Rooster Fighter

Quand le Japon est menacé par des monstres géants effroyables, les humains n’ont pas à s’en faire. Un coq les protège coûte que coûte. Rooster Fighter est une parodie de Shonen décoiffante de Shu Sakuratani, chez Mangetsu.

Keiji est un coq blanc, la crête bien droite, un regard de tueur. Il correspond en tout point à l’expression « fier comme un coq« . Il est tellement fier qu’il en est insupportable. Mais surtout, c’est un coq guerrier. Keiji parcourt le Japon à la recherche du monstre qui a tué sa sœur. Sur son chemin, il affronte d’innombrable Kijû.

Les Kijû sont des monstres nés d’humains. Les humains stressés, traumatisés, frustrés peuvent se transformer en Kijû. Leurs formes et leurs attribues varient. Mais souvent leurs actes sont les mêmes : ils détruisent tout sur leur passage et tentent de manger les gens. Alors quand Keiji en croise un sur sa route, il lui fait la misère. Il le taille en pièce.

Rooster Fighter est une sacrée parodie.

On y retrouve tous les ingrédients du bon vieux shonen. Un héros tout petit face à une menace gigantesque et méconnue. Une quête personnelle qui le ronge de l’intérieur. Un adversaire principale impressionnant. Une poule guerrière plus stylée que lui, une petite acolyte folle amoureuse et mignonne…..

Le lecteur saute de scénette en scénette. L’univers de Shu Sakuratani se déploie doucement et la quête de Keiji avance de bon pas. Cette comédie applique tous les codes du shonen pas prise de tête. Une bonne lecture, dynamique, drôle avec juste ce qu’il faut d’énigme pour captiver le lecteur.

Dans son graphisme, Shu Sakuratani nous embarque directement. Son trait et sa mise en scène sont claires, volontaires et énergiques. Ses scènes d’actions sont particulièrement agréable à suivre.

C’est une parodie totale qui se veut drôle parce qu’elle se prend au sérieux.

Malgré son sale caractère, Keiji est attachant (il est vraiment insupportable) et son histoire donne envie de le suivre jusqu’au bout.

Rooster Fighter entre dans une lignée de parodie et de modernisation du genre shonen déjà bien entamé par One Punch Man, avec son héros littéralement trop fort. Ainsi que par le déconcertant No Longer Rangers, qui fait des « stormtroopers » les personnages principaux. Le titre souligne le désir de renouvellement du genre que met déjà en avant Kaiju n°8 avec son personnage trentenaire qui prend le contre-pied des petits jeunes qui monopolisent habituellement le rôle de héros.

Le shonen à la peau dure, mais une réalité s’est installée dans les consciences : c’est l’overdose. Le genre a besoin de se renouveler, de descendre de son piedéstal, de proposer autre chose que les mêmes récits initiatiques encore et encore.

Alors pourquoi pas en rire ?

Rooster Fighter est une bonne comédie, mais aussi une bonne histoire de Kaiju. Avec ce titre de Shu Sakuratani, Mangetsu renforce encore son identité de label de dure à cuir décalé.

Article posté le lundi 11 juillet 2022 par Marie Lonni

Rooster Fighter T1 - Shu Sakuratani - Mangetsu
  • Rooster Fighter T1 -T2 
  • Auteur : Shu Sakuratani
  • Traducteur : Alexandre Fournier
  • Editeur : Mangetsu
  • Prix :  7,95€
  • Parution :  4 mai / 6 juillet 2022
  • ISBN : 978238281086-6

Résumé de l’éditeurTandis que Keiji poursuit sa quête de vengeance, la menace des kijû se renforce. Jusqu’ici dépourvus d’émotions et dotés d’un faible intellect, ils semblent avoir évolué pour devenir plus intelligents, plus « humains », et surtout, bien plus redoutables que ceux que notre coq a pu croiser auparavant. Heureusement, pour les combattre, Keiji peut compter sur de nouveaux alliés… plus ou moins coopératifs. Malgré tout, il pourrait bien y laisser quelques plumes…

À propos de l'auteur de cet article

Marie Lonni

"C'est fou ce qu'on peut raconter avec un dessin". Voilà comment les arts graphiques ont englouti Marie. Depuis, elle revient de temps en temps nous parler de ses lectures, surtout quand ils viennent du pays du soleil levant. En espérant vous faire découvrir des petites pépites à savourer ou à dévorer tout cru !

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