début est bucolique et tranquille. L’idée c’est que Feya qui arrive dans leur vie, va tout bouleverser. Elle les transforme de petits pépères casaniers qui ne pensent qu’à cueillir, cuisiner et manger à aventuriers malgré eux. Ils sont propulsés dans un truc qui les dépasse.
Qui est maître Shimp ?
C’est un vieil ermite, un peu bourru, qui parle aux arbres. C’est le voisin de Gonzague et Izi. Le premier le respecte parce qu’il connaît beaucoup de choses sur la nature, le second le prend pour un vieux fou.
Gonzague et Izi font une découverte : Feya. Pourquoi est-elle majeure pour ce monde ?
Parce qu’elle représente le monde d’avant et c’est une humaine. Le duo ne sait pas qui elle est parce qu’ils sont nés après la disparition des humains. Shimp lui en a côtoyé donc il sait que c’est une humaine. Néanmoins, elle ne correspond pas aux humains qu’il a connu. De ce fait, elle remet tout en question.
Eux vivent entre créatures magiques en pensant que les humains ont disparu et certains ont même oublié qu’ils ont existé.
Pourquoi Shimp dit qu’une période sombre s’annonce lorsqu’il voit pour la première fois Feya ?
Il pense qu’elle n’est pas la seule, que d’autres vont arriver et qu’ils ont un lien avec les Robots qui ont été créés par les Humains à l’époque pour garder la Terre.
« Feya c’est aussi un être métissé : elle maîtrise la magie, les machines et c’est une humaine »
Le lieu de la découverte de Feya ressemble beaucoup à la base humaine ensevelie dans La planète de singes. Etait-ce une référence voulue ?
C’est possible parce que j’aime bien ce film. On voit beaucoup dans la science-fiction ces spots de technologie avancée isolés dans la nature. J’aimais bien l’idée de ronces ou de racines un peu partout.
C’est un lieu technologique mais ironie du sort c’est un cocon, un truc organique. Feya c’est aussi un être métissé : elle maîtrise la magie, les machines et c’est une humaine.
Pour élargir, il y a de nombreuses références dans Feya, pourquoi ?
Ce sont des clins d’oeil aux lecteurs. J’aime cela en tant que lecteur. Cela fait une connivence entre l’auteur et le lecteur. Ce n’est pas grave s’ils ne les ont pas toutes, surtout les petits. Eve ça fait penser à Hal dans 2001 l’odyssée de l’espace mais aussi à Eve, la première femme. Eve c’est un peu le dernier ordinateur.
« Je voulais avoir une héroïne. Je voulais aussi qu’elle soit de couleur parce que l’on n’en voit peu en bande dessinée »
Quelles valeurs avez-vous voulu véhiculer dans l’album ?
J’ai du mal à concevoir la bande dessinée destinée aux plus jeunes sans un vrai fond ou un message. Même si c’est dans le genre humour ou aventure, il faut quelque chose qui les marque, un petit truc qui les fasse réfléchir.
Il y a d’abord le respect de la nature : ici la Terre est dans cet état parce que les êtres humains l’ont massacrée. Il y a aussi la tolérance entre les différentes races, surtout qu’il y a les Protecteurs, sorte de secte anti-humaine, que l’on voit apparaître par la suite.
Après Professeur Infini qui était un garçon, je voulais avoir une héroïne. Je voulais aussi qu’elle soit de couleur parce que l’on n’en voit peu en bande dessinée. Je suis beaucoup de comptes américains et je me tiens au courant de l’actualité générale là-bas (politique, sociale et culturelle) : l’impact de Black Panther ou encore Sterling K. Brown qui joue dans This is us ou OJ Simpson, impliqué dans la représentation de la diversité dans le cinéma. Dans ce pays, c’est très présent, politisé mais pas chez nous. Il y a très peu de héros issus de la diversité dans les bandes dessinées franco-belges.
Pourquoi est-ce important de vous adresser aux jeunes lecteurs ?
Parce qu’ils sont l’avenir ! Il faut les sensibiliser à travers d’histoires qui vont les faire réfléchir. Je ne vais pas apporter les réponses – parce que je ne les ai pas spécialement – mais il y a des choses qui me touchent et je veux poser ces questions aux plus jeunes.
