Paper Girls – Intégrale 01

Brian K. Vaughan et Cliff Chiang plongent quatre jeunes livreuses de journaux dans une odyssée temporelle hors du commun. Le temps qui passe et qui repasse à outrance aura-t-il raison des amies et de l’humanité ? Réponse dans Paper Girls, paru chez Urban comics.

Paper Girls : bienvenu dans les années 80.

À 12 ans, Erin a déjà trouvé un petit boulot : elle est livreuse de journaux. Alors, tous les jours, avant même que le soleil ne se lève, elle chevauche son vélo et parcourt les quartiers de Stony Stream, dans l’Ohio. Mais le 1er Novembre 1988, le lendemain de la nuit d’Halloween, la jeune fille voit sa distribution perturbée par un groupe de garçons déguisés en personnages de films d’horreur. Bien décidé à empêcher la jeune livreuse de faire sa tournée, un ado affublé du déguisement de Freddy Krueger se dirige ver Erin, menaçant.

Paper Girls : Les Quat’z’amis.

C’est alors qu’un autre groupe de « paper girls » apparaît. En tête, une jeune fille rousse, nuque rasée, casque de walkman sur les oreilles. C’est Mac. Et sa seule présence suffit à faire déguerpir les garçons. Il faut dire que dans le milieu, Mac est une légende.

« La première livreuse de journaux du coin à ne pas être… un livreur. »

Avec Tiffany et KJ, elle se sont rencontrées un an auparavant. Et elles ne se sont plus quittées. Immédiatement, Erin intègre la bande. Puis, pour gagner du temps et éviter les mauvaises rencontres, elles se divisent en deux groupes.

Stranger Things.

Mais bien vite, les filles croisent un nouveau groupe aussi mystérieux qu’inquiétant. Emmaillotés de noir, leurs yeux vitreux donnent le frisson. En suivant leur piste, les amies pénètrent dans une maison abandonnée. Et dans la cave, elles découvrent une mystérieuse capsule qui semble venue de l’espace. NASA, Russie, E.T., Guerre des Mondes… Alors que les hypothèses fleurissent, un rayon aveuglant inonde le sous-sol. Lorsqu’il se dissipe, le monde tel que les jeunes amies le connaissaient est différent.

Une machine à voyager dans les temps.

À la lecture de Paper Girls, on est immédiatement touché par l’ambiance eighties qui en émane. Les coupes de cheveux, la mode vestimentaire ou encore les allusions aux séries, films, musiques et jeux vidéo de l’époque nous transportent immédiatement à l’âge d’or d’Amblin Entertainment. À ce titre, il convient de souligner le remarquable travail réalisé par Cliff Chiang (Wonder Woman). Son trait aussi épuré que précis parvient à toucher du doigt l’essence des années 80. Par ailleurs la fluidité de ses planches contribue au développement rythmé d’une intrigue qui atteint allègrement les 88 miles à l’heure. Ainsi, ce n’est pas un hasard si le talentueux artiste a obtenu l’Eisner Award du meilleur dessin en 2016. Et dans une harmonie parfaitement maîtrisée, Matt Wilson développe une palette de couleurs délicieusement flashy.

De la Pop Science-fiction.

À partir de là, les talentueux artistes vont nous emmener dans une aventure de science-fiction qui nous fera traverser les époques. Aux côtés des Paper Girls, on se laisse porter, tantôt le sourire aux lèvres, tantôt le cœur lourd. Car bien plus qu’une « simple » histoire traitant de paradoxes temporels, Paper Girls aborde des thèmes forts et profonds. Des espoirs vont se briser et l’insouciance va voler en éclats avec une nostalgie teintée de mélancolie. Et toujours en filigrane, ces années 80 que tous connaissent, même ceux qui ne les ont pas vécues.

Paper Girls : Les rediff’, c’est toujours mieux.

Initialement publiée chez Image Comics en 2016, l’œuvre de Brian K. Vaughan (The Private Eye, Saga) a vu le jour en France la même année, chez Urban Comics. À l’époque, la série avait été publiée en 6 tomes. Le premier était paru en octobre 2016 et le dernier en avril 2021. Et aujourd’hui, sans aucun doute grâce à l’adaptation télévisé diffusée sur Amazon Prime Video, la série bénéfice d’une seconde jeunesse dans une édition intéressante à plus d’un titre. En effet, outre le « format Urban » -c’est-à-dire augmenté (celui de Decorum)- le volume regroupe les trois premiers tomes de la précédente édition. Et c’est loin d’être un détail. Car les nouveaux lecteurs pourront cette fois-ci profiter d’un rythme de lecture accéléré, bien plus cohérent avec les circonvolutions scénaristiques qui vont de pair avec les œuvres traitant de boucles et autres paradoxes temporels. Saluons d’ailleurs le travail réalisé par Jérémy Manesse. Retranscrire de manière fluide l’inventivité de Brian K. Vaughan n’est pas chose aisée, pourtant, le traducteur réalise une prestation remarquable.

 

Brillante à plus d’un titre, la série Paper Girls bénéficie d’une nouvelle édition. Une belle occasion de découvrir ou de redécouvrir cette magnifique saga.

Article posté le mercredi 28 septembre 2022 par Victor Benelbaz

Paper Girls de Brian K.Vaughan et Cliff Chiang (Urban comics)
  • Paper girls, l’intégrale volume 1
  • Scénariste : Brian K. Vaughan
  • Dessinateur : Cliff Chiang
  • Coloriste : Matt Wilson
  • Traducteur : Jérémy Manesse
  • Editeur : Urban Comics
  • Collection : Urban Indies
  • Prix : 39 €
  • Sortie : 07 octobre 2022
  • ISBN: 9791026828143

Résumé de l’éditeur : Octobre 1988. Au lendemain de la nuit d’Halloween, la petite ville de Stony Stream, Ohio, s’éveille. C’est du moins le cas de Mac, KJ, Tiffany et Erin, quatre jeunes livreuses de journaux qui préparent déjà leur tournée. Aux menaces des bandes d’adolescents attardés et de la police locale un peu trop zélée vont se succéder des événements qui changeront à jamais la vie des quatre jeunes filles et, avec elle, l’histoire de l’humanité tout entière. Contenu vo : Tomes 1 à 3 (Paper Girls #1-15) – publication au format URBAN.

À propos de l'auteur de cet article

Victor Benelbaz

Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.

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