La petite lumière

Après Cabot-Caboche (roman de Daniel Pennac) et Quelqu’un à qui parler (roman de Cyril Massarotti), Grégory Panaccione revient avec un nouveau roman graphique. Cette fois-ci, il s’agit de l’adaptation en bande dessinée du livre d’Antonio Moresco, La lucina, sorti en 2013.

Devenu une petite lumière, dans cette version en français éditée chez Delcourt, le dessinateur d’Un océan d’amour nous entraîne dans une quête qui pourrait bien vous faire réfléchir sur la vie. 

Une vie d’ermite

Les hirondelles survolent ce hameau abandonné où l’homme est venu se réfugier. Qui est-il ? Comment s’appelle-t-il ? Comment est-il arrivé là ? Pourquoi souhaitait-il disparaître ? Aucune de ces questions ne trouve réponses dans l’album. Nous n’en saurons pas plus en ce qui le concerne. Son passé lui appartient. Il n’est d’ailleurs pas important pour aborder ce récit.

La solitude est devenue la seule compagne de l’homme. Il vit là, dans la montagne, au rythme des journées qui allument et éteignent son quotidien. Le jour est un moment pour regarder et apprécier cette nature encore à l’état sauvage, qui change de couleurs au gré des saisons. La nuit devient un moment d’isolement encore plus fort, pour regarder le ciel et toutes les étoiles qui scintillent.

Une lueur au loin

Mais ce soir, une nouvelle lumière a fait son apparition. Elle ne brille pas dans le ciel mais luit de l’autre côté, sur le versant de la montagne d’en face. D’où peut-elle donc provenir ? Et pourquoi s’allume-t-elle maintenant ? L’homme ne serait-il donc pas le seul à vivre là, en plein milieu de la nature, entouré seulement d’animaux avec qui il aime converser ?

Nuit après nuit, la lumière est de plus en plus présente. Et plus elle s’anime, plus la tentation d’aller à sa rencontre croît chez l’homme. Il n’a plus d’autre idée en tête que celle d’aller au devant de cette présence. La rencontre d’une vie, une rencontre de vie, une rencontre à la vie, au moment où l’aube de la vie se profile.

La petite lumière : Une adaptation poétique

Avec cet album La petite lumière adapté du roman transalpin La Lucina, Grégory Panaccione nous fait entrer à pas de velours dans l’univers tout droit sorti de l’imagination d’Antonio Moresco.

Un monde où un homme a décidé de faire corps avec la nature et l’abandon.

Un monde où les dialogues se font rares et sont souvent remplacés par des pensées.

Mais un monde de silence, quand-même bercé par les cris des animaux, les craquements des vieilles maisons ou des feuilles qui bruissent, bercées par le vent.

Un monde si joliment dessiné au trait si fin et aquarellé avec tant de poésie pour le plus grand plaisir des yeux.

Un dessin sombre et lumineux

Cet album est une alternance de scènes nocturnes et de scènes diurnes. Et pourtant Grégory Panaccione a réussi a mettre de la lumière dans les nuits et des ombres dans les jours.  Rien n’est jamais complètement sombre. Rien n’est complètement en pleine lumière. Il y a toujours La petite lumière illumine le dessin, comme elle illumine la vie et mais surtout l’espoir de l’homme. Comme s’il avait enfin maintenant un but à atteindre. Mais pour cela, il va falloir qu’il aille à la rencontre de cette lumière et de sa signification.

L’auteur a de plus choisi de faire figurer certains passages en écriture manuscrite. Elle est utilisée, comme pour nous permettre de rentrer dans les pensées les plus profondes et secrètes de l’homme. Comme s’il acceptait enfin de partager, pour une fois, ce qu’il y a en lui.

Ce nouvel album, signé Grégory Panaccione est un univers secret où La petite lumière qui se profile peut donner envie d’aller à la rencontre d’une vie qu’on ne connaît pas. Ou tout du moins, pas encore.

Article posté le vendredi 09 juin 2023 par Claire Karius

La petite lumière de Grégory Panaccione chez Delcourt
  • La petite lumière
  • Auteur : Grégory Panaccione
  • Adapté de : Antonio Maresco
  • Editeur : Delcourt, collection Mirages
  • Prix : 27,95€
  • Sortie : 10 mai 2023

Résumé de l’éditeur :« Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant » . Le récit d’Antonio Moresco met en scène un homme vieillissant qui a décidé de s’extraire du monde. Mais chaque soir, une petite lumière perce sa solitude… Grégory Panaccione démontre une fois encore son étonnante capacité à exprimer graphiquement une écriture, la plus singulière soit-elle.

À propos de l'auteur de cet article

Claire Karius

Passionnée d'Histoire, j'affectionne tout particulièrement les albums qui abordent cette thématique. Mais pas seulement ! Je partage ma passion de la bande dessinée dans l'émission Bulles Zégomm sur Radio Tou'Caen et sur ma page Instagram @fillefan2bd.

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