Ce sont aussi de futurs lecteurs et le 9e art a besoin de renouveler son lectorat. Je suis fan de Cartoon Network et Adventure Time, j’essaie de me tenir au courant de ce qui se fait en jeunesse en série, jeux vidéos ou animation. En regardant cela, ça m’inspire et cela ressort dans mes créations.
« Je suis toujours curieux de voir comment d’autres peuvent réinterpréter mes personnages »
Pourquoi le dessin d’un auteur invité ponctue-t-il chaque chapitre ?
C’est quelque chose que je voulais faire depuis un moment. Cela se fait beaucoup dans les comics (couvertures alternatives) et surtout chez les auteurs de ma génération qui invitent des auteurs pour interpréter leur univers. Je suis toujours curieux de voir comment d’autres peuvent réinterpréter mes personnages.
Pourquoi avoir voulu ouvrir les chapitres par une illustration pleine page et un titre ?
Pour se plonger dans l’ambiance et c’est aussi un clin d’œil aux mangas comme One Piece dont je suis fan. Je vais jusqu’au bout de la logique manga même si eux sont prépubliés dans des revues et pas Feya.
Je voulais publier mon manga au format 12×18 mais Fabien Grolleau m’a incité à le faire en plus grand, pas non plus trop grand que le jeune lecteur puisse tenir dans ses mains facilement, qu’il puisse le mettre dans son sac à dos et avec une couverture souple avec rabats. Quand j’ai vu la maquette cela m’a tout de suite fait penser à Kaos de Tezuka chez Cornélius.
Si tout se passe bien, ce premier volume de Feya en annonce d’autres. Combien ?
La suite est déjà annoncée sur le jaquette, normalement elle sortira en août et clôturera l’histoire; même si avec mes inspirations, je peux tirer l’univers dans tous les sens.
« Je veux faire de la BD populaire, que l’enfant puisse mettre dans son sac à dos, salir ou qu’il puisse l’emporter en voyage »
Puisque le suivant sort rapidement, est-ce délicat de tenir un rythme aussi élevé ? Comment l’appréhendez-vous ?
Ce n’est pas une surprise puisque je savais ce délais très court. J’ai trouvé le format qui me permet de raconter des histoires et cela me convient bien. Le rythme est soutenu mais je ne ferai pas cela toute ma vie. Je pense pouvoir réaliser plusieurs albums par an en levant le pied.
Un de mes modèles, c’est Patrick Sobral et sa série Les Légendaires, pas spécialement sur le style de dessin et l’histoire mais plutôt sa capacité d’imagination pour créer son univers. C’est de la bande dessinée généreuse, une générosité simple. Il sortait deux albums par an et grâce à cela fidélisait son lectorat. C’est une des clefs du succès surtout chez les jeunes lecteurs : s’ils aiment, ils veulent continuer rapidement à consommer.
En y réfléchissant, j’aurais réalisé 2 fois 200 pages en 6 mois ! Le 46 planches ne m’intéresse pas du tout parce que j’ai besoin d’espace.
Je veux faire de la BD populaire, que l’enfant puisse mettre dans son sac à dos, salir ou qu’il puisse l’emporter en voyage !
Fabien était très intéressé par le projet parce que c’était un format – le manga – qu’il n’avait jamais fait chez Vide Cocagne.
Pour terminer, que représente Feya dans votre parcours professionnel ?
L’album représente la bande dessinée populaire qui a un lien avec toutes mes influences. C’est ce style de bande dessinée que je veux continuer de faire.
C’est la série qui me correspond le mieux, celle que j’ai envie de faire. Je réfléchis à des projets en ce moment et le point comment entre eux , c’est que je n’ai que des héroïnes en personnage principal.
Pourquoi que des filles ou des femmes ?
J’ai lu sur les réseaux sociaux – sur un compte américain il me semble – que si rien n’oblige à mettre un garçon, pourquoi ne pas mettre une fille.
Entretien réalisé le vendredi 02 février 2018
À propos de l'auteur de cet article
Damien Canteau
Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une trentaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée) et co-responsable du prix Jeunesse de cette structure. Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip. Damien modère des rencontres avec des autrices et auteurs BD et donne des cours dans le Master BD et participe au projet Prism-BD.
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