Top 15 des bandes dessinées sur la Grande guerre

Alors qu’approche le 11 novembre et la commémoration de l’armistice, Comixtrip vous propose une sélection des meilleurs albums traitant de la Grande guerre. Forcément subjectif, notre Top 15 des bandes dessinées évoquant la première guerre mondiale peut prêter à discussion. Si vous avez des coups de cœur dans ce domaine, n’hésitez pas à nous en faire part en nous les signalant dans les commentaires.

1.

La Grande guerre de Charlie
de Joe Colquhoun et Pat Mills (Delirium)

Edité entre 1979 et 1988 dans le magazine hebdomadaire britannique Battle, le chef d’oeuvre de Joe Colquhoun et Pat Mills a marqué des générations de lecteurs. A travers le destin de Charlie, jeune adolescent au moment de son engagement, cette série est l’une des seules bandes dessinées à traiter la première guerre mondiale du point de vue des Tommies (soldats britanniques) en étant au plus proche du quotidien des tranchées, sans occulter la cruauté et l’absurdité du conflit. Marquant à tous points de vue.

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2.

C’était la guerre des tranchées
de Jacques Tardi (Casterman)

Récompensé par deux prestigieux Eisner Awards et de nombreux autres prix, cet album de Jacques Tardi évoque la vie des Poilus dans les tranchées. L’auteur français ayant consacré une large partie de sa carrière à traiter de ce sujet en bande dessinée, a été marqué alors qu’il était enfant par une anecdote terrible survenue à son grand père. Alors qu’il était soldat, celui-ci avait plongé au sol pour se protéger d’échange de tirs et avait ouvert les yeux en découvrant ses deux mains dans le ventre d’un mort. Une scène figurant en ouverture de l’album où sont compilés une suite de récits marquants. « Il ne s’agit pas de l’histoire de la Première guerre mondiale racontée en bande dessinée, mais d’une succession de situations non chronologiques. (…) Il n’y a pas de « héros », pas de « personnage principal », dans cette lamentable « aventure » collective qu’est la guerre. Rien qu’un gigantesque et anonyme cri d’agonie », décrit Tardi dans la préface de ce chef d’oeuvre antimilitariste.

3.

La Mort blanche
de Charlie Adlard et Robbie Morrison (Delcourt)

Un des aspects méconnus de la Grande Guerre, lorsque dans les montagnes italiennes du Trentino, les troupes déclenchaient des avalanches utilisées comme des armes de guerre pour ensevelir les ennemis. Entre 60.000 et 100.000 soldats sont morts de cette manière. Un aspect méconnu du conflit décrit à travers la vie de Pietro par les auteurs britanniques Robbie Morrison et Charlie Adlard, plus connu du grand public par la série Walking Dead.

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4.

La Grande guerre, le premier jour de la bataille de la Somme
de Joe Sacco (Futuropolis)

Oeuvre monumentale, très bien documentée et surprenante tant par sa forme originale que le fond et le graphisme de Joe Sacco. La Grande guerre, le premier jour de la bataille de la somme est un magnifique livre-objet proposant une fresque muette de 7 mètres de long à déplier. Il raconte heure par heure le déroulement tragique de cette bataille figurant parmi les plus meurtrières de l’histoire, où entre le 1er juillet et le 18 novembre 1916, on comptabilisa 1.060.000 victimes (443.000 morts et 617.000 blessés).

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5.

L’Ombre du corbeau
de Didier Comès (Casterman)

Dans son registre si particulier, conjuguant réalisme, noirceur, fantastique et poésie, Comès propose une vision saisissante de la Grande Guerre.
Septembre 1915, sur le front de la Meuse. Miraculeusement rescapé d’un bombardement de l’artillerie française, un combattant allemand erre seul dans un paysage dévasté. D’étranges visions  le mènent à un château, lui aussi inexplicablement épargné par les combats. Les habitants du lieu, une curieuse famille dont certains membres se montrent amicaux, d’autres hostiles, semblent tous le connaître personnellement. Le jeune soldat découvrira bientôt que ses hôtes incarnent les différentes facettes de la mort. Il ne leur reste qu’à décider ce qu’ils vont faire de lui…
Trente ans après sa création, cette oeuvre forte n’a rien perdu de sa puissance.

