Transperceneige

Classique de la BD de science-fiction créé dans les années 80, le Transperceneige revient avec un prequel dessiné par Jean-Marc Rochette avec Matz au scénario. La saga continue.

DES ALBUMS ET DES FILMS

On n’en a jamais fini avec le Transperceneige. Imaginée dans les années 1980 par le scénariste Jacques Lob, cette histoire entre récit d’anticipation, fantastique et fable philosophique n’a pas fini de nous surprendre. Après trois albums, un long-métrage du cinéaste coréen Bong Joon Ho en 2013 , »Snowpiercer », une série sur Netflix, le train fou n’est sans doute pas prêt de s’arrêter… Le revoilà en 2019 avec un prequel (les prémisses de l’histoire) proposé une nouvelle fois par son cocréateur Jean-Marc Rochette (Ailefroide, Le loup) aidé de Matz (Le tueur) au scénario.

APOCALYPSE NOW

Le premier tome de Transperceneige-Extinctions ( trois volets sont annoncés ) nous parle d’une humanité dont la fin semble toute proche, tant le désir de destruction et la soif de pouvoir la dominent. La phrase placée en exergue de cet album de 90 pages résume à elle seule la situation : « La terre est ravagée par un mal qui semble incurable : l’humanité ».

Dès lors, dans ce monde où la violence a pris le pas sur toute autre considération humaniste, c’est celui « qui tire le premier  » qui a raison… Il y a d’un côté des éco terroristes du mouvement Wrath (la colère) qui ont décidé d’accélérer le processus d’extinction de la planète, de l’autre un certain Monsieur Zheng, un milliardaire mystérieux qui a mis au point une machine autonome prête à embarquer ce qui reste d’humain sur cette terre. On trouve aussi Marcio, le chef des « Apocalypsters » qui allié avec les « wrathers  » pense que la terre est en train de crever et que son assassin, désormais identifié, est l’homme… Commence alors un combat sans merci et cette question : pourquoi donc sauver l’humanité puisqu’elle court à sa perte ?

UN RÉCIT TERRIFIANT

L’époque et le monde proposé dans Extinctions sont-ils si éloignés du nôtre ? Entre les chasseurs d’éléphants qui tuent sans vergogne pour quelques défenses – c’est la longue séquence d’exposition de l’album – et les hackers qui veulent dérégler les centrales nucléaires pour provoquer l’apocalypse, qu’y a-t-il d’invraisemblable ? nous disent les auteurs. La fin est proche, annoncent-ils . Seuls les moyens d’y parvenir divergent, semblent nous dire les auteurs dans un débat qu’ils se gardent bien de trancher encore.

On retrouve dans ce récit terrifiant tous les grands thèmes qui traversent l’œuvre de Rochette depuis des années : le nucléaire, l’écologie, les flux migratoires, la lutte des classes, le pouvoir… Les fidèles reconnaîtront sans difficultés le trait épais et charbonneux, entre plume et pinceau, les cases très encrées bien mises en valeurs par le coloriste espagnol José Villarubia .

Le tout donne à cette fable écologique une belle densité. On n’en a décidément pas encore fini avec Transperceneige !

Article posté le samedi 15 juin 2019 par Jean-Michel Gouin

Transperceneige extinctions 1 de Matz et Rcohette (Casterman)
  • Transperceneige, Extinctions Acte 1
  • Dessin : Jean-Marc Rochette
  • Scénario : Matz et Jean-Marc Rochette
  • Coloriste : José Villarubia
  • Parution : mai 2019
  • Prix : 18 €
  • ISBN : 9782203165816

Résumé de l’éditeur : Sur la terre exsangue, surpeuplée, un groupe d’écolo-terroristes radicalisés décide d’accélérer le processus d’extinction et de déclencher une apocalypse climatique. Un milliardaire visionnaire chinois (inspiré de la figure d’Elon Musk) décide de les contrer. Obsédé par le survivalisme, depuis des années, il s’est préparé au pire scénario catastrophe : il a inventé un moteur autonome qu’il a intégré à une arche de Noé 2.0, Le Transperceneige. Quand la folie des Apocalypsters triomphe, le train est prêt. Au cœur de l’hiver atomique, le compte à rebours de l’ère glaciaire débute et la mission de sauvetage ultime est lancée.

À propos de l'auteur de cet article

Jean-Michel Gouin

Passionné par l'écrit, notamment l'histoire, la littérature policière et la bande dessinée, Jean-Michel Gouin est journaliste à Poitiers.

En savoir