Maudit sois-tu #1

Nous sommes en 2019.  Les égouts de Londres dépeignent l’atmosphère lugubre qui ne quittera jamais ce premier tome de Maudit-sois tu. Dedans s’y déroule une chasse à l’homme dont Nicholas Zaroff est l’instigateur. La pauvre future victime n’a aucune chance de s’en sortir. Accompagné d’une créature tout droit sorti de nos pires cauchemars, Zaroff prend un plaisir diabolique à traquer l’homme dont les dernières heures ont sonné.

Le ton est ainsi donné. Cette première scène annonce une histoire qui va nous glacer le sang jusqu’à la fin de cette première partie du triptyque qu’est Maudit sois-tu. Et ce n’est pas le sinistre et malfaisant protagoniste qui va se priver d’afficher ses intentions de cruelle vengeance. Auprès de qui ? Et pourquoi ? Deux hommes et deux femmes qui n’ont apparemment aucun lien entre eux, ont pourtant la malchance de posséder un point commun qui les conduira à être la cible du Comte oligarque russe Zaroff.

Avec le non moins terrifiant Docteur Moreau, spécialiste de la xénotransplantation, le plan machiavélique du chasseur d’hommes est minutieusement préparé pour dresser le piège aux quatre descendants de l’aïeul du Comte. Il ne reste plus qu’à les convoquer un à un. La toile se tisse inexorablement autour d’eux…

2019, 1848, et 1816. Trois dates choisies pour raconter les trois tomes de Maudit sois-tu. Le scénariste Philippe Pelaez a choisi une narration à rebours pour s’approprier le personnage de fiction né de la plume de l’écrivain Richard Connell. Zaroff revit grâce à l’auteur mais à notre époque. Ceux qui ont vu Les Chasses du Comte Zaroff, le film de Ernest B. Schoedsack trouveront plus de références et de similitudes à l’adaptation libre de Pelaez qu’à la suite imaginée par Runberg & Miville-Deschênes sortie quelques mois auparavant. Philippe Pelaez s’amuse à confronter personnages de fiction et réels avec une aisance qui font de ce Maudit sois-tu un récit captivant dès Zaroff, titre de ce premier tome.

Au-delà de l’histoire prenante et pesante à souhait, la réussite de ce premier épisode réside incontestablement par le rendu graphique de Carlos Puerta. Habitué à dessiner des créatures venue de nulle part dans Adamson, le dessinateur de Jules Verne et l’Astrolabe d’Uranie, prouve qu’il est à l’aise dans cette ambiance fantastique voire horrifique. Pour cette nouvelle aventure, Carlos Puerta délivre, une nouvelle fois, une partition graphique de haute volée. Même s’il fait partie de ces artistes de la bande dessinée où l’on doit réellement rester avec lui pour ne pas perdre le fil de ses personnages aux traits parfois déstabilisants, le jeu en vaut toujours la chandelle.  Si, au détour de ses décors somptueusement glauques, vos yeux associent certains visages à des noms célèbres tels Joel McCrea ou peut-être Michelle Pfeiffer, ce n’est pas anodin. Puerta ne fait jamais rien par hasard.

Zaroff, le premier tome de Maudit sois-tu est impressionnant dans la tension palpable retranscrite par leurs auteurs. L’originalité de cette histoire veut que l’on commence par la fin. Ce qui augure moult questions. Gageons que le deuxième tome permettra d’en apporter quelques réponses.

 

Article posté le dimanche 19 janvier 2020 par Mikey Martin

  • Maudit sois-tu #1 : Zaroff
  • Scénariste : Philippe Pelaez
  • Dessinateur : Carlos Puerta
  • Éditeur : Ankama
  • Prix : 15,90 €
  • Parution : septembre 2019
  • ISBN : 979-1033509783

Résumé de l’éditeur : 2019, un homme est retrouvé mort dans les égouts de Londres. L’enquête se dirige rapidement vers la petite amie du défunt, car leur liaison a été arrangée par leur employeur commun, Nicholas Zaroft Ce mystérieux oligarque russe n’a en fait qu’un seul but : se venger de ceux qui, 170 ans auparavant, ont causé la perte de son aïeul. Pour y parvenir, il va réunir leurs quatre descendants et les traquer dans une vaste chasse à l’homme… La trilogie Maudit sois-tu, Zaroff – Moreau – Shelley mêle personnages fictifs et réels, avec une pointe de fantastique. Grâce à une narration à rebours (2019, 1848 et 1816), chaque récit apporte des réponses au précédent.

À propos de l'auteur de cet article

Mikey Martin

Mikey, dont les géniteurs ont tout de suite compris qu'il était sensé (!) a toujours été bercé par la bande dessinée. Passionné par le talent de ces scénaristes, dessinateur.ice.s ou coloristes, il n'a qu'une envie, vous parler de leurs créations. Et quand il a la chance de les rencontrer, il vous dit tout !

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