Esclaves de l’Île de Pâques

Les éditions « La Boîte à Bulles » viennent de publier Esclaves de l’Île de Pâques, un livre signé Didier Quella-Guyot au scénario et Manu Cassier au dessin. Un album intéressant sur un épisode méconnu du grand public.

L’Île de Pâques au XIXe siècle

Après Boitelle et le café des colonies se déroulant au Havre, puis nous avoir emmené à Tahiti dans Papeete 1914 (avec Sébastien Morice au dessin), Didier Quella-Guyot nous transporte à nouveau dans le Pacifique, vers une île encore plus lointaine, plus isolée et du coup plus mythique : la fameuse Île de Pâques.

Il n’est pas ici question de l’ère pré-européenne de l’île (pour cela, je vous renvoie à l’excellent film de Kevin Reynolds, Rapa-Nui), celle où furent érigés les fameux Moai, ces statues géantes qui font encore aujourd’hui la célébrité de l’île.

Non, les deux auteurs traitent d’une période beaucoup plus récente : le XIXe siècle. Une époque où les habitants de l’île furent réduits en esclavage, où des missionnaires tentèrent d’apporter la civilisation aux indigènes, où les Pascuans subirent le joug d’un tyran venant du fin fond du Poitou.

Plusieurs personnages haut en couleurs traversent l’album et nous permettent d’appréhender un large pan de l’histoire contemporaine pascuane.

Il y a d’abord Eugène Eyraud, un prêtre ouvrier qui tente d’évangéliser des populations locales, hostiles au message chrétien. On croise aussi Pana, un Pascuan qui fricote avec les Européens mais qui ne peut s’empêcher de regretter la splendeur perdue de son peuple. Et enfin, Jean-Baptiste Dutrou-Bornier, un marin sans foi ni loi, qui vient développer l’agriculture et qui peu à peu se transforme en despote jusqu’à se faire nommer roi de l’île…

Esclaves de l’Île de Pâques : quand la grande Histoire se mêle aux destins individuels

Dans cet ouvrage, nous assistons à l’histoire dramatique d’un peuple, d’une culture que les colons européens ont totalement dévasté. Un véritable ethnocide dont l’exemple le plus terrible reste ce rongo rongo, écriture hiéroglyphique aujourd’hui totalement oubliée et impossible à déchiffrer.

Employant une palette de couleurs réduite et sombre, le dessin de Manu Cassier colle parfaitement à cette histoire et parvient à nous en restituer toute la tragédie.

Au bout du compte, un album poignant, où on apprend un tas de choses et où la grande Histoire se mêle aux destins individuels.

Article posté le vendredi 22 juin 2018 par Medionok

Esclaves de l'Île de Pâques de Didier Quella-Guyot et Manu Cassier (La Boîte à Bulles)
  • Esclaves de l’île de Pâques
  • Scénariste : Didier Quella-Guyot
  • Dessinateur : Manu Cassier
  • Editeur : La Boîte à Bulles
  • Parution : 09 mai 2018
  • Prix : 16€
  • ISBN : 9782849533017

Résumé de l’éditeur : L’île de Pâques était jadis une île isolée, avec sa culture propre et une population de près de 3. 000 habitants. Puis les occidentaux sont arrivés. Ils ont enlevé 1407 Pascuans pour les réduire à l’esclavage dans les mines de guano. Certains ont finalement pu rentrer… et propager sur l’île des épidémies venues du continent. C’est à cette époque qu’Eugène Eyraud, prêtre ouvrier de son état, décide de s’installer sur l’île pour y mener une mission d’évangélisation et apporter la civilisation à ces sauvages aux dieux de pierre. Il aura bien du mal à parvenir à ses fins, devra partir pour mieux revenir… Jusqu’à ce qu’un autre « civilisateur » vienne s’installer dans l’île : le marin Jean-Baptiste Dutrou-Bornier. Il développe l’agriculture sur l’île, épouse une princesse locale puis se transforme en despote, fait brûler les églises, tue, viole. À sa mort, en 1876, il ne reste plus que 175 Pascuans sur l’île. Les fameux Moaï, ces géants de pierre garderont leur mystère pour l’éternité…

À propos de l'auteur de cet article

Medionok

Né la même année que le festival d'Angoulême, Medionok a toujours aimé la BD et comme il adore écrire, c'est tout naturellement qu'il rédige des chroniques.

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