Watership Down

Un groupe de lapins fuient leur garenne menacée de destruction et tentent de trouver un nouvel endroit où s’installer. Ce résumé connu mondialement, c’est celui de Watership Down, le roman à succès de Richard Adams. James Sturm et Joe Sutphin adaptent en bande dessinée avec intelligence, ce texte fondateur pour des millions de lecteurs. Du haut niveau !

Watership Down de Richard Adams (éditions Monsieur Toussaint Louverture)

 

Watership Down pour les filles de Richard Adams

En 1972 alors qu’il rallie Stratford-upon-Avon avec ses filles, Richard Adams commence à leur raconter l’histoire de Watership Down. Un récit avec plein de lapins de garenne. Elles sont émerveillées et lui demandent la suite.

Richard Adams sent qu’il tient là une histoire jeunesse captivante. Il tente alors de la soumettre à des éditeurs. Treize lui refusent. Richard Jeffries accepte et publie, dans un premier temps, 2 500 exemplaires. C’est tout de suite un succès, au point de changer de maison d’édition (Penguin Books). Juste pour l’année 1972, ce ne sont pas moins d’un million qui s’écoulent !

Aujourd’hui encore, ce sont 500 000 exemplaires qui se vendent chaque année. Depuis 1972, on en dénombre 50 millions en circulation dans le monde. Watership Down a même été traduit en plus de 25 langues.

Jusqu’à présent, ce récit animalier d’aventure n’avait connu qu’une adaptation au théâtre, en série sur Netflix et en film en 1978, mais pas encore en bande dessinée. James Sturm (America, Hors-saison) scénarise donc cette version, accompagné au dessin par Joe Sutphin (The Wingfeather Saga).

Une sublime déclinaison portée par les éditions Monsieur Toussaint Louverture qui ont pris un très grand soin dans la fabrication de l’ouvrage.

Une aventure prenante de 368 pages qui débute dans la garenne de Sandlefort

Watership Down de James Sturm et joe Sutphin d'après le roman de Richard Adams (éditions Monsieur Toussaint Louverture)

Des lapins plein la garenne

Dans cette garenne (lieu herbeux et boisé) vivent des lapins sauvages. Fyveer, l’un d’entre eux, n’est pas bien. Il dit à son frère, Hazel, qu’il a eu une vision prémonitoire.

“C’est quelque chose de terrible, comme le tonnerre… ça s’approche. On ne peut pas l’empêcher.”

La garenne va être détruite pour la construction d’un lotissement par les hommes. Fyveer demande alors à être reçu par le Padi-Shâ. Mais le maître du clan n’a pas envie de l’écouter. Le jeune lapin lui conseille de faire partir tout le monde. En vain.

Watership Down de James Sturm et joe Sutphin d'après le roman de Richard Adams (éditions Monsieur Toussaint Louverture)

Fuir la hourda

Fyveer, Hazel, Rubus, Bigwig, Dandelion, Pipkyn, Akraan, Rahmnus et Silvère décident de quitter la garenne avant que les humains n’arrivent.

Mais débarque alors capitaine Holyn, le chef de la hourda chargée de la défense de la garenne. Avec d’autres lapins, ils empêchent le groupe de Fyveer de fuir. Sans résultat.

Hazel en devient le chef. Ensemble, les onze lapins tentent de rallier Watership Down

Watership Down de James Sturm et joe Sutphin d'après le roman de Richard Adams (éditions Monsieur Toussaint Louverture)

Watership Down : lapins en exil

Ce qui frappe lorsque l’on referme Watership Down, c’est la manière dont Richard Adams, et donc James Sturm, ont emporté avec facilité le lecteur. À aucun moment, il n’a vu défiler les 368 pages de la bande dessinée, happé par la force du récit. Une histoire prenante et haletante.

Cette formidable aventure animalière met en avant cette soif de liberté d’une poignée de lapins voulant fuir les êtres humains. Ces animaux sauvages n’aspirent qu’à vivre dans une nature sauvage et paisible. Cet exil forcé est construit comme une épopée aux multiples rebondissements.

Watership Down de James Sturm et joe Sutphin d'après le roman de Richard Adams (éditions Monsieur Toussaint Louverture)

Watership Down : une bande dessinée d’une grande richesse

Si les lapins de garenne se comportent en animaux sauvages, ils adoptent néanmoins une structuration sociale. Un chef, des lapins pour défendre le territoire ou encore des femelles hases pour la reproduction.