6.

Mauvais Genre
de Chloé Cruchaudet (Delcourt)

Inspiré librement de l’essai historique et biographique de Danièle Voldman et Fabrice Virgili, La garçonne et l’assassin, paru aux éditions Payot en 2011, cet album a été récompensé par de nombreux prix. Il évoque l’histoire vrai d’un travesti dans les années folles, Paul, et de sa femme Louise. Pour échapper à la grande boucherie, Paul décide de déserter. Seulement voilà, à une époque où le patriotisme tient encore lieu de morale, désertion équivaut à condamnation et exclusion. Le soldat mutilé qui veut échapper à l’horreur de la guerre doit vivre caché. Pour Paul, la solution sera de devenir autre. Cet autre s’appellera Suzanne. Pendant dix ans, l’ancien soldat se travestira en femme. Ce changement le bouleversera jusqu’au plus profond de son être.

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7.

Notre mère la guerre
de Maël et Kris (Futuropolis)

Janvier 1915, au cœur de la Champagne pouilleuse. Cela fait six mois que l’Europe est à feu et à sang. Six mois que la guerre charrie ses milliers de morts quotidiens. Mais, sur le front, ce sont trois corps de femmes qui effraient l’état-major. Trois femmes froidement assassinées. Sur leurs cadavres, à chaque fois, une lettre d’adieu. Une lettre d’adieu écrite par leur meurtrier. Une lettre d’adieu cachetée à la boue des tranchées, sépulture impensable pour celles qui sont les symboles de la sécurité et du réconfort, les ultimes remparts de l’Humanité. Des femmes… C’est impossible. Tout s’écroulerait. Ou alors c’est la guerre elle-même qu’on assassine…

8.

La Véritable histoire du soldat inconnu
de Jacques Tardi (Futuropolis)

Edité en 1974 et longtemps épuisé il s’agit de l’un des albums fondateurs de l’oeuvre de Jacques Tardi sur la Grande Guerre. L’auteur imagine la vie de ce soldat anonyme mort inhumé au pied de l’arc de triomphe le 11 novembre 1920 et symbolisant tous les soldats ayant perdu la vie lors de ce conflit. Antimilitariste, l’auteur lui imagine une destinée bien loin de l’image d’Epinal: mort le 10 novembre 1918 dans la boue, inhumé le 11 novembre 1918 sous l’Arc de Triomphe, auteur de romans d’aventure à cent sous, simplistes et affligeants, considéré comme « une sacrée tête de con » par ses compagnons de tranchées, voilà pour Tardi qui était le soldat inconnu…

9.

L’Or et le sang
de Fabien Nury, Maurin de France, Fabien Bedouel et Merwan (Glénat)

Leur histoire démarre dans les tranchées de la Grande Guerre, à cause d’un hérisson alcoolique…C’est là que se rencontrent Léon Matilo, mauvais garçon corse et Calixte de Prampéand, fier artistocrate. Devenus frères de combat, ils ont fait le pacte de ne plus se quitter et de devenir forbans, pirates… Embrouilles en rafale dans le Rif marocain  sur fond d’amitié entre deux hommes que tout sépare. Quand le grand vent de l’aventure souffle sur la bande dessinée…

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10.

La Lecture des ruines
de David B (Dupuis)

Chaque homme tué au combat renaît-il dans le ciel sous la forme d’une étoile ? Voir en rêve un autobus est-il vraiment un signe de mort prochaine ? En 1917, Jan Van Meer, agent des services secrets alliés et folkloriste distingué, parcourt l’Europe à la recherche de l’ingénieur Hellequin, inventeur du canon à rêves et du barbelé végétal, passé maître dans la lecture des ruines…

11.

