Edison Crane est l’homme le plus intelligent que le monde ait porté. Enfin, c’est ce qu’il croyait… Car il semble qu’un nouvel adversaire ait décidé de lui faire ombrage. Dans Prodigy : Le cercle Icare, Mark Millar, magnifiquement accompagné de Matteo Buffagni, poursuit les aventures du prodige.
Prodigy : Mens sana…
Edison Crane est un génie absolu. Il est capable, simultanément, d’écouter cent cinquante chaînes de télévision et d’en assimiler le contenu. Mais ce serait trop simple si, en même temps, il n’écoutait pas des dizaines d’assistants lui lire à haute voix les livres qui pourraient l’intéresser. En une poignée de main, il peut diagnostiquer une maladie rare chez une personne qu’il croise pour la première fois.
Prodigy : …in corpore sano.
À la course, seul un guépard peut le dépasser. Et Encore… à chaque tentative, il réduit l’écart. Pour pimenter sa vie, il se met aux enchères devant des célibataires milliardaires. Et bien entendu, il reverse les millions de profits à des œuvres de charité.
Grâce à ses aptitudes hors du commun, Edison Crane est devenu immensément riche et le monde entier l’adule.
Et pourtant…
Torturé par une relation père/fils qu’il n’est jamais parvenu à solutionner, le docteur Crane ne parvient pas à trouver la paix.
« Il me faut un mystère pour me stimuler, sans ça, je m’affale . »
Et cette fois-ci, le mystère tant attendu pourrait bien naître d’un violent coup de pied assené par la belle Prisha. Son employeur, l’infâme professeur Tong semble bien avoir un coup d’avance dans la partie mortelle qui vient de débuter. Et pour la première fois, Crane paraît pris au dépourvu.
Le retour du prodige.
Le cercle Icare est le second opus de la série Prodigy. C’est l’occasion pour Marc Millar (King of Spies) de poursuivre les aventures de son exceptionnel héros. Véritable mosaïque de tous les plus grands héros ayant jamais été inventés, Edison Crane a l’ingéniosité d’un Tony Stark, le charme d’un James Bond et l’intelligence d’un Sherlock Holmes. Et en l’occurrence, c’est bien du côté du héros créé par Arthur Conan Doyle qu’il faut se tourner ici. En effet, le légendaire détective privé a obtenu ses lettres de noblesses grâce à son esprit de déduction hors du commun. Mais c’est surtout dans son opposition à son alter ego démoniaque, le professeur Moriarty, qu’il a révélé l’étendue de son intellect. Dans le cas d’Edison Crane, cet adversaire se nomme Lucius Tong. Et il vient de se faire greffer les mains d’un chimpanzé !
Toujours plus.
On l’aura compris, pour Marc Millar, se lancer dans l’écriture des aventures d’Edison Crane est l’occasion de s’affranchir de toute limite. Et à ce jeu, le scénariste écossais n’a pas son pareil. Capable de tous les excès, il s’amuse avec les jouets de ses illustres collègues. Et lorsqu’il s’en est lassé, il les casse sans la moindre hésitation. Mais ne voyons aucun mépris dans cette démarche. En effet, on relèvera qu’il réserve exactement le même sort à ses propres créations. Lire Prodigy, c’est accepter d’embarquer dans une aventure palpitante où s’entremêleront les coups de théâtre ainsi que les références littéraires et mythologiques.
Le projet est démesuré, mais pour avoir une chance d’aboutir, il fallait qu’il bénéficie d’une partie graphique d’exception. Et de ce point de vue, il est incontestable que Marc Millar sait s’entourer de dessinateurs de talent.
Matteo Buffagni.
Dans le cas présent, il s’agit de Matteo Buffagni. Et il s’en sort haut la main. Pourtant, d’emblée, le défi s’annonçait de taille. En effet, il fallait prendre la suite de Rafael Albuquerque (Une étude en émeraude), qui avait réalisé les dessins du premier opus, et parvenir à retranscrire les nouvelles lubies du fantasque scénariste. Et cette fois-ci, le cahier des chargés est épais : des grottes de l’Équateur aux hauteurs de l’Himalaya, en passant par l’Atlantide et Shangri-La, le panorama proposé est vertigineux. Mais loin d’être impressionné, le talentueux dessinateur italien joue sa partition avec maîtrise, s’évertuant à coucher sur le papier le rythme imposé par l’intrigue. En tant que lecteur, on observe ce feu d’artifice endiablé comme on savoure un plaisir coupable.
Avec Le cercle d’Icare, second tome de la série Prodigy, parue chez Panini comics, Marc Millar prouve une fois de plus que la bande dessinée est avant tout un divertissement. Il s’affranchit de toutes les limites et s’autorise tous les excès pour une simple raison : il peut se le permettre. Et avouons-le, il le fait avec une telle audace qu’on ne peut rester indifférent face à ses œuvres.
- Prodigy – Le cercle Icare
- Auteur : Mark Millar
- Dessinateur : Matteo Buffagni
- Coloristes : Laura Martin et David Curiel
- Traductrice : Thomas Davier
- Editeur : Panini Comics
- Prix : 19 €
- Parution : 21 juin 2023
- ISBN : 9791039118927
Résumé de l’éditeur : Edison Crane est l’homme le plus intelligent de la planète et la huitième fortune du monde. Enfin, c’est ce qu’il croyait jusqu’à ce qu’il découvre l’existence de l’Icarus Society. C’est le début d’une course contre les esprits les plus brillants qui existent. En jeu ? La découverte d’une civilisation perdue, les secrets qu’elle renferme et le destin du monde entier ! Avec Matteo Buffagni (Daredevil, X-Men), le scénariste star Mark Millar (Old Man Logan, Jupiter’s Legacy) signe la suite de son Prodigy de 2019 (co-créé avec Rafael Albuquerque). Comme il est prévu avec toutes ses oeuvres créées depuis qu’il est chez Netflix, Prodigy devrait être adaptée par la plateforme.
À propos de l'auteur de cet article
Victor Benelbaz
Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.
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