La tribu d’Hazel fonctionne ainsi comme une communauté, une structure où chacun a son rôle défini. Le clan de Sandleford était très hiérarchisé, avec un maître quasi tyran. Le clan de Watership Down se veut plus libre, plus égalitaire même si Hazel en est le chef. On découvre ainsi un vrai héros en sa personne même s’il n’est pas le plus fort de la bande (ici, Bigwig).

Watership Down de James Sturm et joe Sutphin d'après le roman de Richard Adams (éditions Monsieur Toussaint Louverture)

Watership Down : l’hymne de nos campagnes

Il suffira aux lecteurs de découvrir toutes les thématiques universelles et encore très contemporaines de Watership Down. On pourra néanmoins souligner la très jolie mise en lumière de la nature.

Watership Down est un récit centré sur les animaux et la nature. Même si des êtres humains en font partie, ils n’en sont pas les héros.

Pour construire son épopée, Richard Adams a puisé dans la nature qui l’entourait. Des lieux forestiers et de grandes étendues de verdure dans le Hampshire où il a grandi et vécu. Le romancier a beaucoup œuvré dans ce milieu. Il a notamment joué un rôle clé dans l’adoption d’une loi contre la pollution de l’air en 1968 et a même été président de la société royale de protection des animaux.

Watership Down de James Sturm et joe Sutphin d'après le roman de Richard Adams (éditions Monsieur Toussaint Louverture)

Le magnifique travail graphique

Si James Sturm a fait un excellent travail sur l’adaptation de Watership Down, que dire de la partie graphique ? Elle est merveilleuse ! Influencé par les ouvrages de Beatrix Potter (Pierre Lapin), Garth Williams (La toile de Charlotte) et d’Ernest Shepard (Winnie l’ourson), Joe Sutphin nous régale de ses magnifiques lapins. S’ils ne sont pas humanisés (ne portent pas de vêtements notamment), ils réagissent par la parole.

À l’encre et au crayon graphite, l’auteur dessine à merveille tous les animaux de ces lieux naturels (oiseaux, chat, souris, renards). Son style est élégant et d’une grande douceur. Les scènes plus violentes ne lui font pas peur grâce à ce trait d’une grande précision.

Si vous ne connaissez pas Watership Down. Précipitez-vous sur cette géniale déclinaison en bande dessinée. Et pour celles et ceux qui connaîtraient le roman, l’expérience graphique apportera une nouvelle vision de ce chef-d’œuvre littéraire britannique.

  • À noter qu’un glossaire « lapine » est fourni à l’achat de l’album. Richard Adams a, en effet, inventé un vocabulaire spécifique pour ce récit.
Article posté le lundi 28 avril 2025 par Damien Canteau

Watership Down de James Sturm et joe Sutphin d'après le roman de Richard Adams (éditions Monsieur Toussaint Louverture)
  • Watership Down
  • Scénariste : Joe Sutphin, d’après le roman de Richard Adams
  • Dessinateur : James Sturm
  • Éditeur USA : Ten Speed Press
  • Éditeur France : Monsieur Toussaint Louverture
  • Traduction : Pierre Clinquart et Hélène Charrier
  • Nombre de pages : 384
  • Prix : 32,50 €
  • Date de parution : 25 avril 2025
  • ISBN : 9782381961903

Résumé éditeur : C’est parfois dans les collines verdoyantes et idylliques que se terrent les plus terrifiantes menaces. C’est là aussi que va se dérouler cette vibrante épopée de courage, de loyauté et de survie. Menés par le valeureux Hazel, une poignée de braves choisissent de fuir l’inéluctable destruction de leur foyer. Prémonitions, ruses, légendes vont aider ces héros face à mille ennemis et les guider jusqu’à leur terre promise, Watership Down. Mais l’aventure s’arrêtera-t-elle là ? Aimé par des millions de lecteurs, l’envoûtant roman de Richard Adams fait partie de ces odyssées sombres néanmoins parcourues d’espoir et de poésie. Parfait équilibre d’aventure et de mythologie, ce bijou d’inventivité serti d’une maîtrise absolue du suspense est tout simplement le chef-d’oeuvre d’un immense d’écrivain.

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une trentaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée) et co-responsable du prix Jeunesse de cette structure. Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip. Damien modère des rencontres avec des autrices et auteurs BD et donne des cours dans le Master BD et participe au projet Prism-BD.

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