Nymphéas noirs

Le duo Fred Duval / Didier Cassegrain réalise chez Dupuis une adaptation réussie du roman à succès de Michel Bussi, Nymphéas noirs. Un album hommage à Monet, maître de l’impressionnisme, relevé d’une belle touche de mystère.

UN PAYSAGE QUI INSPIRE

Une Normandie verdoyante comme dans les cartes postales, des paysages paisibles et mystérieux qui inspirent et invitent à la rêverie… Et surtout Giverny, paradis des couleurs où vécut pendant près plus de quarante ans l’un des peintres les plus célèbres de l’histoire, Claude Monet ( 1840-1926 ).

C’était en 2011 le décor choisi par le romancier à succès Michel Bussi pour y camper les personnages de ses Nymphéas noirs, un roman d’amour à suspense multiprimé publié aux Presses de la Cité. C’est aussi depuis peu le cadre de l’adaptation BD signée par un duo talentueux, le scénariste Fred Duval et le dessinateur Didier Cassegrain dans la prestigieuse collection Aire Libre chez Dupuis.

RÉPUTÉS INADAPTABLES

Passer du roman à la BD n’est jamais chose aisée. Et surtout dangereuse a fortiori avec un roman facétieux qui mélange les codes. Ainsi ces Nymphéas noirs ressemblent par bien des aspects à un polar – des meurtres, un enquêteur, un narrateur omniscient – et par d’autres à un roman sentimental – une héroïne qui joue de ses charmes, des amours secrètes enfouies dans le passé…

« Mes Nymphéas noirs étaient réputés inadaptables en images… » confie Michel Bussi au sujet de cette histoire, « Avec cette bande dessinée, c’est un rêve qui devient réalité ». D’autant que l’intrigue développée par le romancier ne suit pas une ligne droite. Lui aussi, par petites touches comme dans l’univers du peintre impressionniste, promène le lecteur de meurtres en cadavres, de mobiles apparemment évidents en étranges rebondissements…

DES COULEURS POUR UNE ATMOSPHÈRE

Impossible donc – et c’est sans doute mieux ainsi – de résumer cette affaire criminelle qui a pour seul cadre  le mythique village de Giverny. C’est là que débarquent deux policiers chargés d’élucider un premier meurtre, celui de Jérôme Morval, ophtalmologue à Rouen. Ils devront faire face à trois femmes puissantes, la belle institutrice Stéphanie, la jeune Fanette et la vieille dame qui passe son temps derrière ses rideaux à espionner son voisinage.

Qui sait quoi ? Qui a fait quoi et pourquoi ?  Et que viennent faire ici, sinon leur lien passé avec Giverny, ces fameux Nymphéas noirs peints par le maître et qui auraient été volés. Ou perdus ?

Le dénouement – on vous laisse évidemment le plaisir de la découverte – est déconcertant. La mécanique du récit est bien huilée et surtout le dessin tout en nuances de Cassegrain colle parfaitement à cette atmosphère tout à la fois paisible et délétère. Si l’on a à juste titre loué la lumière impressionniste, on pourra aussi saluer celle que le dessinateur distribue sur 140 planches, donnant à ces Nymphéas noirs une belle ampleur.

Article posté le lundi 11 février 2019 par Jean-Michel Gouin

  • Nymphéas noirs
  • Auteurs : Frédéric Duval et Didier Cassegrain
  • Editeur : Dupuis
  • Parution : Janvier 2019
  • Prix : 28, 95€
  • ISBN : 9782800173504

Résumé de l’éditeur. Dans le village de Giverny, où Claude Monet peint quelques-unes de ses plus belles toiles, la quiétude est brusquement troublée par un meurtre inexpliqué. Tandis qu’un enquêteur est envoyé sur place pour résoudre l’affaire, trois femmes croisent son parcours. Mais qui, de la fillette passionnée de peinture, de la séduisante institutrice ou de la vieille dame calfeutrée chez elle pour espionner ses voisins, en sait le plus sur ce crime ? D’autant qu’une rumeur court selon laquelle des tableaux d’une immense valeur, au nombre desquels les fameux Nymphéas noirs, auraient été dérobés ou bien perdus.Quand la passion se mêle à l’art en un jeu de miroirs, Michel Bussi nous emporte dans un tourbillon d’illusions et de mystère, merveilleusement retranscrit par Fred Duval et mis en lumière par Didier Cassegrain, dont les atmosphères évanescentes rappellent l’empreinte impressionniste.Bien plus qu’une adaptation, Nymphéas noirs est à la fois un hommage à l’un des mouvements les plus symboliques de la peinture moderne, un polar envoûtant à travers les époques et un superbe conte de fées empoisonné. À l’image de ces nymphéas, aussi sombres que sublimes.

À propos de l'auteur de cet article

Jean-Michel Gouin

Passionné par l'écrit, notamment l'histoire, la littérature policière et la bande dessinée, Jean-Michel Gouin est journaliste à Poitiers.

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