Gavrilo Princip, l’homme qui changea le siècle
de Henrik Rehr (Futuropolis)

Le 28 juin 1914, Gavrilo Princip assassinait à Sarajevo l’archiduc François Ferdinand, événement déclencheur de la Première Guerre mondiale. C’est l’histoire de cet anarchiste dont s’est emparé le trop rare dessinateur d’origine danoise, Henrik Rehr pour livrer une biographie très documentée et possédant une dimension géopolitique marquante.

12.

Petrograd
de Philipp Gelatt et Tyler Crook (Urban Comics)

Qui a tué Grigori Raspoutine ? À l’aube de la Révolution de 1917, un espion britannique s’infiltre au coeur de l’Empire Russe. Tiré de fait réels, Petrograd est le fruit d’un travail de recherches, tentant de percer à jour le mystère entourant la mort de Raspoutine. Ce thriller historique nous offre une plongée dans les abysses les plus sombres de la Cour du Tsar de Russie, au début du XXème siècle.
Devenu dès 1905 le protégé et le conseiller du couple impérial, Raspoutine, en pacifiste convaincu, prône la paix et convaincra Nicolas II de ne pas propager le conflit né de l’affaire des Balkans.
Cette position attise la colère des nationalistes russes, convaincus de la puissance de leur armée pourtant affaiblie par la guerre contre le Japon et la guerre des Balkans. Cette haine contre le moine atteint son paroxysme lorsqu’en 1914 l’Allemagne déclare la guerre à la Russie. En l’absence du tsar, posté au front, les liens d’amitié du staretz avec la tsarine, d’origine allemande, sont une preuve de trahison supplémentaire aux yeux de ses détracteurs…

13.

Fritz Haber
de David Vandermeulen (Delcourt)

Fritz Haber, Juif allemand né en 1868 et mort en 1934, est connu des dictionnaires pour son prix Nobel de chimie. Mais sa vie est bien plus ambiguë. Homme d’ambition, il est l’un des pères de l’industrie et de la guerre chimique. Inventeur des premiers engrais chimiques, mais aussi des gaz de combats ayant servi dans les tranchées de la première guerre mondiale, il fut l’un des scientifiques ayant travaillé à l’élaboration du Zyklon B utilisé plus tard par les Nazis dans les camps de concentration…

14.

Medz Yeghern : Le grand mal
de Paolo Cossi (Dargaud)

Alors que le monde a les yeux rivés sur le conflit déchirant la vieille Europe, l’Empire Ottoman, allié de l’Allemagne, se livre en toute impunité à un terrible génocide contre les Arméniens. Entre 1914 et 1923 près d’un million et demi d’entre eux seront tués. Dans cet album, l’auteur italien Paolo Cossi propose une immersion dans cette tragédie à travers plusieurs personnages.

15.

Matteo
de Jean-Pierre Gibrat (Futuropolis)

Récit romanesque de haute tenue, composé de quatre époques, Mattéo raconte la destinée singulière d’un homme qui, de 1914 à 1939, de la guerre de 14 à la Seconde Guerre mondiale, en passant par la révolution russe, le Front Populaire et la guerre d’Espagne, traversera époques tumultueuses et passions exacerbées.
Finalement, comme malgré lui, Mattéo sera de toutes les guerres, celles qui auront embrasé les premières décennies du XXe siècle en mettant à mal son pacifisme militant, comme celles qui meurtriront son cœur d’amoureux éconduit.

Article posté le samedi 07 novembre 2015 par Nicolas Albert

À propos de l'auteur de cet article

Nicolas Albert

Nicolas Albert est journaliste à la Nouvelle République - Centre Presse à Poitiers. Auteur de plusieurs livres sur la bande dessinée (Atelier Sanzot, XIII 20 ans sans mémoire…) ou de documentaires video, il assure également différentes missions pour le festival international de la bande dessinée d'Angoulême : commissaire d’expositions (Atelier Sanzot, Capsule Cosmique, Boule et Bill, le Théâtre des merveilles, Les Légendaires…), metteur en scène des concerts de dessins, rédacteur en chef de la WebTV et membre du comité de sélection.

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