La mère et la mort / Le départ

Les éditions Le Tripode dévoilent La mère et la mort / Le départ, un étonnant et somptueux album double qui met en parallèle deux histoires qui se répondent : l’une est signée Alberto Laiseca et l’autre Alberto Chimal, toutes deux illustrées par Nicolas Arispe.

  • La mère et la mort. Une maman et son fils vivaient dans une maison dans la forêt au bord du Rhin. Un jour, la Mort vint chercher le bébé pour l’emporter avec elle. Ne voulant pas laisser son petit, la mère se mit en route pour le retrouver. Pour passer les obstacles sur son chemin, elle dut sacrifier des parties de son corps (ses yeux, son bras ou ses jambes)…
  • Le départ. Lors d’un tremblement de terre à Appa, une maman vit son fils mourir. Dans son grand désarroi, elle pria pour qu’on le lui rende. Les dieux se laissèrent attendrir par cette mère éplorée. Ils lui redonnèrent son corps mais son âme resta près d’eux. Elle s’occupa de lui comme s’il était encore vivant…

Soulignons-le avec force : les éditions Le Tripode développent une ligne éditoriale de grande valeur. Après Le livre de Nicolas Arispe, Les jumblies de Edward Lear et Edward Gorey et Hugo Pratt : Voyages avec Rimbaud, Kipling, Baffo, elles publient ce double album La mère et la mort / Le départ : somptueux. Somptueux par les histoires contées et somptueux par les illustrations de Nicolas Arispe.

L’auteur argentin a choisi deux textes de ses compatriotes Alberto Laiseca et Alberto Chimal et les met magnifiquement en image. Son trait en noir et blanc très détaillé convient idéalement pour restituer l’ambiance morbide des histoires. Pour cela, il s’est inspiré des plus grands : Otto Dix, Caspar Friedrich, Jérôme Bosch, Pieter Brueghel ou Chirico mais aussi par les rites africains, l’art gothique ou les portraits post-mortem.

Né en 1978, Nicolas Arispe a suivi la formation de l’Institut Universitaire National des Arts. Alors qu’il dessine cet double album, il confie : « Je pense que le seul moyen de calmer l’angoisse de la mort est de mettre des mots dessus, des images, d’en faire de la musique, du cinéma. Nous ne pouvons pas vaincre la mort, ni nous en défaire, mais nous avons l’art pour la questionner, la penser, pour rire d’elle et de notre peur ou pour nous connaître dans cette frayeur ».

La mère et la mort de Alberto Laiseca (1941-2016) met en scène l’abnégation d’une mère prête à tout pour retrouver son enfant. Cette notion de sacrifice est très présente dans les légendes et les contes du monde entier. Tandis que Le départ de Alberto Chimal (né en 1970) met en scène le travail de deuil d’une mère après le décès de son enfant. Dans les deux histoires, finalement très proches, l’amour filial est au cœur de ces drames humains.

Article posté le vendredi 23 février 2018 par Damien Canteau

La mère et la mort / Le départ de Nicolas Arispe, Alberto Laiseca et Alberto Chimal (Le Tripode)
  • La mère et la mort / Le départ
  • Auteur : Nicolas Arispe
  • Textes : Alberto Laiseca et Alberto Chimal
  • Editeur : Le Tripode
  • Parution : 1er février 2018
  • Prix : 23€
  • ISBN : 9782370551481

Résumé de l’éditeur : Dans ce double album, deux des conteurs les plus reconnus d’Amérique latine, Alberto Laiseca et Alberto Chimal, se saisissent avec délicatesse du thème du sacrifice qu’une mère est prête à faire pour s’opposer à un événement tragique et irréversible : la mort d’un enfant. En illustrant et réunissant les deux histoires par un effet de miroir exceptionnel au coeur de l’ouvrage, l’artiste argentin Nicolás Arispe offre une lecture qui va au-delà des mots. Ses illustrations en noir et blanc, symboliques et terribles, sont à la croisée d’Edward Gorey et de José Guadalupe Posada, du baroque et du paganisme, de la Première Guerre mondiale et des danses macabres médiévales. Dans La Mère et la Mort, l’Argentin Alberto Laiseca s’inspire d’un conte de Hans Andersen et nous raconte l’abnégation d’une mère prête à traverser les paysages les plus hostiles et à sacrifier sa chair pour retrouver son petit. Dans Le Départ, le Mexicain Alberto Chimal dépeint le long et douloureux deuil d’une mère qui perd son enfant lors d’un tremblement de terre. Les deux récits, à mi-chemin entre la tragédie classique et la tradition orale, nous confrontent à nos peurs les plus profondes et à la question du deuil le plus douloureux qui soit, qui s’exorcise ici par la littérature et l’art.

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

En savoir